Qui peut stopper Sarah Palin ?

La campagne présidentielle américaine de 2012 commence vraiment au lendemain des élections de 2010 et la candidature de Sarah Palin est largement renforcée par l’expression des urnes le 2 novembre : nombre de candidats qu’elle avait soutenus, et qui lui sont donc redevables, ont gagné. Mais l’encadrement du Parti républicain n’a pas attendu les résultats de cette semaine pour aborder la question qui l’obsède : comment bloquer Palin en 2012 ?

Deux jours avant les élections de mid-term, le magazine Politico, le must de la classe politique, a publié une enquête retentissante auprès d’une douzaine de leaders républicains qui se retrouvent sur une « mission commune » pour « une tâche urgente » à commencer « dès que les élections [de novembre] sont passées ». Selon le magazine : « Stopper Palin. » La crédibilité de Politico est telle que, même si ces membres de l’élite républicaine ne voulaient parler qu’en « off » par peur de Palin et de ses supporters, son enquête a été immédiatement reprise par tous les médias, contraignant Sarah Palin à réagir.

Ces hauts responsables républicains pensent que leur parti est bien placé pour battre Barack Obama en 2012, et ils ont raison, car un sondage crédible de Gallup, l’institut de sondages le plus vieux des États-Unis, a montré que 54% des électeurs se prononce contre sa réélection. Mais ces mêmes républicains de l’élite craignent tous qu’Obama écrase Palin en 2012. Selon le plus récent sondage sur Palin, publié fin octobre par le Washington Post et la chaîne ABC, quelque 67% des électeurs pensent qu’elle n’est « pas qualifiée » pour être présidente.

Dessin d’Oliv’

Quant au Parti républicain, sa base se divise en deux camps égaux sur le profil de Palin et ses qualifications. Et, comme Bakchich l’a pronostiqué, il existe un scenario plus que probable qui la verrait remporter la nomination républicaine.

A l’opposé du Parti démocrate, où les délégués à la convention nationale qui nomment le candidat présidentiel sont choisis à la proportionnelle, les règles du Parti républicain privilégient le "winner take all", c’est-à-dire que le ou la candidate qui est en tête dans la primaire présidentielle d’un État rafle tous les délégués de cet État. La stratégie de Palin est d’être vainqueur dans suffisamment d’États pour gagner tous leurs délégués lors des primaires, avec seulement un gros tiers des voix.

Ce scénario est d’autant plus crédible parce qu’elle sera la seule femme face à une belle brochette de candidats mâles. Parmi ceux déjà en lice, qui ont mis sur pied des comités préparatoires pour 2012, figurent l’ancien gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee et l’ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney, déjà candidats en 2008 ; et aussi l’actuel gouverneur du Mississippi, Haley Barbour ; le gouverneur du Minnesota, Tim Pawlenty, et le sénateur John Thune du Dakota du Sud - auquel il faut probablement ajouter le gouverneur de l’Indiana, Mitch Daniels ; l’ancien speaker de la Chambre des Représentants Newt Gingrich ; et plusieurs des nouveaux élus de cette semaine, comme le gouverneur de l’Ohio John Kasich.

La stratégie féministe que Palin a déployée cette année en soutenant beaucoup de candidates pourrait bien s’avérer payante en 2012 face à tous ces hommes. De quoi faire trembler de peur l’establishment républicain.

-----

A lire sur Bakchich.info :

Obama contre les "pleurnichards"

Obama et son vice-président tancent leur base électorale pour son "manque d’enthousiasme". Une manière de charger la gauche pour la défaite annoncée des démocrates en novembre.

"Mama Grizzli" Palin engrange les victoires

Les nouvelles victoires des candidats soutenus par Sarah Palin aux primaires le 14 septembre font trembler l’establishment républicain. Sa candidature pour 2012 est sur les rails.

Sarah Palin marque des points

Grâce au Tea Party et à plusieurs victoires lors des primaires, Sarah Palin commence à tisser un réseau solide pour 2012, et se montre une plus fine politique qu’on ne croyait.

Un cauchemar nommé Sarah Palin

Barack Obama, premier président noir, pourrait laisser la place à la première femme présidente. Hillary ? Non, Sarah. Gare à la revanche de la gourde !