Des militants pacifistes convergent vers Rafah pour passer le premier jour de 2010 aux côtés des Palestiniens.
Ils partirent 300 mais par un prompt renfort ils arrivèrent 400 devant l’ambassade de France au Caire.
Et voilà, à l’heure de la mise en ligne que le flux augmente et la foule avec lui. Si ça continue ainsi, bientôt un millier d’étrangers vont battre le pavé, taper dans des gamelles et rouler du sifflet à l’ombre du drapeau de leur ambassade…
Mais qu’ont-t-ils donc ces touristes du nouvel an à faire tant de tapage ? En fait ils se sont rendus en Egypte pour filer à Rafah, le poste frontière qui sépare l’empire pharaon de Gaza. Leur rêve, un an après l’opération « Plomb durci » (1500 morts), est de passer le premier jour de 2010 aux côtés des Palestiniens enfermés dans un blocus imposé par Israël et, peu s’en faut, par l’Egypte.
Avant de débarquer au Caire, ces militants de la paix avaient pris la précaution de prépayer les bus devant les convoyer vers Gaza… Ignorant trop qu’ici c’est le raïs Moubarak qui règne et que ce général, affectueusement surnommé « La vache qui rit » ne veut pas laisser passer ces pèlerins pas trop catholiques. Les compagnies de bus ont donc reçu l’ordre de ne pas honorer leur contrat. Et les voyageurs ont le cul par terre, devant l’ambassade de France puisque la délégation française est la plus nombreuse. Les flics, bien sûr, entourent la petite troupe étrangère, prêts à jouer du bâton.
Sur place, personne ne doute que Kouchner, qui vient encore de se proclamer « ami des palestiniens », va arranger tout ça. Le french doctor est tellement rompu aux situations d’urgence. L’idée de ce blitz pour la paix, est née aux Etats-Unis il y a huit mois.
« Code Pink », c’est le nom de cette offensive de la tendresse, lancée essentiellement par des femmes américaines. L’origine de ce groupe politique remonte à Bikini, aux expériences atomiques. Comme le bikini est imaginé rose, voilà pour la teinte de prédilection de ces activistes couleur bonbon. Après le Canada, l’Australie et le Japon sont montés en marche dans cette caravane vers Gaza.
Et la France, elle n’aime pas la paix ? Pour une fois, plutôt que de se faire la gueule, quand le Comité pour une Paix Juste au Proche Orient (CAPJPO) a atteint le score de 250 partants pour la Terre promise, toutes les organisations qui prêchent la paix, s’y sont collées. Avec au milieu un imam, un évêque et un représentant de la religion juive, un quasi rabbin.
Epine dans le pied pour notre Moubarak qui aime peu les échardes. S’il bloque cette troupe étrangère il déclenche un bazar international. Pis, les citoyens d’Egypte, ceux qui partagent la lutte des Palestiniens, risquent de s’agiter bien trop. Ah, comment dit-on « normand » en arabe ?
Il faut signaler, en cette trouble époque, que les nouveaux envahisseurs de Gaza sont armés. Dans leurs poches des choses dangereuses comme du fil à tisser puisque, depuis près de trois années de blocus, les israéliens ne laissent plus entrer cette matière première qui fait pourtant peu de bombes mais de jolies robes et des tapis. Dans les poches aussi, des médicaments, des vivres et quelques sous. Si les pacifistes parviennent à passer, ce qui est mal parti, ils iront vivre dans des familles de Gaza en attendant la grande marche de la paix, celle des Palestiniens et du reste du monde qui est prévue dans la bande le 31 décembre…
Pour l’instant, il semble que la conjuration du désespoir fonctionne et que même la paix soit une chose trop sérieuse pour la laisser entre les mains des pacifistes