Des militants pacifistes organisent une marche mondiale vers la bande de Gaza. Première étape : l’Egypte de Moubarak. Pression diplomatique en perspective.
Un an après le déclenchement de l’offensive « Plomb durci », l’opération militaire conduite par Israël contre Gaza (1500 morts), c’est une troupe de toute autre nature, composée de militants pacifistes, qui entend envahir la petite bande de terre surpeuplée.
L’idée de ce blitz, de cette guerre de la paix, est née aux Etats-Unis il y a six mois. « Code Pink », c’est le nom de cette offensive de la tendresse, lancée essentiellement par des femmes américaines. L’origine de ce groupe politique remonte à Bikini, aux expériences atomiques. Comme le bikini est imaginé rose, voilà pour la teinte de prédilection de ces activistes coloriquement incorrectes. Après le Canada, l’Australie et le Japon sont montés en marche dans cette caravane vers Gaza.
Et la France, elle n’aime pas la paix ? Si, et, à un mois du départ, 300 compatriotes de Bernard Kouchner se sont inscrits pour cette invasion pas comme les autres. Pour une fois, plutôt que de se faire la gueule, quand le Comité pour une Paix Juste au Proche Orient a atteint le score de 250 partants pour la terre promise, toutes les organisations qui prêchent la paix, s’y sont collées.
Première étape, l’Egypte puisqu’il n’est pas question qu’Israël laisse passer ces drôles de paroissiens. Les fantassins à la branche d’olivier vont donc frapper, le 28 décembre, à la porte de Rafah, poste frontière entre le pays des pharaons et Gaza. Enigme ? Les Egyptiens vont-ils laisser passer ce petit millier de fous de la paix, avec au milieu un imam, un évêque et un représentant de la religion juive, un presque rabbin ?
Epine dans le pied pour un Moubarak qui aime peu les échardes. S’il bloque cette troupe étrangère il déclenche un bazar international à une époque où les médias ont peu de chose à se mettre sous leur dent molle. Pis, les citoyens d’Egypte, ceux qui partagent la lutte des Palestiniens, risquent de s’agiter bien trop, en dépit du couvercle, de plomb lui aussi, tenu sur la marmite par le maître du Caire. Et, s’il laisse filer, comment va réagir le grand ami israélien ? Ah, la diplomatie ? On comprend ici qu’il faut être neutre et subtil comme Kouchner pour en faire efficacement.
Les nouveaux envahisseurs de Gaza viendront armés. Dans leurs poches des choses dangereuses comme du fil pour le tissage puisque, depuis près de trois années de blocus, les Israéliens ne laissent plus entrer cette matière première qui fait pourtant peu de bombes mais de jolies robes et des tapis.
Dans les poches aussi, des médicaments, des vivres et quelques sous. Si les pacifistes passent, ils iront vivre dans des familles en attendant la grande marche de la paix, celle des Palestiniens et du reste du monde qui est prévue à Gaza City le 31 décembre.
Alors, l’année prochaine à Gaza, une opération de givrés qui gâchent de l’équivalent carbone ? Le vieux Gandhi n’a-t-il pas appris au monde qu’on peut faire la révolution en restant assis sur son derrière ? L’utopie a un avenir qui dure longtemps.