Les liens du journaliste de l’hebdomadaire avec le patron des Renseignements Généraux ont été gommés du livre "Les Carnets noirs de la République" dont Le Point a publié les bonnes feuilles.
« Les Carnets Noirs de la République », le bouquin que Patrick Rougelet publie chez Albin Michel est un très bon livre. Il aurait été excellent si, après publication de ses « bonne feuilles » dans Le Point, il n’avait été amputé de tous ses passages sur Hervé Gattegno qui, justement, gagne sa vie au Point.
Dommage que les lecteurs de Rougelet soient privés de la description de ce journaliste enfin mis au Point après avoir été très utile au Méridional et au Monde, s’agitant dans le bureau d’Yves Bertrand, le patron des Renseignements Généraux, pour y prendre les consignes du piquet d’incendie, au moment où les journaux s’excitaient autour de la fameuse « cassette Méry » (on y dégustait l’interview d’un promoteur décrivant une pluie de pots de vin tombant autour de Chirac). Comment faire pour éteindre le feu avant qu’il ne brûle trop le mari de Bernadette ? Dommage aussi que les confidences faites par notre confrère aux RG et transcrites sur les carnets, par exemple sur ses employeurs, aient été elles aussi zappées…
En revanche, on peut s’étonner que Le Point n’ait pas demandé à Rougelet de gommer aussi les allusions à Armel Mehani, collaboratrice de l’hebdomadaire et spécialiste du people qui, se trompant et prenant Bertrand pour un vrai flic, l’a rencontré, elle, en toute innocence. Car l’homme est capable de tendresse. Ainsi, dans un livre publié en 2007, il explique : « Je voudrais exprimer une pensée toute particulière pour Hervé Gattegno et Pascal Ceaux qui, au fil des ans, sont devenus des amis » (Pascal Ceaux est un confrère du Monde)…
Il n’empêche. Même amputé, le travail de Rougelet est admirable. Son livre est une Bible pour tous les amis de la liberté. Au microscope il détaille trois années passée dans l’arrière-cuisine d’une Stasi à la française qui passait au crible d’un totalitarisme secret la vie des autres.
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