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Retour de la réalité diplomatique au Sommet des Amériques

Décryptage / vendredi 24 avril 2009 par Jean-Jacques Kourliandsky (IRIS)
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Lors du 5ème sommet interaméricain, Obama a ouvert le dialogue avec ses homologues. L’analyse de Jean-Jacques Kourliandsky de l’IRIS.

Les « accros » de l’information spectacle attendaient la rencontre interaméricaine de Trinité et Tobago, les 17 et 18 avril 2009 avec impatience. Le nouveau champion des États-Unis, le président Barack Obama n’allait-il pas affronter Hugo Chavez, caudillo vénézuélien de l’Amérique bolivarienne et contestataire ? Le précédent sommet à Mar del Plata, en 2005, avait laissé groggy George Bush junior, prédécesseur de Barack Obama. Hugo Chavez avait envoyé au diable vauvert, « al carajo » dans le texte original, l’ALCA, c’est-à-dire la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA), le schmilblick interaméricain que se repassaient les hôtes de la Maison Blanche depuis 1994.

La recommandation du président Chavez avait été suivie à la lettre par la majorité des chefs d’État latino-américains et de la Caraïbe. La ZLEA ne s’en est jamais relevée. Depuis, les échanges verbaux et diplomatiques entre responsables nord-américains et vénézuéliens, étaient restés d’une froideur frisant parfois une agressive vulgarité. Or le 15 avril, veille du sommet de Trinité et Tobago, avaient constaté avec gourmandise les animateurs de spectacle politique, Hugo Chavez avait mobilisé à Cumaná, station balnéaire huppée du Venezuela, son cercle d’amis les plus proches. Et en effet le 15 au soir, « l’Aube » bolivarienne, l’Alba, l’Alternative bolivarienne des Amériques, nom porté par cette coalition contestataire, a ostensiblement rendu copie blanche. Hugo Chavez et ses alliés de Bolivie, Cuba, Dominique, Équateur, Honduras, Nicaragua, Saint Vincent et Grenadine, ont annoncé qu’en aucun cas ils ne signeraient la Déclaration finale proposée aux 34 délégations invitées à Port d’Espagne, capitale de Trinité et Tobago. Et d’un, parce que Cuba n’avait pas été invité. Et de deux, parce que ces sommets ont été conçus à l’origine pour accompagner la construction de la ZLEA/ALCA, définitivement enterrée en 2005 à Mar del Plata.

UN PAS EN AVANT VERS L’AMÉRIQUE LATINE

De fait le 17 avril, au terme du sommet, seul Peter Manning, premier ministre de Trinité et Tobago a signé le long document, de 97 points et 22 pages, concluant deux jours d’échanges et de travaux collectifs. Pourtant en dépit de son volume cette déclaration n’engageait à rien de bien concret, tenant plus du catalogue de bonnes intentions. Tous les participants à la sauterie diplomatique trinidadienne ont eu au cours de leurs différentes campagnes électorales l’occasion d’user avec un plein succès électoral l’ensemble des sujets évoqués, qu’il s’agisse du « renforcement de la coopération et de l’intégration », de la « lutte contre la faim et la pauvreté », de « favoriser la prospérité humaine dans les Amériques », d’« encourager les échanges commerciaux », de « réaffirmer le droit du travail », de « protéger les femmes, les enfants, les adolescents et la famille », de garantir « la sécurité énergétique dans le respect de la souveraineté de chacun », « la protection de l’environnement », « la paix et la sécurité de l’hémisphère », et « le combat contre le terrorisme et la délinquance organisée ». Il ne manquait à cette revue des boutons de guêtre électoraux que… la référence à Cuba. Cette omission a permis aux uns - Hugo Chavez et Lula - , et à l’autre - Barack Obama -, de faire l’impasse d’une co-signature.

Cela dit, pas plus Hugo Chavez que Barack Obama n’ont rejeté un texte « nègre blanc », qui ne mécontentait au fond personne. Barack Obama et Hugo Chavez se sont aimablement salués. Ils ont échangé des cadeaux. Il est vrai que quelques jours avant le sommet le président des États-Unis avait désamorcé plusieurs dossiers conflictuels. Le 13 avril, il avait annoncé la levée de tous les interdits, en particulier ceux arrêtés par George Bush en 2004, compliquant les envois d’argent et les échanges humains entre familles cubaines résidant aux États-Unis et leurs familles restées dans l’île. Le 15 avril, il avait fait étape à Mexico. Et là, pour la première fois, il avait publiquement admis que les États-Unis avaient une « co-responsabilité » dans les contentieux bilatéraux, qu’il s’agisse des questions de sécurité frontalière, de trafic de stupéfiants et d’immigration. Le 16, à Trinidad, Barack Obama a engrangé les retombées positives des gestes effectués. Il ne s’agit que de promesses, mais elles ont suffi à apaiser les 32 chefs d’État latino-américains et caribéens qui, avec George Bush, n’avaient droit qu’à des remontrances.

Mais si les coups d’éclat n’étaient plus à l’ordre du jour, l’heure était clairement au méridien des différences, à la manifestation d’une distance qui se voulait tout à la fois modérée et partagée. Cet éloignement courtois sanctionnait une situation de fait, qui jusqu’ici n’avait pas été actée collectivement et publiquement au sein d’un forum interaméricain. Depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis se sont éloignés de leur étranger proche. L’Amérique latine non seulement en a pris acte, mais y a pris goût. En dépit de propos appelant Washington à plus de présence et de coopération, cet éloignement, couplé sur celui de l’Europe, enlisée par son dernier élargissement, a permis le développement de nouveaux rapports Sud-Sud.

Barack Obama : médiateur international

Il y a quelques semaines se tenait à Doha le deuxième sommet de l’ASPA, entre Amérique du Sud et pays arabes. Par ailleurs, en 2008, sous l’impulsion du Brésil, une OEA (Organisation des États Américains) sans les États-Unis et le Canada et intégrant Cuba, la Conférence des États Américains, a été constituée. Parallèlement, le Brésil a consolidé dans cet ensemble l’UNASUL, l’Union des Nations Sud-américaines, dotée d’un Conseil de défense. Au même moment, George Bush léguait à son successeur un pays endetté par un double effort de guerre, en Irak et en Afghanistan, et gravement touché par une crise financière et économique. Son successeur, Barak Obama, n’a pu qu’en prendre acte. Mobilisé prioritairement par les difficultés des États-Unis, il se fait le chantre du dialogue et du compromis négocié avec l’Amérique latine, comme avec l’Irak et l’Iran.

Cette multilatéralité imposée par les circonstances, conforte au Sud, l’affirmation tranquille du Brésil. Son président Ignacio Lula da Silva a, le 15 mars 2009, été de façon totalement inédite et révélatrice le premier chef d’État latino-américain reçu par le président des États-Unis nouvellement élu. Ses prédécesseurs réservaient ce premier contact traditionnellement au président des États-Unis du Mexique.

Retrouvez les analyses des chercheurs de l’Iris sur le site de la fondation et sur Affaires stratégiques.

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