Les mollahs pourrissent la vie de Nicolas Sarkozy, grand libérateur d’otages devant l’éternel. À Téhéran, la jeune Clotilde Reiss croupit à l’ambassade de France dans l’attente du verdict de son procès.
À entendre le régime iranien, notre ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s’est montré particulièrement contre-productif en multipliant les propos va-t-en-guerre. « Avec lui, le Quai d’Orsay a définitivement fermé ses stores », vitupère Seyed Mehdi Miraboutalebi, ambassadeur d’Iran à Paris. Un proche de Sarkozy confirme : « Il ne comprend rien aux Iraniens. Il ne comprend rien à rien. Et en plus, il se prend pour la voix de la France ! »
La diplomatie parallèle du grand vizir et secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, a abouti au voyage éclair d’un des patrons du renseignement intérieur à Damas. Ce chemin de traverse, via les Syriens, a certes débouché sur une libération de Clotilde Reiss, mais pas à son retour à la maison. Un demi-succès car, pour élargir la donzelle, Téhéran réclame un dialogue direct avec l’Élysée qui traîne des pieds.
Objectif des mollahs : contraindre Paris à aider Téhéran à définir un cadre général de discussion, nucléaire compris. Et négocier quelques faveurs comme la non-extradition vers les États-Unis d’un ingénieur iranien, Majid Kakavand, arrêté à Roissy le 20 mars dernier. Recherché par la justice américaine, il est accusé, comme l’a révélé le Figaro Magazine, d’avoir acheté du matériel militaire aux États-Unis et de l’avoir fait livrer à « des entités militaires » iraniennes. La justice française doit bientôt se prononcer sur son sort. Par ailleurs, le retour au pays d’Ali Vakili Rad, jugé en France en 1994 pour l’assassinat de l’ex-Premier ministre du Shah, Chapour Bakhtiar, et condamné à perpétuité, serait apprécié : sa peine de sûreté de 18 ans s’achève…
L’ambassadeur d’Iran à Paris s’est démené tout l’été pour porter la bonne parole de Téhéran à Claude Guéant, au Château. Il a notamment rencontré Michel Rocard, bien vu par Téhéran pour avoir fréquenté le clan de l’Ayatollah Khomeini pendant son exil dans les années 70 en France. Mais comme souvent en matière d’otages, Paris avait plusieurs fers au feu. L’Élysée a aussi lancé Robert Bourgi, émissaire en Françafrique du même Claude Guéant, sur les traces de Clotilde Reiss : le père de Bourgi était un chiite libanais, ce qui pourrait faciliter les discussions. Et comme on n’est jamais trop prévoyant, deux proches de l’Élysée se sont rendus en Israël, début septembre, pour évaluer les risques d’une riposte de Tel-Aviv face aux tractations qui s’annoncent
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