Le parquet de Paris a lancé des investigations sur un dossier explosif. Une mégalessiveuse d’argent sale aurait utilisé la Société générale à son insu.
Après l’affaire Kerviel et la crise qui secoue la planète financière, un nouveau dossier inquiète la Société générale. Près de 900 comptes bancaires ouverts dans des agences parisiennes et en Ile-de-France auraient reçu de l’argent sale, d’après les investigations menées par la banque elle-même. A travers cette galaxie de comptes, seraient passées des centaines de millions d’euros, à l’origine douteuse. Suffisamment pour qu’une déclaration de soupçon de blanchiment circonstanciée soit adressée, en décembre 2007, à Tracfin, le service anti-blanchiment de Bercy. Après mûre réflexion, le dossier a enfin été transmis au parquet de Paris en septembre et vient de donner lieu à l’ouverture d’une enquête préliminaire. Des flics mènent leurs premières investigations.
Les suspicions font craindre aux dirigeants de la banque l’existence d’une méga lessiveuse d’argent sale au travers de la SocGen. Les sommes ont été investies dans d’innombrables programmes immobiliers en France : des tours de La Défense à des centres commerciaux en passant par des immeubles de bureaux et autres projets immobiliers de grande ampleur. L’ensemble de ces investissements relève d’une kyrielle de sociétés – dont certaines existent depuis des dizaines d’années –, toutes elles-mêmes liées à un groupe investissant dans la pierre de rapport.
Tout d’abord, des milliardaires basés à Londres ont pris le contrôle de ce groupe. Selon les présomptions de la Société Générale, que l’enquête sera amenée à vérifier, c’est leur argent qui aurait transité par les comptes bancaires litigieux avant d’irriguer nombre de réalisations immobilières. D’origine improbable, les fonds transitant sur les comptes bancaires n’ont pas suivi non plus un parcours très clair. L’argent arrivait du Luxembourg après être passé aux Pays-Bas, au nom de sociétés dont les ayant droits ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Ces pays appartiennent à l’Union européenne et intégrés au Gafi, mais la transparence y reste encore aujourd’hui un vilain concept. Les milliardaires en question recourent tant qu’ils peuvent à des sociétés off-shore aux Bermudes, au Luxembourg, en Suisse…
Deuxième inquiétude des banquiers de la SocGen : les 900 comptes, détenus par des dizaines de SCI, semblent avoir été ouverts dans une grande confusion. Le système des procurations semble avoir été massivement utilisé, selon un processus complexe : les patrons de sociétés de services oeuvrant pour le compte de sociétés d’investissement dont ils étaient également gérants, sans en être les associés, se chargeaient d’ouvrir les comptes. Ils accomplissaient les démarches auprès des agences bancaires au nom de leurs sociétés clientes, qui elles réalisaient vraiment les investissements. Alors que les banques ont un devoir de vigilance et de connaissance précise de leurs clients et de leurs activités, le procédé a semble-t-il permis d’organiser un joli écran de fumée.
En 2006, une perquisition menée à l’initiative de la Direction centrale de la police judiciaire dans les locaux de l’une des principales sociétés en question, dans le XVIème arrondissement de Paris, pour une autre affaire, a mis la puce à l’oreille des autorités fiscales. Une enquête est donc menée par la Direction générale des impôts depuis cette année-là.
Depuis les premières révélations de Bakchich sur cette affaire, intervenues en plein maelström de l’affaire Kerviel, d’intenses pressions se sont exercées autant sur la presse que sur la banque elle-même, voire au gouvernement.
Le palais de Justice, heureusement, est au-dessus de tout ça !
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Le système des procurations semble avoir été massivement utilisé, selon un processus complexe : les patrons de sociétés de services oeuvrant pour le compte de sociétés d’investissement dont ils étaient également gérants, sans en être les associés, se chargeaient d’ouvrir les comptes. Ils accomplissaient les démarches auprès des agences bancaires au nom de leurs sociétés clientes, qui elles réalisaient vraiment les investissements.
Euhh, je ne vois pas très bien où est le problème.
Dans tous les pays du monde, on trouve des propriétaires qui confient la gestion de leurs investissements immobiliers à des sociétés de services et qui leurs donnent procuration pour les taches courantes. Donc, par définition, le gérant n’est pas associé et vice-versa.
Evidemment, la gestion de la trésorerie figure parmis les missions du gestionnaire. Pour ce faire, on ouvre des comptes bancaires. Qui le fait ? Le prestataire de services, évidemment, il est payé pour ça ! Il est également courant que le gestionnaire soit mandataire social des SCI.
Vous ne faites que décrire une pratique courante et autorisée par la loi. Mais le ton que vous prenez laisse penser que la loi est contournée ! Soit vous êtes sensationnaliste, soit vous comprenez mal le sujet. Je penche pour les deux explications.
DeepThroat IV, tu nous mets l’eau à la bouche ! S’il te plait donne nous des informations…
Je fais partie du lot de pigeons n° (je ne sais plus combien), brave client de la société générale.
Il y a quelques années, j’ai reçu un courrier m’expliquant que M. Bouton n’avait rien à voir dans une affaire de blanchiment d’argent sale.
Il y a quelques mois, j’ai appris que M. Bouton avait été abusé par un escroc du nom de Kerviel qui mettait à mal la santé financière de la société générale.
Il y a quelques jours j’ai appris que M. Bouton avait fait quelques bonnes opérations grâce aux prix défiant toute concurrence que lui offrait sa situation.
Je propose donc de mettre en place un collectif de soutien pour ce brave homme qui apparemment se débat pour qu’une éthique plus efficace se mette en place dans la finance qui nous apporte de si grands bienfaits !
PS : Môssieur Bouton, vous pourriez pas faire quelque chose sur les frais innombrables que la Société Générale pose sur les comptes ? Quand je regarde mes relevés, je vois que je suis un de vos plus ardents soutiens financiers ! Mais m’sieur Bouton, de grâce ne lancez pas un contrat sur le pauvre client que je suis ! je ne saurais faire face à vos tueurs !