Un Musée d’histoire de France à la sauce Sarkozy ? Non merci, a fermement répondu un collectif d’historiens au cours d’un débat aux Archives nationales occupées depuis près d’un mois.
Faut-il une « maison d’histoire de France », conformément au souhait présidentiel ? Réunis jeudi soir 15 octobre sous les lambris de l’hôtel Soubise, aux Archives nationales, site sur lequel le président à jeté son dévolu, un collectif d’historiens a, sans équivoque, répondu par la négative. « Nous demandons la suspension du projet », a ainsi solennellement indiqué l’historien Nicolas Offenstadt en conclusion d’une rencontre qui a réuni près de deux cents personnes venus écouter les grands pontes de la discipline dans des Archives occupées nuit et jour depuis presqu’un mois.
Un musée pour quoi faire ? Se sont demandé Arlette Farge, Michèle Riot-Sarcey ou encore Daniel Roche.
Les Français ont-il tant besoin d’un lieu qui synthétise – fige – leur « roman national » ? « Évidemment, un projet de musée, a priori c’est sympathique, a expliqué Nicolas Offenstadt, co-auteur de Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France [1]. Reste que le musée appelé de ses vœux par Nicolas Sarkozy, « enchâssé dans un discours idéologique », se construit sous de douteux auspices a rappelé l’historien : « Dans la lettre de mission d’Eric Besson il est dit qu’il devra promouvoir notre identité nationale et à ce titre prendra part à la mise ne place du musée d’histoire de France ». Selon l’un des rapports qui préfigure le musée il s’agirait d’un lieu capable de restituer, ni plus ni moins que « l’âme de la France »… Pas du tout l’avis d’Offenstadt :
Tour à tour les historiens ont relevé les incongruités du projet. « L’histoire n’est pas un donné, quelque chose qui se regarde sur un mur, elle est plurielle, contradictoire et conflictuelle. Cela ne se met pas en musée », a pour de son côté défendu Michèle Riot-Sarcey.
La question de la localisation du musée aux Archives a soulevé également toutes les inquiétudes quant à l’avenir de l’institution. « Je suis ici pour défendre un service public », a affirmé Daniel Roche. Le ton est grave. Mais pas toujours. A une intervenante qui s’interroge sur la personnalité qui prendra la tête du musée Sarkozy, une voix dans la salle hurle « Bernard Tapie », déclenchant l’hilarité générale.
Reste que le débat passionnant et parfois houleux – un représentant de l’association de préfiguration du Musée ayant plutôt courageusement défendu son projet – avait bien failli être annulé en catastrophe. Le directeur des archives, Hervé Lemoine n’ayant pas autorisé la rencontre. « Il a menacé de nous envoyer les CRS », raconte Wladimir Susanj, secrétaire de la section CGT des Archives. Mais bon, avec les lycéens en furie, les flash-ball étaient sans doute occupés ailleurs…
"Les Archives dépouillées", un bédéreportage à lire cette semaine dans Bakchich Hebdo n°42.
Achetez Bakchich Hebdo édition digitale (pour iPad et tablettes)
Achetez Bakchich Hebdo 42 (pdf) pour 1,50 euro
Pour ne manquer aucun scoop et vous régaler chaque semaine de 16 pages d’infos inédites z’et illustrées, abonnez-vous à Bakchich.info et Bakchich Hebdo.
[1] (Editions Agone, 2008)
« L’histoire n’est pas un donné, quelque chose qui se regarde sur un mur, elle est plurielle, contradictoire et conflictuelle. Cela ne se met pas en musée », a pour de son côté défendu Michèle Riot-Sarcey."
Il est urgent de faire fermer le musée de la Révolution française à Vizille.
En plus il est dans un chateau ….