Bakchich répond aux attaques du correspondant du Monde et reporter de Corsica, Antoine Albertini, émises dans une "Contre-enquête", après l’agression lors d’une manifestation à Bastia de notre reporter.
Les fidèles lecteurs de Bakchich commencent à bien connaître Antoine Albertini, honorable correspondant du Monde en Corse, reporter du mensuel Corsica et néo-reporter du service public à France 3 Corse. Cet infatigable journaliste multicasquette, qui avait même souhaité travailler pour notre modeste publication, est piqué parfois par des véritables crises passionnelles qui le poussent à rédiger des mails qui en disent long sur le personnage.
C’est ainsi que le 22 septembre 2008, alors que Bakchich venait de publier un article dénonçant l’attitude de son patron, Joseph Guy Poletti, le directeur du mensuel Corsica qui n’avait pas hésité à me traiter de délateur, alors que je venais de publier une enquête mettant en cause trois hauts responsables de la collectivité territoriale, notre Antoine local n’a pas pu se retenir. L’homme a la plume compulsive, et voilà donc qu’il nous livre sa passionnante opinion : « Fort heureusement, de courageux journalistes continentaux osent braver la loi du silence… Grâces en soient rendues aux Cieux… Amnistia et Bakchich sont là, qui veillent au grain de la vraie presse. Celle qui révèle, qui enquête, qui dit tout haut ce que tout le monde (surtout en Corse : une population visqueuse de couardise) refuse même de penser ». Courageux, il signe dûment son commentaire : « Antoine Albertini - Journaliste corse, en Corse ».
Habitant moi-même Bastia, mais n’étant pas Corse, je n’ai pas dû trop me forcer les neurones pour saisir le sens du message : Je ne suis qu’un « étranger », tandis qu’Antoine revendique un journalisme… ethnique ! Je me suis même permis de l’écrire ! Mal m’en a pris ! Eh oui, car notre Antoine est aussi un Méditerranéen bien susceptible. Déjà qu’il devait mal supporter qu’un journaliste d’origine italienne puisse écrire (et habiter ?) sur son île natale, mais constater qu’en plus il se permet de souligner le caractère ethniciste de la gentille remarque qu’il nous avait adressée… Reconnaissons-le, là, c’est décidément un comble. Que dis-je, une insulte… et une insulte, il faut bien la laver !
Un joli mail atterrit donc sur mon ordinateur : « Salut mon pote, aurais-tu l’extrême obligeance de bien vouloir me donner ta signification - même imparfaite - du mot “journalisme ethnique” ? N’hésite surtout pas à me passer un coup de fil quand tu es en Corse, je suis intimement persuadé que nous avons beaucoup de choses à nous dire ».
Dans ce gentil courrier, où notre Antoine le Corse fait même l’impasse sur la courtoisie en me tutoyant, j’ai cru voir une certaine forme de menace. Je me suis aussi interrogé sur le sens de cette phrase, « quand tu es en Corse »… c’est bizarre, vu que j’y habite… Peut-être, que notre Antoine local avait puisé son inspiration de la plume du patron de Corsica. En effet, Joseph Guy Poletti, aussi, m’avait adressé une série de mails injurieux et bien menaçants, dont voici quelques extraits : « Je crois que vous êtes malade et que, si votre état de santé ne s’arrange pas, je vais me fâcher (…) Si tu passes par la Corse, surtout fais-moi signe, je ne manquerai pas de te mettre une claque ». Décidément, le style du magazine Corsica est plutôt viril… Remarquons aussi que, tout comme Antoine Albertini, Joseph Guy Poletti se fait un devoir de nier le fait que, en Corse, je n’y « passe » pas. J’y habite, tout simplement !
Courtois, j’ai néanmoins décidé de donner suite au souhait d’Antoine Albertini. Je l’ai appelé en lui proposant une rencontre. Hélas, à part me préciser qu’il est ceinture marron de karaté et qu’il pratique aussi la boxe, notre champion a refusé catégoriquement de me voir.
