Gelé en 1986, après Tchernobyl, le programme nucléaire égyptien ressort du placard. Avec la bénédiction de Washington.
Les États-Unis sont aux petits soins avec l’allié égyptien dont le raïs Moubarak a annoncé qu’il réactivait le programme nucléaire civil de son pays. Si ce n’est pas une surprise, cette annonce intervient dans un contexte pour le moins tendu entre l’administration Bush et l’Iran… Pourtant, Washington a souligné le droit de l’Égypte d’accéder au nucléaire civil et a même poussé l’« ami » saoudien à lui donner un coup de pouce.
Bien qu’en concurrence avec le Caire, Ryad devrait financer en partie la construction d’une centrale de 100 megwatts à Dabaa, sur la côte méditerranéenne, dont le coût est estimé à 1,5 milliard de dollars. Les Égyptiens envisagent en outre la construction de plusieurs autres centrales d’ici à 2020. Histoire de mieux positionner son pays comme le centre de gravité du monde arabe, Hosni Moubarak est à la manœuvre pour montrer qu’il est aussi le mieux placé pour porter les revendications collectives des Arabes face aux occidentaux et à Israël.
Dans cette optique, l’Egypte, qui a signé le TNP (traité de non prolifération nucléaire) et clame que ses centrales seront ouvertes à l’AIEA critique régulièrement Israël qui n’a jamais reconnu détenir l’arme nucléaire mais qui, selon les experts, possèderait 200 ogives. Adoubement américain, financements saoudiens, porte-parole de ses « frères » arabes… À près de 80 ans, le raïs égyptien instrumentalise le dossier du nucléaire dans la région pour marquer des points à l’international mais aussi signifier qu’il ne passe pas la main.