Le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer en a ras-le-perchoir des députés qui bloguent et twittent en direct de l’enceinte du Parlement. Mais peine à se faire respecter…
Bernard Accoyer n’aime ni les blagues ni les blogueurs et encore moins les usagers de Twitter. Qu’ils l’agacent, ces impétrants qui pianotent en direct depuis l’Assemblée nationale, pour en dévoiler les coulisses ! Le 19 octobre, le président de l’Hémicycle a mis le paquet pour exclure certains collaborateurs des députés d’une réunion de délégations de groupes.
L’oukase visait en premier chef Olivier Faure, secrétaire général des socialistes et blogueur à ses heures perdues. Plusieurs de ses posts de la rentrée ont irrité le patron du perchoir. Notamment celui qui racontait les coups de fil, du soir et mielleux, du président de l’Assemblée au patron des députés socialistes Jean-Marc Ayrault. Pas question pour Accoyer d’être à nouveau ridiculisé.
Pour empêcher la présence du trublion, un message a été envoyé aux groupes par l’intermédiaire du secrétaire général de l’Assemblée. Une demi-heure plus tard, le grand chef du Palais-Bourbon descend dans le bureau d’Ayrault. Puis lui fait porter une lettre par un huissier à chaîne. Damned ! Olivier Faure accompagne son boss à la réunion. Un Accoyer tout colère demande une suspension de séance.
Olivier Faure, militant de la transparence, ne monopolise pas l’agacement des parlementaires anti-nouvelles technologies, celui d’Accoyer en tête. Le député UMP Yannick Favennec, autre adepte de Twitter, s’est également fait tacler pour avoir bousculé les vieux codes de l’institution. Au lendemain des régionales, l’élu de la deuxième circonscription de la Mayenne a communiqué, sur la Toile, la réunion à huis clos entre les membres de la majorité. « Ce jour-là, les députés criaient “Fillon Président”, je l’ai rapporté », explique le petit indiscret, qui revendique 2 500 followers, ces personnes qui suivent ce qu’il publie via Twitter.
Le 1er juillet, Favennec récidive et restitue les propos échangés entre Nicolas Sarkozy et des parlementaires, lors d’un déjeuner à l’Élysée. « Le Président a annoncé un remaniement en octobre », tweete-t-il. Le Web s’affole et le député, plutôt inconnu, devient l’ami des médias. Le coup de cet adepte de la modernité ne plaît guère à ses potes de la majorité, qui s’estiment trahis.
En guise de sanction, quelques-uns appellent au retrait de ses indemnités parlementaires. « C’est hypocrite, se défend-il. Ceux qui critiquent sont les premiers à attendre la fin de la réunion pour donner les informations aux journalistes par téléphone ou par SMS. Avec moi, c’est immédiat et pas anonyme. »
Et diablement efficace. Au moment de la réforme sur les retraites, plusieurs députés utilisent même Twitter comme une arme de guerre. À la fin juillet, la commission des Affaires sociales se réunit à huis clos. La presse attend dans le couloir.
Pour protester contre ce black-out des journalistes, des députés socialistes mais aussi d’autres de la majorité, comme Lionel Tardy, tweetent entre deux pauses, créant un buzz qui irrite pas mal d’élus. Le socialiste Gaëtan Gorce, qui a tapoté sur son téléphone tous les quarts d’heure, dénonce lui aussi cette culture du secret : « Certains veulent maintenir la confidentialité du huis clos pour échapper à la pression des médias. Résultat, les collaborateurs font le va-et-vient entre les salles de réunion et les couloirs pour montrer à leur chef le contenu des tweets que nous balançons dans leur dos. C’est ridicule. Il faut vivre avec son temps. »
Devant tous ces « débordements », Bernard Accoyer, l’élu de Haute-Savoie qui ne ménage pas la sienne, gueule et envisage l’interdiction de Twitter dans l’enceinte du Parlement. On attend la note écrite.
A lire sur Bakchich.info :
Le président de l’Assemblée fait son caca nerveux et les députés doivent en être sans doute terrorisés : )
D’autant plus que, si le règlement ne l’interdit pas c’est que Twitter est autorisé.
Tout çà prouve s’il en est encore besoin que ce parti est un parti godillots