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Société Générale : questions sur l’enquête

Justice / samedi 2 février 2008 par Laurent Léger, Pascal Bovo
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Les flics sont-ils allés trop vite, plaçant le trader en garde-à-vue avant d’avoir en mains toutes les données ? C’est l’argument de policiers qui imaginent déjà l’étouffement de l’affaire. Au grand dam des proches du dossier.

« On aurait décidé dès le départ de bousiller l’enquête sur le scandale de la Générale en le cantonnant à la faute d’un pauvre lampiste, on aurait pas fait mieux ! ». Cet officier de police spécialisé dans les délits financiers critique avec force adjectifs désagréables le travail de ses collègues de la célèbre brigade financière de la préfecture de police, chargés de la fraude boursière qui ébranle la banque de Daniel Bouton. « Toutes les erreurs que ne ferait pas un débutant à peine sorti de l’école de police ont été commises dans cette enquête », tempête-t-il, entre autres gentillesses.

Un interrogatoire rapide, trop rapide ?

Comment démarrent les investigations sur cette affaire qui fait trembler la planète financière ? Saisis en enquête préliminaire , c’est-à-dire sous le contrôle du procureur de la république, après la révélation du trou de 4,9 milliards d’euros dès le jeudi midi, les flics démarrent les perquisitions dans les locaux de la banque et poursuivent le lendemain les opérations au domicile du désormais célèbre trader Jérôme Kerviel.

Jusque là, tout va bien. C’est ce que recommandent de faire, en pareil cas, les manuels de police. Mais avant même d’avoir eu le temps d’analyser les documents saisis et l’ordinateur du jeune financier, ils s’empressent dès le samedi de le placer en garde-à-vue. Résultat : un interrogatoire linéaire, que certains jugent « gâché ». Incapables de pousser le gardé à vue dans ses retranchements faute de maîtriser ses opérations, par définition complexes, comme le sont souvent les activités de trading, les flics en sont réduits au rôle de greffiers notant scrupuleusement la version servie par Kerviel.

« Une audition comme celle-là demande normalement deux jours de préparation, après avoir analysé toutes les données, observe notre expert. C’est la seule façon de détecter les faux semblants et les demi-mensonges. Maintenant, c’est foutu, Kerviel ne pourra plus être remis en garde-à-vue et n’aura à subir que les questions polies du juge, confortablement installé dans son cabinet ». Ainsi le veut la procédure pénale.

Que s’est-il passé exactement ? La pression médiatique a-t-elle été trop forte, ou simplement la volonté politique d’éviter un trop grand déballage sur la place financière a-t-elle déteint sur les limiers de la Financière ? Difficile de mettre en cause le professionnalisme des flics. Mais la question est légitime. « La moindre des choses aurait été d’effectuer avant même la garde-à-vue des perquisitions à la banque de France et à l’AMF, les deux organismes prévenus en tout premier lieu par la direction de la Société Générale », note l’enquêteur critique. « Il est en effet vital de savoir quel a été le cheminement des informations sur ce scandale que l’on cherche peut-être à étouffer ».

Or la rue de la Vrillière – siège de la Banque de France et de la commission bancaire - et la place de la Bourse – où est installée l’Autorité des marchés financiers - n’ont toujours pas reçu la moindre visite des flics.

Il fallait éviter toute fuite à l’étranger

Au contraire, pour les proches de l’affaire, tout va bien. Et pour cause : au cours de ses interrogatoires dans les locaux de la Financière, le trader a reconnu les faits. « Certes, le pari a été de prendre le dossier à l’envers. C’était risqué, mais l’opération a réussi. En entendant au plus vite le trader, cela a permis de lui faire livrer noir sur blanc le maximum d’éléments avant qu’il subisse des pressions ou que son avocat lui concocte une défense sur mesure, quitte à omettre certains détails. Ses déclarations sont donc plus spontanées et serviront de base à l’enquête », argumente un connaisseur du dossier. Pour ce spécialiste des dossiers sensibles, attendre que les ordinateurs « parlent » aurait fait perdre 6 mois aux investigations, le temps que l’analyse des bécanes aient lieu. « De plus, il fallait éviter toute fuite à l’étranger, toute discussion à la presse ou tout autre incident ».