Le 4 avril dernier, je me suis fait agresser lors d’une manifestation à Bastia. Normalement, on devrait s’attendre à un peu de solidarité de la part des confrères. Mais voilà qu’Antoine le Corse y a vu une occasion pour exercer une vengeance personnelle… en s’empressant de faire une « contre-enquête », bien malveillante, qui banalisait ma « pseudo-agression ». « Vous m’avez emmerdé, je vous ai emmerdé », m’explique-t-il, candidement, dans un mail pour justifier la teneur de sa « contre-enquête ».
C’est ainsi que notre enquêteur local remplit trois pages du mensuel Corsica dans la seule intention de me décrédibiliser… de me nuire.
Pour arriver à ses fins, notre vengeur corse n’exclut aucun coup bas. Il refuse d’entendre ma version des faits, il refuse aussi de prendre contact avec Bakchich, qui lui avait également offert sa disponibilité. Antoine le Corse n’hésite même pas à mentir d’une façon éhontée à notre rédacteur en chef en prétendant : « Je vous confirme que je publierai non pas une “contre-enquête”, mais un papier… Quant à la rigueur déontologique, à la fois sur le fond et sur la forme, je ne pense pas avoir de leçons à recevoir ».
Au moins, les choses sont claires. Sauf que, notre Antoine a une étonnante capacité de s’arranger quelque peu avec la vérité… En effet son simple « papier » sort, sur le mensuel insulaire, pompeusement annoncé avec la mention « Contre-enquête ». Une « contre-enquête » uniquement à charge qui nie la parole purement et simplement aussi bien à Bakchich qu’à son reporter… En piétinant volontairement tout principe déontologique. Extraordinaire. D’autant plus que notre Antoine le Corse est aussi le correspondant du Monde, le journal communément appelé « de référence ».
Il faut reconnaître que son talentueux correspondant, ne se prend pas pour n’importe qui : lui, c’est un dur alors que « Porsia a été vaguement bousculé par un natio… J’ai été braqué dans une fourgonnette remplie de cagoulés il y a 8 ans, j’ai été victime d’un tir tendu de grenade lacrymogène en pleine tête en 2006, j’ai échappé à une tentative d’assassinat au mois de janvier 2008, je pense avoir le record de France des auditions policières en raison de papiers publiés, j’ai été menacé 10, 20, 30 fois… » nous précise-t-il. Parbleu, mais nous avons affaire à un vrai héros, qui a même échappé à une tentative d’assassinat.
À Bakchich, nous restons bouche bée. Le correspondant du Monde, reporter de Corsica et de France 3 Corse a été victime d’une tentative d’assassinat… sans que l’information n’ait jamais filtré nulle part, mais c’est un scoop ! Curieux, nous voulons en savoir plus : « De la part de qui ? Dans quelles circonstances ? Pourquoi n’avez-vous pas dénoncé cette “tentative d’assassinat” ni dans les colonnes du Monde, ni sur Corsica, ni sur FR 3 Corse », lui demandons-nous.
« J’accepte de vous la raconter dans ses moindres détails à la condition expresse que vous n’en fassiez pas un papier », voilà la réponse de notre vaillant confrère
- « Si vous ne souhaitez pas que cette histoire soit connue, pourquoi en parlez-vous ? », demandons-nous interloqués. « Contrairement à l’attitude que vous avez eue à notre égard, nous sommes bien évidemment disponibles à vous rencontrer et à vous écouter. Mais… ne nous demandez pas la censure comme préalable, nous sommes des journalistes », lui précisons-nous encore. Et voilà que, comme par miracle, Antoine le Corse décide, enfin, de nous rencontrer.
Pourtant, son histoire de « tentative d’assassinat » reste bien dans le vague. Il nous esquisse un tableau très abstrait ou il serait question « d’une équipe de nationalistes à la lisière du milieu »…
« Pourquoi n’avez-vous pas dénoncé ce fait ? »
« Le manque de publicité donné à cet événement a, je crois, sauvé ma vie »
« Mais en quoi a donc consisté cette tentative d’assassinat ? » nous permettons-nous encore de demander.
