Claude Allègre, revient, dans « Le Parisien », sur la crise économique. Avec tout son bon sens pratique et bardé de ses vérités scientifiques. Éruptif.
À l’heure où Super Sarko se révèle incapable de rassurer les Français sur les conséquences de la crise financière, les médias se tournent vers les experts les plus sérieux pour essayer de comprendre ce qui nous arrive. Après des esprits aussi brillants et désintéressés que Jacques Attali, bien connu pour une étude richement rétribuée sur le micro-crédit en Angola, et Alain Minc, tout aussi connu pour avoir raté toutes les OPA proposées à ses amis patrons et qui a pour titre de gloire d’avoir failli couler Le Monde (journal auto-proclamé de référence) ; c’est au tour de Claude Allègre de nous entretenir de la crise financière qui affole actuellement tout le monde, à commencer par nos dirigeants politiques.
Le grand scientifique, qui n’a pas hésité dans le passé à braver ses pairs qui osaient prétendre que l’activité humaine expliquait le réchauffement climatique, a tout compris de ce qui se passe. Et il profite des colonnes généreusement ouvertes du Parisien (7/10) pour nous asséner ses vérités. Asséner car cet Allègre sarkozyste de gauche n’est pas du genre à douter. Où va-t-on ? lui demande Dominique de Montvalon, l’un des responsables de la rédaction du quotidien. Réponse : « C’est une crise bancaire sérieuse. Mais l’économie réelle n’est pas menacée ». Ah bon ?
Si notre ami lisait les journaux qui accueillent régulièrement ses jugements sommaires, il saurait que l’Europe et les États-Unis sont entrés en récession et que le nombre de chômeurs progresse rapidement. Mais peut-être que ce n’est pas l’économie réelle. Passons sur sa dénonciation de « l’usage des modélisations sur ordinateurs » ou sur le fait que l’on ait « empilé (sic) « les crédits les uns sur les autres ». Cet Allègre visionnaire ne recule devant rien. Risque-t-on un drame comme la crise de 1929 ? « Franchement non ». Quel conseil donner aux épargnants ? « Ne pas bouger. Il faut être calme. Pas de panique ». Assez rigolo de la part du scientifique éruptif.
Mais ses conseils vont plus loin. Il réclame que les médias « fassent leur métier mais n’exagèrent pas les menaces. C’est un problème de responsabilité et aussi d’éducation ». C’est bien vrai ça. On va corriger tout ça tout de suite. Contrairement à ce que vous pensez, amis lecteurs, la situation économique n’est pas du tout alarmante. Les places boursières ont certes baissé un peu mais rien de dramatique. Le chômage repart à la hausse mais rien d’inquiétant. Quelques petites banques comme Lehman Brothers ou Bear Stearns ont fait faillite mais le système bancaire est solide.
La preuve ? Les États-Unis ont nationalisé les sociétés de crédit immobilier Freddie Mac et Fannie Mae ainsi que l’assureur AIG. Les gouvernements français et belge ont dû voler au secours de Dexia et les autorités allemandes ont sauvé la quatrième banque du pays (Hypo Real Estate). Mais il ne faut pas s’affoler. D’ailleurs, Super Sarko, qu’Allègre a rejoint avec enthousiasme, ne s’affole pas. Il convoque réunion de crise sur réunion de crise. Il multiplie les déclarations pour dire aux Français que l’État protègera leur épargne. Donc tout va bien. Allègre a bien raison. Nous attendons maintenant que Le Parisien interroge Elisabeth Teissier et Madame Soleil sur ce qui nous attend.
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Cet article sommaire ne prouve absolument pas qu’Allègre a tort. Allègre a même raison sur deux ou trois points.
Par exemple, il est tout à fait exact que les prévisions sur le climat sont faites à partir de modélisations sur ordinateur. On ne peut tout simplement pas faire autrement !
En outre, l’image qu’il emploie sur l’empilement des crédits ne mérite pas ce sic : elle décrit bel et bien la situation aux États-Unis, où l’on prend une carte de crédit (délivrée par une société privée) pour payer les dettes générées par une autre carte de crédit. C’est donc bien un empilement des emprunts.
Mais quand donc la loi, si prompte à verbaliser le citoyen lambda pour un oui ou pour un non, prévoira-t-elle des sanctions, lourdes de préférence, pour les personnes publiques qui professent des inepties ?
Les déclarations du "mamouth" sont graves, stupides, et méritent sinon une peine de prison, au moins une forte amende, ainsi qu’une privation des droits civiques de quelques années (et bien sur une période d’inéligibilité).