Les syndicats des Douanes voient s’accumuler les contrats de prestations de consultants. Irritant alors que les effectifs ont chuté de 1300 agents en trois ans.
Oyez, oyez, consultants de tous poils ! Si la crise économique se fait sentir, il y a des sous à gratter aux Douanes.
En 2009, cette institution qui emploie 18 000 agents a confié d’importantes missions à au moins quatre cabinets privés de conseil. Et pas n’importe lesquels.
Cap Gemini, l’un des leaders mondiaux du secteur, a fait le sale boulot sur un épineux dossier : expliquer aux troupes pourquoi il fallait fermer deux Centres Informatiques de Saisies des Données sur les cinq que comptent les Douanes.
On peut aussi citer le cabinet Vigeo, présidé par l’ancienne gloire du syndicat CFDT, Nicole Notat. Très en vogue chez les chers leaders du Cac 40, il a aussi la cote auprès de la Direction générale des Douanes emmenée par un ex de Matignon, Jérôme Fournel.
Résultat des courses pour Vigeo : une mission de prestation d’assistance pour décrocher le label « Diversité », un bidule anti-discrimination. Avec un gros chèque à l’appui ? La direction des Douanes ne communique pas sur le sujet et envoie même paître les syndicalistes maison qui s’inquiètent de ces dérives “consultanesques”.
Certaines missions confiées à des cabinets fleurent pourtant bon la poudre de perlimpinpin. Exemple levé par le syndicat Solidaires : la société Ligne de force, dirigée par un ancien judoka et spécialisée dans l’interprétation des gestes, a envoyé un document Powerpoint aux directions des Douanes de Paris, incluant celles des aéroports de Roissy et d’Orly. Des fins limiers à qui on veut apprendre à repérer les trafiquants en fonction de leur gestuelle. En criminologie, on appelle ça du "profilage" et en langage douanier, faire son boulot au quotidien.
Les communicants du cabinet Polynôme ont tiré le gros lot : la communication du programme « Cap 2012 » qui fixe la stratégie des services douaniers et vise à re-mobiliser les troupes. Avec 1 300 agents en moins sur trois ans et des objectifs qui doublent d’une année sur l’autre, les douaniers déprimeraient.
Voilà qui leur remontera le moral : « Cap 2012 » est axé autour de quatre thématiques dont la plus détonante consiste à « placer l’entreprise au cœur de notre projet stratégique » puisque « le rôle économique de la douane est de soutenir la compétitivité des entreprises ». Comme si les Douanes n’étaient qu’un vulgaire fournisseur de la multinationale France.
Outre une belle plaquette qui a dû coûter bonbon, un congrès rassemblant 1 300 douaniers à Montreuil le 10 septembre dernier, des séances de démultiplication sont prévues pour déployer Cap 2012. Késako ? Comme dans les entreprises, les cadres intermédiaires sont priés de former leurs collaborateurs. Petit problème : aux Douanes, l’encadrement renâcle. Et, foi de douanier, « ça commence à sentir la guérilla ».
Lorsqu’on dit que les douanes servent principalement à maîtriser les déficits de notre balance commerciale et qu’il s’agit d’un service public, on a tout dit.
Y compris que certains tollèrent assez mal que les troupes de fonctionnaires regardent de trop près les petits trafics des mastodontes du CAC40 en préférant qu’ils chassent les particuliers qui ramènent 3 faux Vuitton du marché de Vintimille en les faisant passer à la télé.
En somme, pour ceux que nous avons élu et qui gouvernent en notre nom, le rôle du képi est d’abord de faire de la pub gratuite pour la maroquinerie.