OM-PSG. 2-4. La défaite était programmée pour les Marseillais. Le « Red Lion » avait cessé de servir du pastis dès la deuxième mi-temps. « Bakchich » y était.
20h30. Heureux l’automobiliste marseillais qui traverse les rues de sa cité, un soir d’OM-PSG. La ville est à lui. Au loin les clameurs du stade ou à défaut, des bars de quartier. Pas un qui n’affiche « match de l’OM en direct ». Pas un qui conserve à cette heure là une place assise. Les grands écrans sont de sortie. Direction le Red Lion, l’un de ces innombrables pubs à la déco british qui ont pullulé à Marseille depuis 1998. AU moins, le bar de la Pointe Rouge, dans les quartiers sud, peut s’enorgueillir de trois écrans plats, 4 toilettes et le titre envié de premier débit de bière de la ville.
20h45. Red Lion toujours. La pression monte, les pressions descendent. En pintes. Les écrans sont déjà branchés sur Canal+. Mais le son est toujours celui du rock bon teint, mêlé au brouhaha ambiant.Se ménagent le père avec sa fille sur les genoux, "kéké" qui se demande s’il va acheter une « mobicarte » pour appeler la « gadi » qui lui a parlé par chat Internet, et jeune branché, pantalon slim taille basse à la limite de la raie apparente mais dont la coiffure, savamment ébourriffé et gravé dans le gel, gênera la vue du grand écran à coup sûr durant le match. Un picon-bière s’il vous plait.
21 heures. Coup d’envoi du match. Une fillette, six ans tout au plus, donne le coup d’envoi du match. Entre Bakary Koné et Matthieu Valbuena, 1m60 avec le gel. Elle aussi pourra jouer attaquant à l’OM.
Le son est désormais raccord avec l’image Canal +. Mais plus que les commentaires, l’ambiance du stade. Que le bar reprend en écho. L’OM a du mal, dominé au milieu du terrain. « Et mes couilles cavale ! », sont lancés au débotté à six endroits différents du bar. Forme barque d’encouragements aux joueurs marseillais, afin qu’ils coourent plus. Mais encore aucun mouvement d’humeur…juste une frustration. Le bar, comme l’OM a du mal à rentrer dans le match.
21h09. Corner pour Paris. But de Hoarau. 1-0. « Mon vier c’est pas possible. Se prend un but par un gadjo pareil, crevette que t’y es ». L’attaquant du PSG, qui pointe à plus d’un mètre 90, ne paraît il est vrai pas trop épais. 21h21. Prendre le taureau par les cornes. Charles Kaboré, le milieu de terrain burkinabé de l’OM a manqué de briser la jambe de Sylvain Armand, le défenseur du PSG, sosie agaçant de Ron Perlman…Le moine débile du Nom de la rose. Vivats du bar « bien joué petit ». Ni faute ni carton jaune. L’atmosphère s’améliore. Un pastis s’il vous plaît. Hasard ? L’OM égalise quand l’eau atteint le dernier glaçon. Un verre précieux.
21h 45. Conservé tel un trésor, le petit jaune est prêt à baisser pavillon. Quasi vide. Une dernière gorgée. But pour l’OM. L’autre petit, Matthieu Valbuena double la mise pour l’OM après un fort joli mouvement. L’assistance est rentrée dans le match. Tous les bras se lèvent. Deux verres se renversent. Les « bien joué minots » pulullent.
Mi-temps. Pause clope. Les têtes commencent à se tourner. « Tiens il y a de la cuisse au Red, même ce soir ». Une blonde, bras dans le plâtre et décolleté béton. Léger silence Sur la terrasse face à la mer, les cigarettes s’enchaînent. Avec des sourires. Mais l’heure avance, la sanction va tomber.
22h. Reprise du match. L’OM monopolise le ballon. « Mon vier, jouez vers l’avant un peu ». Le chef de la défense marseillaise se blesse. Il se fait soigner sur la touche. Egalisation de Paris. « Sans déconner, tu le crois ça toi ? ». Gel bien structuré, lunette Dolce et Gabanna, petit pull fin rehaussé d’une chemise Agnès B. Non, je n’arrive pas à croire que ces mots viennent de sortir de la bouche de ce spécimen de « kéké marseillais » de la rue Paradis, artère la plus chic de Marseille. Et le pire est à venir.
22h20. Les grands moyens. « Gari, une mauresque ». « Désolé je peux plus servir de pastis ». La partie est finie. Paris marque le troisième but. Bientôt suivi par le quatrième une malédiction est en marche. Logique que Mandanda se troue. Marabouté le gardien de l’OM ? C’est une évidence. Tout comme le sorcier belge de Marseille Eric Gerets, qui fait rentrer Samossa, ou un nom s’approchant sur le terrain. . Le bar se vide en même temps que le stade. Les verres sonnent creux
Le Red Lion va devoir revoir ses autorisations quant au pastis. Il en va du bonheur de la ville…
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