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L’affaire Courjault sort du frigo

Mal de mère / lundi 8 juin 2009 par Anne Steiger
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Accusée d’un triple infanticide, Véronique Courjault, 41 ans, comparaît ce mardi devant la cour d’assises de Tours. Seule accusée depuis que son mari a été blanchi par la justice, elle encourt la réclusion à perpétuité.

Des maquereaux salés. Son professeur de coréen lui avait vanté les mérites de cette spécialité culinaire et lui en avait fait livrer trois kilos. Ce dimanche 23 juillet au matin, Jean-Louis Courjault, père de famille installé depuis 2002 à Séoul avec sa femme et ses deux enfants, cherche à stocker ce volumineux paquet. En raison des odeurs, il veut caser les poissons dans un même tiroir du congélateur, déplace un sac et aperçoit « une petite main ». Affolé, il fouille alors l’ensemble des bacs et découvre les corps sans vie de deux nouveaux-nés. L’un est emballé dans une serviette entourée d’un sac au logo d’un magasin de fournitures de bureau ; l’autre dans une poche en plastique Toy Land, du nom d’une boutique de jouets. Le Français demande à un ami coréen d’appeler immédiatement les services de police locaux. C’est le début de l’affaire Courjault.

Bébé congelé - JPG - 45.2 ko
Bébé congelé
© PieR

Une « histoire exceptionnelle »

Trois ans après, le palais de justice de Tours se prépare au procès de Véronique Fièvre épouse Courjault. Sept journées d’audience où les jurés devront éplucher un volumineux dossier, écouter les familles, les témoins et les experts. Pour accueillir le public et l’ensemble de la presse française et coréenne, les débats seront intégralement retranscrits sur écran dans une salle voisine. Philippe Varin, le procureur de la République de Tours, qualifie lui-même cette affaire « d’histoire exceptionnelle ». Plus qu’un simple fait divers, l’enjeu du procès Courjault est effectivement de taille puisqu’il arrive au moment où le déni de grossesse s’impose dans le débat de société. Cette pathologie, où la femme n’a pas conscience d’être enceinte, existe depuis toujours, mais c’est avec l’affaire Courjault que la France la découvre. Depuis, un livre, un documentaire, un premier colloque scientifique à Toulouse en octobre 2008 et surtout la naissance de l’Association française pour la reconnaissance du déni de grossesse (AFRDG) ont contribué à médiatiser et à mieux comprendre ce trouble.

Le déni de grossesse s’est même invité pour la première fois au Sénat le 4 juin dernier : « Pour que la réponse à ces femmes malades ne soit plus la prison », Mme Odette Terrade, sénatrice du Val-de-Marne, demandait à la Garde des Sceaux la reconnaissance juridique du déni de grossesse qui concernerait une naissance sur 500 en France. C’est dans ce contexte que débute le procès Courjault.

De successives grossesses clandestines

Quand les petits corps sont découverts, Véronique nie avec aplomb devant la PJ de Tours, puis à nouveau lors d’une conférence de presse où son mari, ingénieur chez l’équipementier automobile américain Delphi à Blois (Loir-et-Cher), avance même l’idée d’un « complot industriel ». Le 10 octobre 2006, les résultats des analyses ADN réalisées par la police française confirment ceux de Séoul. Le couple est alors placé en garde à vue. Véronique Courjault craque et reconnaît être la mère des bébés, nés en septembre 2002 et décembre 2003 à Séoul. Elle avoue même un troisième infanticide au cours de l’été 1999 en Charente-Maritime. Cette mère de famille explique avoir étranglé ce premier nouveau-né et l’avoir incinéré dans l’insert de la cheminée – elle dit aussi ne pas avoir eu le courage ou la possibilité de se débarrasser des petits corps à Séoul.

Mais elle l’affirme : son mari n’a jamais rien su de ces trois grossesses successives. Elle aurait tout fait pour les lui cacher en portant des vêtements amples et en se refusant à lui quand son état pouvait devenir visible. Après plus de deux ans de bataille judiciaire, Jean-Louis Courjault bénéficie effectivement d’un non-lieu. Au cours de ces années, il est reconnu qu’il n’a absolument rien remarqué – tout comme l’ensemble de l’entourage de Véronique.

Parfaitement consciente et responsable

Ne pas voir les signaux pourtant évidents d’une grossesse : voilà précisément ce qui définit le déni. Pas de règle, pas de nausée et un ventre quasi-plat. La grossesse échappe à tout le monde, y compris à la principale intéressée qui, dans les cas extrêmes, ne se sait enceinte qu’au moment d’accoucher. Or, pour Véronique Courjault, tout porte à croire qu’il ne s’agit pas de dénis, mais bien de dissimulations conscientes. Les experts qui l’ont consultée préfèrent parler d’un « refus de maternité ». « Véronique Courjault a toujours été parfaitement consciente de son état de grossesse, sans aucun phénomène confusionnel ou délirant, ayant toujours gardé sa parfaite maîtrise d’elle-même », expliquent les docteurs Masso et Puel-Metivier, auteurs d’un premier rapport d’expertise. En clair, ils optent pour une dissimulation consciente, à la fois des grossesses, mais aussi des accouchements clandestins et des petits cadavres.

