La Canebière pleure encore le départ de l’attaquant ivoirien. Dans « Didier Drogba, c’était pas gagné », le bondissant joueur de Chelsea se livre, et raconte son histoire d’amour avec la plus belle ville du monde.
Didier Drogba. À ces seuls sons, tout cœur de supporter marseillais s’étreint. Un refrain vient. « Didier Drogba-la-la-la », qui a enflammé les travées du stade vélodrome. À chacun de ses buts pour l’OM et encore bien après son départ. Pourtant, l’attaquant ivoirien qui évolue désormais dans le club anglais de Chelsea n’a jamais passé que 12 mois dans la plus belle ville du monde. De juin 2003 à juillet 2004. Mais comme la jalousie survit à l’amour, la passion survit au départ.
« Comme quand on aime une femme et que l’on doit s’en séparer pour une raison ou une autre, ça fait toujours mal », clamera Drogba dans sa conférence de presse d’adieux au stade vélodrome, un sombre jour de juillet 2004. Un serment d’amour au seul olympique qu’il a chéri, encore réitéré dans sa biographie, « Didier Drogba, c’était pas gagné » (Editions prolongations).
« Marseille était le club de mes rêves ». Aussi, en 2003, quand les grands clubs français lui font la cour, guère d’hésitations pour le jeune ivoirien. Direction la Canebière. Même si le président lyonnais Jean-Michel Aulas « faisait du charme à Lalla », son épouse. Il lui « avait même envoyé un bouquet de fleurs », proposait « 25 à 30 000 euros supplémentaires » par rapport au salaire avancé par Marseille. Rien n’y fait.
Le buteur pose ses valises sur le vieux port et enflamme le Vélodrome. « Je n’ai jamais retrouvé cette symbiose avec une autre ville. C’était énorme. J’avais l’impression que le stade explosait quand je marquais. Entre nous c’était devenu un jeu. On se chauffait mutuellement. J’excitais les supporters. Ils me le rendaient. Ils m’ont tout donné (…) dans ces instants-là je n’étais plus un footballeur, j’étais un avion. Je n’avais plus qu’à voler sur le terrain ». Une ferveur qui fascine.
« Florent Malouda est venu au match contre l’Inter, en coupe de l’UEFA. Il était soufflé. « Didier j’ai envie de venir aussi ». À l’époque, Malouda jouait pour le rival lyonnais…
José Mourinho, le célèbre entraîneur portugais qui recrutera plus tard Drogba, est frappé par une telle osmose entre un joueur et son public. Dans la préface qu’il signe de l’ouvrage, un souvenir affleure. Sa première rencontre avec Drogba, à l’occasion d’un match de ligue des champions entre l’OM et Porto, dont il est alors le coach. Les mots sont forts. Dans le « mythique stade vélodrome (…) Je viens à peine de m’asseoir et ce géant portant le numéro 11 a déjà marqué. Je le revois fêter ce but (…) mais aussi transformer un public qui nous était déjà hostile en une grande boule de feu, de chants et d’émotion. La folie était en place. Le bruit assourdissant ».
Et puis vint ce que l’ami Didier décrit lui-même comme la trahison. Le club choisit de le vendre. Contre « 36 millions d’euros », chiffre qui fait encore débat. « J’imaginais la notion de fidélité totale, d’appartenance à un club, à un maillot, comme Paolo Maldini au Milan AC. Lui et Milan. Drogba et Marseille. (…) Cette notion ne résonnera plus que dans mes rêves les plus fous. J’étais dégoûté de signer à Chelsea ». Il passe la visite médicale pour le club londonien « en rêvant qu’ils décèlent un problème physique ».
Las Drogba est en parfaite santé et quitte sa belle marseillaise.
Et en lisant sa biographie, les larmes n’ont pas fini de couler comme le pastis sur les joues des supporters marseillais.