« Cette “tentative” étant allée assez loin repérages, équipe montée, etc., j’ai fait comme j’ai pu - et en toute discrétion – pour la désamorcer ». Nous n’en saurons pas plus, car notre Antoine est aussi un grand méfiant…
« Sincèrement, impossible de vous parler du truc en des termes autres que généraux. En plus, je vous vois venir de loin, très très loin : Antoine Albertini se dit victime d’une tentative d’assassinat mais personne n’en a la moindre trace et il n’en a jamais parlé… Curieux, non ?… » nous dit-il encore « Effectivement, c’est très curieux, », lui répondons-nous, « d’autant plus que, lors qu’il s’agissait de vous vanter auprès de notre rédaction, vous nous avez cité spontanément ce fait en vous en glorifiant quelque peu… ».
Nous essayons quand même de savoir. Nous interrogeons différentes sources dans bien des milieux insulaires. « Laissez tomber Albertini, c’est un vrai mytho », nous assurent des nationalistes normalement très au fait de ce qui se joue dans l’ombre du maquis. Un vrai mytho, ou bien un journaliste qui a eu la trouille de sa vie et a trouvé refuge dans l’omertà ?
Une chose est sûre, notre Antoine a de la fantaisie à revendre. « À un moment, j’étais sur une enquête très sensible et j’avais cru que vous travailliez pour une officine ayant pour mission de me déstabiliser », m’assène-t-il - « Ah bon, et pourquoi ? » - « Car vous m’aviez attaqué lorsque j’avais sorti mon livre sur l’affaire Colonna, vous m’aviez fait passer pour un journaliste douteux… ». Ensuite, il me cite des passages que j’aurais écrits sur Amnistia.net le concernant. N’ayant pas le souvenir de ces mystérieuses « attaques », je l’invite à me produire les passages incriminés. Et voilà que notre enquêteur s’embrouille quelque peu les pinceaux, en m’expliquant qu’il avait piqué une colère noire sur une remarque que lui avait faite le Journal de la Corse, titre dans lequel je n’ai jamais écrit une seule ligne…
« Et, pourtant, je m’étais persuadé que vous travailliez pour une officine, je m’en suis même ouvert à un ami à Paris, un journaliste très “branché condé”, celui-ci m’avait même offert la transcription de vos appels téléphoniques afin que je les exploite pour vous nuire. Mais là, j’ai refusé ». Je suis sidéré. D’autant plus qu’une source, parfaitement identifiée, m’avait raconté que le correspondant du Monde, Antoine Albertini, lui avait affirmé, avec aplomb, en décembre 2007 : « Porsia est un agent de la DST, s’il continue à me casser les bonbons je vais même l’écrire »… Lorsque je le questionne sur ce sujet, voici ce qu’il me répond : « J’ai entendu, comme nombre d’autres personnes, la rumeur au terme de laquelle vous seriez un “agent des services”, une “barbouze” ou encore un “infiltré”. M’en serais-je fait le relais ? Je crois pouvoir affirmer que non ». Je crois pouvoir affirmer… Reconnaissons que l’expression est d’une ambiguïté sublime. Une chose est sûre : Antoine Albertini ne dément pas d’avoir colporté cette rumeur, surréaliste, sur mon compte. Une rumeur surréaliste et bien dangereuse : me faire passer pour un agent secret, dans une île comme la Corse équivaut non seulement à discréditer mon travail, mais aussi à me placer une cible dans le dos. Tout ceci au nom d’un fantasme… délirant !
Et dire que dans sa « contre-enquête » publiée dans le magazine Corsica, c’est lui, le correspondant du Monde, qui m’accuse d’être toujours prompt à « dénoncer complots et malversations réels ou imaginaires… ».
Sacré Antoine le Corse, vivement les congés estivaux, vous en avez drôlement besoin !
A lire ou relire sur Bakchich.info
Antoine Albertini dont les articles sont cités dans le livre guerre des polices et affaires corses, a fais de bons papiers sur les mafieux corses.
je pense qu’il œuvre aussi à dénoncer les dérives, une rencontre pourrait dissiper les malentendus.
Trouver cette affaire inintéressante prouve à quel point nous sommes complices de pratiques qui s’attaquent au fondement des valeurs mêmes de la République.
A moins que certains considèrent que lorsqu’on est frappé il faut tendre l’autre joue ?
Continuez votre combat, Bakchich. Merci d’exister.