Où le président de l’Assemblée nationale et député de Haute-Savoie tente d’intimider le réalisateur du documentaire "Walter, retour en résistance". A suivre dans Bakchich Hebdo 4.
"Walter : retour en résistance" est un documentaire qui sort en salles le 4 novembre prochain. C’est dans la douleur que le film arrive sur les écrans puisque les plus hauts dignitaires de l’UMP, comme Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, ont exercé pression et menaces pour que le réalisateur Gilles Perret renonce à son enquête.
Le long métrage de Perret part d’un constat : Nicolas Sarkozy est, petit à petit, en train de vider de sa substance tout le contenu de l’œuvre du Conseil National de la Résistance. En 1945, juste au lendemain de la guerre, toutes les forces de la France Libre se sont réunies pour définir, entre autres, la future politique sociale de la France. C’est de là, de cet accord essentiellement entre gaullistes et communistes, qu’est née notre "exception sociale". Et c’est très bien ainsi. Sauf, donc pour Sarkozy et le Medef.
Pour étayer sa thèse, Perret interroge Walter, un ancien maquisard de Haute-Savoie, mais aussi des élus de notre temps comme Accoyer et autres amis du Président. Le réalisateur y va carrément dans ses questions : "pourquoi cet abandon des acquis du CNR ?"
Interrogation qui n’est pas du goût du président de l’Assemblée Nationale qui est aussi député de Haute-Savoie, la région de Walter. Accoyer se fâche tout rouge et menace. Bientôt il va écrire à Perret pour confirmer la pression : contre vous, "je vais employer tous les moyens". Avec un type comme Accoyer à la tête de notre représentation nationale, la démocratie est entre de bonnes mains.
Dans ce même film, Perret nous montre une séquence sur le comportement de Sarkozy au mémorial des Glières qui est un monument d’indécence digne de Berlusconi.
Allocution de Stéphane Hessel, ancien résistant, déporté, évadé, ambassadeur de France et co-rédacteur de la Déclaration universel des droits de l’Homme :
« Je crois que le motif de base de la Résistance c’est l’indignation »
Rassemblement au Plateau des Glières, 4 mai 2008
Ecoutez, pour moi c’est un énorme plaisir ! Arrivé à 91 ans, c’est un petit peu la fin… on n’en a plus pour longtemps c’est sûr… et d’arriver encore, ici, sur ce plateau historique, il me semblait qu’il était bon de rappeler que 60 ans plus tôt, des Français appartenant à toutes les catégories de la Résistance avaient trouvé nécessaire de donner à la France un programme. C’est là-dessus que la Résistance s’était fondée et c’est là-dessus que nous en avons plus que jamais besoin aujourd’hui. Il nous appartient tous ensemble de veiller à ce que cette société reste une société dont nous puissions être fiers. C’est-à-dire, pas une société où on expulse les sans papiers, pas une société où on diminue la sécurité sociale, pas une société où la presse et les médias sont largement entre les mains des possédants. Des actes que nous n’aurions jamais admis un seul instant si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance. (…) Et au fond, je crois que le motif de base de la Résistance c’est l’indignation. Et je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux ! Quand quelque chose nous indigne, comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant fort et engagé et le courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun d’entre nous, d’entre vous et ce courant va vers plus de justice, beaucoup de liberté… mais pas la liberté incontrôlé du renard dans le poulailler… et beaucoup d’égalité. Ces droits là, ils sont universels et si vous rencontrez quelqu’un qui n’en bénéficie pas, aidez-le à les conquérir ! Merci !
Devant la caméra de Gilles Perret : Ne pensez pas que la France était résistante, la Résistance était une petite fraction de la France. La France était vichyste dans sa grande majorité. Si aujourd’hui beaucoup de gens baissent les bras, faut pas s’en étonner (ça a toujours existé). Il suffit qu’il y ait une minorité active, solide, des jeunes qui en veulent et qui considèrent que l’engagement ça signifie quelque chose, qu’ils ont une responsabilité. Et bien, ils n’ont pas besoin d’être majoritaire, il suffit qu’ils soient le levain qui fait monter la pâte. A ce moment, on aura une France résistante.
