Mauvaise ambiance à la tour Total à la Défense.
A la fin de l’été, les locaux du groupe pétrolier, 40 milliards d’euros de réserves et les plus gros profits de la place, ont eu la visite, au petit matin, de le police judiciaire. Les flics agissaient dans le cadre d’une commission rogatoire internationale (CRI) venue de Suisse qui s’intéressait aux commissions illégales versées à des dirigeants iraniens, dont le fils de l’ex président Rasfandjani, par le groupe Total- soit quelque 41 millions de francs suisses qui auraient facilité l’obtention en 1997 et 1998 de gros contrats. Le numéro deux du groupe, de Margerie, destiné à devenir le président de Total, était à l’époque à la manœuvre.
Ces nuages judiciaires ne sont pas les premiers. A Paris, le juge Philippe Courroye enquête sur le rôle de Total en Irak dans de possibles détournements opérés par Charles Pasqua et deux diplomates de haut rang dans le cadre du programme « Pétrole contre nourriture ».
Du côté de Total, on reste persuadé que le groupe a été l’objet de dénonciations américaines répondant à la politique irakienne de Chirac. « Les Suisses ont découvert les versements occultes, explique un proche de la direction, juste après le discours de Villepin à l’ONU violemment anti-américain ».
L’intrusion de la justice suisse via la CRI pourrait laissé quelques traces. La justice française a hérité d’une dénonciation de faits de corruption. La demande d’ouverture d’une instruction a été déposée depuis plusieurs semaines par le juge Philippe Courroye sur le bureau du Procureur de Paris, Jean Claude Marin, qui n’a pas l’air de vouloir bouger. « Il faut comprendre, explique un diplomate, le parquet a peur de contrarier les mollahs alors que les militaires français de la force d’interposition ont fait l’objet de menaces de la part de Téhéran ».
A moins qu’il ne s’agisse d’éviter une mise en examen de de Margerie qui serait un peu gênante pour l’homme qui doit prendre la tète du groupe.