Bayrou, celui-là même qui prône la fin de la françafrique, a annulé son déplacement au Bénin… mais en France a rencontré Wade et Bongo.
La première semaine d’avril aurait du être celle du sacre africain pour François Bayrou. Tout juste rentré des Antilles, le candidat du « ni droite ni gauche » a eu des velléités de départ vers le Bénin. Une tournée de trois jours avec rencontre du président Yayi Boni a même été programmée. Las, Cotonou aussi a ses contingences électorales. Le week-end dernier s’est tenu, dans une grande confusion, le premier scrutin législatif post-Kérékou. Programmé mi-mars pour finalement être décalé à fin mars –et encore la commission électorale a souhaité, en vain le repousser d’encore une semaine- le vote s’est finalement tenu le week-end du 1er avril. Cette semaine a été celle du comptage des voix, un exercice toujours risqué… et au cours duquel Bayrou n’a pas voulu interférer. Plates excuses, coup de fil amical à Yayi et on est resté bon camarade. D’ailleurs la coalition du président béninois, aux derniers nouvelles, est en tête des résultats provisoires.
Heureusement, le si charismatique François n’a pas attendu sa vrai-fausse escapade béninoise pour s’intéresser à l’Afrique. Son mois de mars a même été très « continent noir ». c’est que le bonhomme, sitôt enfilé le costume de président de la République, compte bien en finir avec la Françafrique-et-ses-réseaux-qui-exploitent-la-pauvreté, ainsi qu’avec tous-les-satrapes-que-la-France-a-trop-longtemps-soutenus. Bref, une vraie vision présidentielle qui, hasard des mots, est à peu pèrs la même que chez Nicolas Sarkozy et Dame Royal. Manque de bol, K-Bayrou s’est trompé de porte en visitant les présidents africains en visite à Paris. Premier petit impair, le patron de l’UDF a été reçu courant mars, par le Président Wade, à la résidence de l’ambassadeur du Sénégal, rue Vineuse, dans le XVIe arrondissement parisien comme l’a révélé la Lettre du Continent (5/04/07).
Assez content de lui, le petit François a repris son tracteur pour aller taper à la porte d’un coquet hôtel particulier, toujours dans le XVIe arrondissement, rue Dosne. Et y a été accueilli par le propriétaire des lieux, son excellence El Hadj Omar Bongo Ondimba, président toujours réélu depuis quarante ans au Gabon. Bref un démocrate en puissance, tout à fait étranger aux réseaux Pasqua, Chirac, Elf et ou quoique ce soit de Françafricain. Pas sûr que l’ami centriste ait été bien rencardé sur ce coup là. D’autant que s’il voulait passer inaperçu, c’est raté. L’entretien a été filmé par la télé gabonaise et passe en boucle sur internet. Du côté de son staff, mutisme complet. Sollicitée Marielle de Sarnez, sa directrice de campagne, a promis de rappeler.