Verbatim de l’extrait du documentaire "Walter : retour en résistance" réalisé par Gilles Perret (La Vaka Production) :
Gilles Perret : Le Conseil National de la Résistance avait mis un programme social qui garantissait l’accès à la santé pour tous ou bien le système des retraites… Un socle qui faisait en sorte de diminuer les inégalités entre les gens et finalement c’est un peu ce socle-là qui est attaqué, y compris par votre gouvernement en ce moment. Est-ce qu’il n’y a pas une contradiction entre, par exemple, la venue de Nicolas Sarkozy et votre présence ici, la mise en place de votre politique et de venir un petit peu glorifier l’histoire de la résistance, vous voyez ce que je veux dire ?
Bernard Accoyer : Non, je ne comprends pas ce que vous dites parce que je vous mets au défi, en l’instant, de citer un pays qui ait la même protection sociale que la nôtre aujourd’hui… je vous demande de m’en citer un.
GP : Non certainement mais est-ce que ce n’est pas un modèle qui faudrait essayer de préserver ?
BA : Mais qui le préserve ? C’est nous. Qui a opéré la réforme des retraites et qui s’apprête à préparer les retraites au choc démographique ? Ce sont les gouvernements que j’ai soutenus (…) et donc si vous voulez, je dois vous dire et avec autant de passion que j’aime mon pays et que je respecte ceux qui l’ont fait et qui l’ont préservé des pires maux, je dois vous dire qu’il ne faut pas avoir un discours politicien sur ces questions. Vous avez raison de dire que la France derrière de Gaulle s’était rassemblée pour mettre en place une protection sociale qui soit fondée sur l’égalité et la justice. Notre combat et mon combat politique c’est justement de préserver cela. Merci [Bernard Accoyer s’en va]
GP : Juste une dernière question, non ?
Cinq minutes plus tard…
Bernard Accoyer : Vous vous appelez ?
Gilles Perret : Perret Gilles
BA : P.E.R.R.E.T ? Vous avez une adresse ? D’habitude, je ne donne jamais d’interview sans faire appel à mes collaborateurs. Vous savez j’ai quand même l’habitude. Je suis professionnel, je fais ça toute la semaine
GP : Ben oui, bien sûr…
BA : C’est la première fois que je vois ça, promis ! Un tel amalgame, j’ai jamais vu. Jamais vu ! Et pourtant, je peux vous dire que j’en vois… de L’Humanité à tout… Quelle partie vous allez utiliser ?
GP : Ce qu’on a fait.
BA : C’est-à-dire la partie sociale ?
GP : Les deux, la résistance et la partie sociale.
BA : Ne mélangez pas les deux ! Je ne suis pas d’accord là. Si vous faites ça, ça se passera mal. Que les choses soient claires, hein. Je vous le dis, hein ! Si vous faites l’amalgame entre la résistance, des combats qui ont rassemblé tous les Français et un débat politicien contemporain… Ça ne se passera pas bien ! Vous avez compris, hein ! Je ne laisserai rien passer.
GP : Je ne vois pas où est l’amalgame. Pour moi tout est lié.
BA : Je vais vous écrire. Je vous précise que si je vois mélanger les deux… J’emploierai tous les moyens que la loi me conduira à utiliser.
Que Bernard Accoyer, Président de l’Assemblée Nationale et accessoirement le 4ème Personnage de l’état soit une grosse baderne Réactionnaire(du 5 Étoiles à l’Alambic) on s’en doutait mais là c’est Avéré !
A la Vue des Propos et des agissements de Mr Accoyer les qualifications de Réactionnaire Mafieux et de Sale C… me paraitraient assez adéquates, presque techniques, et au total d’une Grande Modération et je me demande même si ne gît pas quelque part dans les profondeurs d’un code oublié quelque chose comme une incrimination pour mise en danger de la Démocratie qu’on pourrait opportunément Exhumer.
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