Il y a les droits et les devoirs. Qui peuvent aller des simples cahiers de vacances à un licenciement, si l’on outrepasse son devoir de réserve.
« Le Taser ? Je m’en sers en vacances dans la Creuse, quand on tue le cochon ! » aurait déclaré un cadre important de la hiérarchie policière. En privé, bien sûr, devoir de réserve oblige. Ce qui prouve, d’une part, que le corps des fonctionnaires de sécurité, alimenté par l’exode rural, a gardé ses racines ; et, d’autre part, que le Taser, comme la SPA, n’est pas fait pour les chiens. Si la chose venait à se savoir, où irait la France !
Chacun fait son devoir. Très tôt, il y a les devoirs du soir, que les gnards bâclent pour vite activer la Wii, les devoirs de vacances, qui emmerdent surtout les bons élèves, et même les devoirs de mémoire, où l’on copie sur les voisins. Ensuite, il y a le devoir conjugal, qui conduit droit au divorce quand on a copié sur la voisine. Et le devoir de citoyen, pour élire Miss France. Et finalement, on te rend les derniers devoirs parce que ça fait un aprèsmidi de congé.
Heureusement, pour égayer le parcours, il y a en réserve le devoir de réserve, qui consiste, pour les agents de l’État, à « exprimer leurs opinions avec discrétion », selon mon pote le Petit Robert. Vous leur demandez s’il va pleuvoir ? Ils doivent répondre, à mi-voix : « Faut voir. » À l’extrême rigueur, ils peuvent murmurer : « Peut-être. » Et pour le Taser, la réponse type, c’est « des fois, oui », quelle que soit la question. Gaffe ! Un huissier de Matignon s’est fait virer pour avoir clamé, chez Morandini, qu’il n’aimait pas les rillettes !
En fait, le devoir de réserve, comme le plombier, c’est pour colmater les fuites. Pour éviter que des sournois des ministères laissent filtrer sur Internet : « Le boss, c’est un agité mégalo qui finira dans le mur ! » et qu’on se risque à les croire, vu leurs responsabilités éclairées. Pensez au second du Titanic : il avait vu l’iceberg, mais il n’a rien dit pour ne pas fâcher le pacha. C’est ça, le devoir de réserve. Dans la marine, en tout cas. Heureusement qu’on a les pieds sur terre…