Le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, - comme « chef » la garde des Sceaux Rachida Dati, l’amie du président - a voulu soigner le trader breton de la SocGen aux petits oignons. Il s’est distingué par sa sévérité, réclamant le mandat de dépôt contre Kerviel, alors même qu’il était quasiment établi que ce dernier n’avait pas détourné un centime pour son profit personnel.

Quand il dirigeait le parquet financier, le sieur Marin n’avait pas la main si lourde : il avait permis à tous les suspects impliqués dans les faux bilans du Crédit Lyonnais d’échapper au moindre jour de détention préventive. Dans l’affaire de la Société générale, son intransigeance n’a pas sied au bon juge Van Ruymbeke, juge peu versé dans la détention-pression, et à Françoise Desset, magistrat instructeur co-saisi. Kerviel, jeté seul en pâture de l’opinion publique, aura au moins eu la satisfaction d’échapper à la détention préventive.


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6 MESSAGES

Forum

  • Société Générale : questions sur l’enquête
    le mardi 5 février 2008 à 18:22, Charles du 91 a dit :

    Peut être qu’il est un bouc émissaire dans cette affaire de magouilles, mais je ne pourrai pas avoir une once de compassion pour ce genre de mecs qui pleurniche parce qu’il ne perçoit que 100 000€/an. Dans ce genre de milieu professionnel, on chope vite l’ivresse de l’argent facile.

    Les gros chiffres deviennent ordinaires et un minimum. Et on en veut toujours plus, on brille par son excès d’ambition. Ces gens là devraient juste avoir en tête que ces salaires appartiennent à la haute sphère et que des tas de gens en France sont endettés et vivent avec peu de ressources.

    Pour moi, bosser à la banque ne demande pas des masses d’effort. OK ils jouent gros, c’est aléatoire mais par rapport à un mec des BTP ou de la manutention, il ne se foule pas. Il ne sait pas ce que c’est que de bosser de nuit, très tôt le matin ou dehors dans le froid. Il ne bosse pas le Week end.

    On devrait le faire bosser au SMIC un mois dans le froid en Février. Peut être qu’il comprendrait la valeur de la vie, celle de l’argent et l’effort.

    Et ce que je vois, c’est qu’on risque de payer plus cher les services bancaires à cause de la malhonnêteté de ce tricheur.

    Sans compter les salariés qui risquent de finir sur la paille.

    Je rêverais de lui mettre une baffe pour lui exprimer mon ressentiment pour ce genre d’individus.

    • Société Générale : questions sur l’enquête
      le vendredi 8 février 2008 à 17:16, Trader a dit :
      Je travaille dans une banque et fais des semaines de 80+ heures. Je suis a mon bureau a 06.15 tous les jours et je pars autour de 19.00. Je travaille en moyenne 2 week-ends par mois (admin, correction/ajustement des modeles de trading etc). Je gagne bien ma vie, et je suis conscient qu’il y a des ges qui n’ont pas ma chance. Mais je contribue aussi a la societe en payant des impots, en chiffre absolu un nombre bien plus eleve que beaucoup de francais.
  • Société Générale : questions sur l’enquête
    le mardi 5 février 2008 à 17:54

    Du nouveau aujourd’hui :

    http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-34190959@7-37,0.html

    Désormais en discussion, la "protection" ou surveillance policière dont "bénéficie" Jérôme Kerviel, à la limite de la légalité. Il ne l’a pas demandée et n’est même pas au courant. Christine Lagarde, d’abord désignée comme le commanditaire de cette "protection" a démenti l’avoir demandée.

    Qu’en est-il exactement ?

    Avis de policiers critiques ?

  • Société Générale : questions sur l’enquête
    le lundi 4 février 2008 à 22:19

    Les policiers ont ensuite perquisitionné chez le frère de Jérôme Kerviel munis d’une commission rogatoire "générale" des juges saisis de l’affaire, c’est-à-dire que ces derniers leur donnent catre blanche pour enquêter comme bon leur semble.

    Qu’en pensent les policiers critiques ?

  • Société Générale : questions sur l’enquête
    le samedi 2 février 2008 à 23:32
    Vous êtes un peu en retard question analyse. Tout a été dit dans une interview publié par Sud Ouest le 26 janvier par le tout juste retraité commissaire Steiner, l’ancien numéro 2 de la brigade financière
  • Société Générale : questions sur l’enquête
    le samedi 2 février 2008 à 10:05, king selewa a dit :
    ce qui attise la thèse qu’on nous "cache" quelque chose….de bien plus gros…
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