Dernier match de ligue des champions, secoué par la libération, moyennant une caution de 6 000 euros, du supporter ultra Santos Mirasierra ; AG des actionnaires mercredi, match contre le champion de France dimanche, l’OM se prépare à une semaine chargée…
Aujourd’hui, une première, le commando Ultra 84 ne garnira pas les travées du stade Vélodrome, l’enceinte qui accueille les matchs du plus grand club du monde, l’OM (n’en déplaise à certains), de ses 5500 fans. « Une décision assumée malgré les appels du pied de l’entraîneur Eric Gerets à venir soutenir son équipe », a confié à Bakchich, lundi en soirée l’un des représentants de l’association. Non que les résultats ou la politique sportive du club hérisse ses supporters, comme ce fut le cas dans le passé.
Le choix de manifester devant le stade résonne en un écho, un nom « Santos Mirasierra ». Le leader des ultras, emprisonné à Madrid depuis le match aller Atletico Madrid-OM du 1er octobre dernier et de sinistre mémoire. Charge de la guardia civil avant le match, cris racistes contres les joueurs de couleur de l’OM et un reporter de la LCM. Saine ambiance au Stade Vicente Calderon.
Et au final, après tant de heurts, un seul supporter marseillais arrêté, à côté du bus qui devait le ramener dans la plus belle ville du monde. Santos, franco-espagnol et non extradable. Heureux hasard. Il vient d’être libéré sous caution.
Le « kapo » avait été condamné, vendredi 5 décembre, à trois ans et demi de prison ferme, avec un casier vierge. Et des attendus de jugements plutôt biscornus… « Il n’a pas été prouvé matériellement que l’accusé a lancé la chaise qui a blessé le policier », accusation pour laquelle le supporter était incarcéré. Mais, relate l’AFP, « la juge argumente que le supporteur faisait partie d’un groupe de personnes qui jetaient des chaises du stade Vicente Calderon sur les agents. Elle invoque une jurisprudence qui "permet d’attribuer le résultat d’un acte à tous ceux qui sont intervenus pour le commettre" et condamne donc le supporteur comme "co-auteur" ». Bref si ce n’est pas toi ce sont donc tes petits copains et tu prendras pour eux. De la solidarité entre supporters…
Reste une impression diffuse du procès de vendredi. « Tout était joué d’avance, pestent les proches du supporter. On avait l’impression qu’il payait pour d’autre. Qu’il fallait un exemple ». Fort marri de constater des débordements dans ses stades, le pouvoir espagnol a récemment adopté une loi très répressive, mais peu appliquée contre les fauteurs de troubles. Et faire trinquer un supporter d’un club étranger s’avère moins risqué, au moment d’envoyer un signal, que de condamner un fan d’un club espagnol… « Sans doute », grince-t-on chez les ultras marseillais, qui ne digèrent pas le déroulement des débats. « L’interprète traduisait n’importe comment, notamment le témoignage à décharge du policier des Renseignements généraux qui connaissait Santos. Et puis il y a Me Collard ».
Arrivé sur le tard sur le dossier, quand l’avocat espagnol de Santos est un spécialiste de la défense des ultras, le conseil « à l’insu de son plein gré » s’est multiplié en déclarations fracassantes. De « Santos est le premier prisonnier politique du monde du sport » à « même au Tchad il n’aurait pas écopé d’une telle condamnation ». Aussi enlevé qu’improductif.
« Collard a été appelé pour donner un écho médiatique national à l’affaire, constatent les fans marseillais. Mais au final c’est la sévérité du verdict qui a fait l’actualité ». Une opération pas vraiment gagnant-gagnant. Et qui drape le match de ce soir d’une atmosphère toute particulière. Les récentes gloires de l’OM, Franck Ribéry ou Didier Drogba ont apporté leur soutien à Santos. Jean-Claude Gaudin, le maire de la ville et Jean-Noël Guérini, patron du conseil général ont appelé les supporters au calme. L’Atletico a renoncé à amener ses supporters.
Et Pape Diouf, l’hâbleur président du club, n’a pas raté l’occasion de sortir une longue tirade dont il est si friand. « C’est à nous de démontrer, devant l’Europe entière, que nous ne sommes pas les sauvages que certains Espagnols ont tenté de dépeindre. » Bien senti…
Peut-être le Pape réserve-t-il ses meilleurs saillies pour mercredi, et l’Assemblée générale annuelle des actionnaires de l’OM…. ou dimanche, quand se tiendra le sommet du championnat de France de football, en la ville de guignol. Marseille ira défier Lyon, leader incontesté du football français depuis sept ans au stade Gerland.
D’ici là, les ultras marseillais, « qui ne s’arrêteront que quand Santos sera revenu », peuvent fêter la libération sous caution de Santos.
Lire ou relire dans Bakchich :
DE QUI LA PEUR A T-ELLE LE VISAGE ?
En ces temps où la Grèce s’embrase socialement suite au meurtre "anecdotique" d’un adolescent,
En ces temps où l’armée Etazunienne s’apprête à intervenir sur son sol contre des "mouvements sociaux"
En ces temps où 3 ans fermes se résument, avant match de foot, à 6000 Euros de caution,
De qui la peur est-elle le visage, se demande
l’ Âne de Démocrite
En quoi la justice espagnole serait moins impartiale que la notre ?
Le monsieur accusé est bien visible dans les affrontements.
Les familles ne vont plus au stade (devenu zone de non droit ou l’on autorise tous les débordements) à cause de ce genre de personnage !
La sanction est lourde , peut etre trop , mais on ne va pas transformer la crétinerie et l’intolérance en valeur !
Faire d’un hooligan un martyr, quoi de plus imbecile ?