Poker menteur à l’iranienne

Le 17 novembre dernier, le quotidien Le Monde publie un article faisant état d’une lettre envoyée par le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad au chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy. Selon le journal, qui prend ses précautions, « le ton de la lettre serait cependant, selon des sources diplomatiques, “acrimonieux”, avec des "menaces voilées". M. Sarkozy y est qualifié de dirigeant "jeune et inexpérimenté", auquel M. Ahmadinejad se propose de prodiguer des conseils. Contrairement à la lettre qu’avait envoyé M. Ahmadinejad au président américain Bush en mai 2006, le quotidien français ne publie pas le document. »

Contrairement à son habitude, l’Iran ne réagit pas au quart de tour. Très loin de là… Le 17 novembre (soit le jour de l’article du Monde), Mojtaba Samareh-Hashemi, vénérable conseiller du président iranien, se fend d’une déclaration à l’agence de presse iranienne Irna. « La plupart des propos du président dans sa lettre à Nicolas Sarkozy ont été déformés » grogne-t-il. Même topo à l’ambassade d’Iran à Paris où deux diplomates font comprendre sans ambages que c’est l’Elysée qui a organisé la fuite dans Le Monde et que pour savoir ce qu’il y avait dedans, mieux vaut se tourner vers le Château… Si c’est silence radio au Monde, l’Elysée se fend d’une grandiloquente déclaration : « pas de commentaires » sur les protestations des Iraniens et « cette lettre n’apporte rien de nouveau par rapport aux précédentes déclarations d’Ahmadinejad ». Par contre, tout le monde se garde bien de produire la missive en question. Lorsqu’en mai 2006 le président iranien avait écrit à Georges W. Bush puis en juillet 2006 à Angela Merkel, sa prose avait été rendue publique.