Pour Félix Navarro, médecin de santé publique à Toulouse et président de l’AFRDG, « seul le procès nous donnera une idée claire de ce qui s’est passé dans la vie de cette femme ». Tous les cas de mort d’enfant que ce spécialiste a pu voir jusqu’à présent étaient des cas de déni total où la femme ne se savait pas enceinte jusqu’à l’accouchement. Ces femmes disent qu’un « truc » est sorti d’elle, elles parlent d’une « chose » et se débarrassent de l’enfant comme elles se débarrasseraient d’un encombrant. Or il semblerait qu’il y ait eu chez Véronique Courjault la conscience d’être enceinte, au moins durant les derniers mois, et la préméditation de se débarrasser, non pas d’un enfant, mais de ce qu’elle considérait comme une « prolongation d’elle-même ».

Echo à l’affaire Courjault

« L’affaire n’est pas simple », confirme le Dr Navarro, pour qui l’on ne peut cependant écarter le déni de grossesse à 100 %. « Chaque cas est particulier, reprend-il. Dire “elle savait” ou “elle ne savait pas” est peut-être caricatural. Un déni peut évoluer avec le temps ; il peut y avoir des moments de lucidité où la femme prend momentanément conscience de son état avant un retour du refoulé ; le déni peut s’installer progressivement dans la vie d’une femme, avec une première grossesse normale, une seconde un peu plus discrète, puis une troisième où le déni est total ; il est aussi possible qu’il y ait eu déni, prise de conscience tardive, puis impossibilité totale d’assumer cet état… Les débats nous le diront, mais il faut garder à l’esprit que nous commençons tout juste à rassembler les éléments sur cette pathologie ».

Coup du sort, une autre femme comparaîtra cette semaine, les 11 et 12 juin, devant les assises de Saint-Brieuc pour « meurtre d’un mineur de 15 ans ». Le procès du « bébé congelé de Saint-Nicolas-du-Pélem » dans les Côtes-d’Armor promet de faire écho au dossier Courjault. C’était déjà la quatrième affaire de ce genre en France depuis qu’avait éclaté l’affaire Courjault. La dernière découverte macabre date d’il y a quelques semaines. Un bébé congelé découvert à la mi-mai par un adolescent de 15 ans dans le congélateur de sa mère. Le déni de grossesse n’a pas fini de s’inviter au cœur de l’actualité.

Le verdict du procès Courjault devrait être rendu le 17 juin.

À lire ou à relire sur Bakchich.info :

Dixième jour du procès d’assises de Douai où l’on juge David Da Costa, 37 ans, et son ex-concubine Isabelle Gosselin , 35 ans. Le premier pour avoir infligé pendant un mois et demi à Marc, 5 ans, des sévices et des coups si violents qu’il en est mort. (…)

Comparutions immédiates du 1er avril, TGI de Bobigny

Yanis, 6 ans, veut mourir. Il l’a répété plusieurs fois à l’école. Au début pourtant, l’enfant était « content d’avoir un nouveau papa ». Et puis très vite, il a changé d’avis. Sa maman Naïma, enceinte (…)


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7 MESSAGES

Forum

  • L’affaire Courjault sort du frigo
    le lundi 15 juin 2009 à 07:51
    Tout à fait d’accord avec Fanchette, et puis il y a ces dessins insupportables …Du respect SVP, ce n’est pas incompatible avec un humour intelligent…
    • L’affaire Courjault sort du frigo
      le vendredi 19 juin 2009 à 11:31

      Vous parler de respect ? Vous faites la leçon sur ce dessin, quand cette femme n’a pas respecter la vie de trois enfants dont un qu’elle a brûlé dans cheminée ?

      Vous ne manquez pas d’air !

      • L’affaire Courjault sort du frigo
        le lundi 22 juin 2009 à 19:54
        je ne fais pas la leçon , je donne mon avis !! et, en ce moment, je ne manque pas d’air, merci !!!
  • L’affaire Courjault sort du frigo
    le dimanche 14 juin 2009 à 13:56, Fanchette a dit :

    Bonjour, Je trouve très choquant votre façon de faire suivre l’article sur Véronique Courjault, de deux informations sur des enfants martyrisés. On ne peut pas comparer ces trois affaires, c’est malhonnête. Le corps médical explique ce qu’est le déni de grossesse et vous vous souffrez d’un déni de compréhension. C’est répréhensible de la part de media.

    Tous les deux jours une femme meurt sous les coups de son compagnon et encore plus d’enfants assassinés par leurs pères et vous n’en faites pas grand cas. Deux poids, deux mesures. Véronique Courjault a dû se sentir bien seule. Quant à votre titre, j’en ai honte pour vous …

    Fanchette

    • L’affaire Courjault sort du frigo
      le vendredi 19 juin 2009 à 11:29
      Il a été démontré qu’il ne s’agit pas d’un déni de grossesse, cessez d’intoxiquer les autres. Cette femme a assassiné froidement 3 enfants, point barre !
  • L’affaire Courjault sort du frigo
    le mardi 9 juin 2009 à 12:32
    Je pense aux enfants ils vont porter la honte de cette histoire durant toute leur vie.
    • L’affaire Courjault sort du frigo
      le dimanche 21 juin 2009 à 21:32, DEBORAH a dit :
      C EST MALHEUREUX COMME MEME VERONIQUE AURAIT DU DONNER SES BEBES OU LES DEPOSER DANS UN PANIER MAIS LES TUER QUE D… EN PRESERVE C EST UN CRIME Y A TELLEMENT DE GENS QUI EN VEULENT ET KI ATTENDENT CE JOUR DE SE RETOUVER AVEC UN BEBE DANS LES BRAS.
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