François Pinault a créé un empire de la grande distribution que son fils, François-Henri, détricote pour l’orienter vers des activités plus lucratives.
S’émanciper de papa. C’est la feuille de route que semble s’être fixée François-Henri Pinault depuis qu’il a pris les rênes de PPR en 2005.
De feu l’empire de distribution Pinault-Printemps-Redoute érigé dans les années 90 par François Pinault, il ne restera bientôt que le « P » de Pinault.
Après s’être débarrassé du Printemps (cédé pour 1,1 milliard d’euros en 2006 au fonds Rreef associé à l’italien Borletti), de l’enseigne d’informatpaique Surcouf (donnée à un rejeton Mulliez en juin dernier) et du distributeur de médicaments CFAO, (introduit en Bourse le 3 décembre dernier), ce sera au tour de la Fnac et de Conforama. Et sans doute, dans la foulée, de Redcats, la maison mère de La Redoute. La boulimie d’achats des années 90 a fait place à l’anorexie de la fin des années 2000.
Mine de rien, c’est près de la moitié de son chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros que s’apprête à lâcher Monsieur Salma Hayek. Pas très charitable pour papa dont la fortune aurait fondu cette année de 32% selon le magazine Challenges. Il ne pèse plus, imaginez, que 4,9 milliards d’euros contre 10,3 milliards encore en 2007. Saleté de crise.
Sauf que c’est justement pour redorer le blason familial que François-Henri tue le PPR de papa. "La distribution est notre faiblesse majeure, il faut vendre des enseignes et le plus tôt sera le mieux", a ainsi déclaré le fils président dans le Wall Street Journal le 24 novembre dernier. Adieu donc Fnac et Conforama. Pas assez rentable comparé à Gucci qui a rapporté 730 millions d’euros en 2008 (résultat opérationnel) quand la Fnac et Conforama réunis ne garnissaient l’escarcelle familiale que de 300 millions d’euros.
"Les marges n’ont rien à voir dans la distribution et le luxe, confirme un expert du secteur, fin connaisseur de l’empire Pinault. Quand vous faites un chèque de 100 euros dans un magasin Gucci, la marque se met 22 euros dans la poche, si vous faites le même chèque à la Fnac, l’enseigne ne gagne au final que 4 euros." Et chez les Pinault on sait compter de père en fils.
Les années 90 étaient de celle de l’expansion, du volume d’affaires donc de la distribution. D’où le rachat de Conforama au groupe de Bernard Arnault en 1991, du Printemps et de la Redoute en 1992, de la Fnac en 94 et de Surcouf en 2000.
Mais depuis le coup de Trafalgar de Pinault père sur Gucci (rachat en 1999 de l’italien convoité par Bernard Arnault), le groupe PPR s’est découvert une nouvelle passion : la fringue de luxe.
Outre une violente querelle avec le clan Arnault (qu’on se rassure les deux comparses se seraient réconciliés chez le belge Albert Frère en janvier dernier), la Pinault team a vu là l’occasion de gagner encore plus d’argent sans se cogner les agitateurs syndicaux de la Fnac et de Conforama. Une aubaine que n’a pas manqué de saisir François-Henri Pinault pris à partie en mars dernier dans un taxi par des salariés mécontents du plan social concocté par leur patron (1200 salariés en moins en France).
Bref, la plaisanterie avait assez duré. La pancarte « À vendre » est désormais sur toutes les Fnac de France (81 magasins). Et en plus Pinault père a donné son accord. « Vends-les, mais fais vite », aurait-il conseillé à son fils. Œdipe est soulagé.
petit rectificatif concernant votre article il n’y a plus de P dans le sigle PPR puisque les entreprises emblématiques du groupe, "PINAULT bois matériaux" et le "printemps" ont été vendu, il ne reste désormais "mais pour combien de temps encore… ?" que le R de la REDOUTE
un vieux salarié de CONFORAMA (35 ans ancienneté)