Ange Santini, le président du conseil exécutif corse, n’aime pas qu’on parle de ses terrains. Et n’hésite pas à le faire savoir aux journalistes qui veulent en parler.
La terre, la famille et le pouvoir, en Corse, sont sacrés. Dès lors, parler des terres des familles des trois plus hauts responsables politiques de l’île confine au sacrilège. Un blasphème qu’a réalisé Enrico Porsia, le 4 septembre dernier, sur son site amnistia.net. En révélant que le Plan d’Aménagement et de Développement Durable de la Corse (PADDUC) révisait un peu la carte des terrains inconstructibles, le journaliste a mis le pied sur un terrain mouvant. Voire carrément miné.
Par un hasard sans doute polyphonique, les terrains inconstructibles des « porteurs » de ce plan sont désormais propices à une exploitation plus immobilière. Une malheureuse concordance relevée et développée dans une enquête de l’excellent amnistia.net. Principaux hérauts de l’enquête Ange Santini, le président du Conseil exécutif, Jérôme Polverini, patron de l’office environnemental de l’île et Camille de Rocca Serra, président de l’assemblée de Corse. Que du beau monde !
Pour Ange Santini, la publication de l’enquête d’amnistia.net est un affront ! Le 25 septembre dernier, une tribune libre signée de sa main et occupant un demi-page de Corse Matin est très éloquente : « J’ai engagé la procédure de dépôt, à titre personnel, d’une plainte contre celles et ceux qui sont à la source de la diffamation et l’ont propagée. » Pourtant, quelque six mois après – soit bien après l’expiration du délai légal –, aucun huissier n’est venu apporter de papier bleu à amnistia.net… Mais qu’à cela ne tienne, Joseph Guy Poletti, patron du magazine Corsica, n’a pas hésité à monter au front pour défendre l’honneur… non pas de la presse indépendante, non, l’honneur du Conseil exécutif de l’île. Parbleu ! Le 15 septembre, ce pétulant patron de presse s’est exclamé sur les ondes de radio France Bleu Frequenza Mora : « J’ai quand même été choqué par ce que j’ai lu sur l’Internet et ces délations… » – Phrase en suspens – « Balancer des noms comme ça à la vindicte publique… »… Visiblement, le patron de Corsica n’apprécie guère les enquêtes d’amnistia.net…
Mais ce n’est pas tout, très agacé par les révélations d’amnistia.net, le clan UMP au pouvoir, a proposé une motion aux élus de l’Assemblée de l’île pour dénoncer le travail du journaliste Enrico Porsia. Surréaliste ? Une session entière de l’Assemblée de l’île a pourtant été dédiée au « cas Porsia ». Quelle charmante attention vis-à-vis de la presse !
Il faut bien admettre qu’amnistia.net et Enrico Porsia ne sont pas les seuls à recueillir les faveurs de Monsieur Ange Santini. Une équipe de journalistes qui a voulu enquêter à son tour sur ses terrains familiaux a été fort bien accueillie par le président de l’Exécutif de la Corse. Des journalistes menacés ? Le terme est à peine nuancé par Cyril Ceccaldi, le conseiller d’Ange Santini, contacté par Enrico Porsia pour Bakchich TV [1]. Jugez vous-mêmes :
En fin d’après-midi, Enrico Porsia rappelle M. Ceccaldi :
Lire ou relire sur Bakchich.info :
[1] Cet entretien téléphonique a eu lieu mardi 17 mars au siège de Bakchich, en présence de la rédaction.
Salute Bakchich
je dirige un site Corse qui traite de l’information, un site participatif, je vous fais part de notre article concernant le PADDUC auquel j’ai lié en annexe votre site pour le complément d’informations.
http://griuli.com/modules/news/article.php ?storyid=204
amicalement Griuli.com
Je n’ai pas voté pour Monsieur Santini aux dernières élections régionales.
Que celles et ceux qui l’on porté à ce poste fassent un peu le bilan de son action, y compris sur ce sujet là…
Et ne comptons pas sur la presse insulaire pour nous aider !