Dieu et la Reine nous gardent des petits génies politiques ! Amis bakchichiens, méditons sur la triste fin de Tony Blair racontée par Arte (« les mercredis de l’histoire » , « la décennie Tony Blair »).
Passons sur la première partie, centrée sur les relations Blair/Brown (l’actuel Premier ministre). Tony et Gordon, deux amis qui se haïssent… Le documentaire balançait entre psychologie de comptoir et presse « people ».
Mais le sujet devenait passionnant sur le terrain international. En 1999, Blair se tire magnifiquement de la crise serbe. Il plaide pour l’intervention militaire contre Milosevic et sa dictature avec de si beaux accents humanitaires qu’il apparaît comme le vainqueur de cette guerre. Il a mouillé sa chemise, il s’est rendu au Kosovo dans les camps de réfugiés et il fait mieux que cela. Il a tenté de convaincre son ami Bill Clinton qu’en plus des bombardements sur la Serbie par les forces de l’OTAN, il fallait une intervention terrestre (« ground assault ») pour casser la résistance inattendue de Milosevic. Clinton n’avait pas envie d’envoyer des GI’s mourir pour le Kosovo. Mais Blair insiste tellement que le président américain lâche une formule menaçante dans le style « nous n’excluons aucune forme d’intervention ». Ces quelques mots suffisent pour faire capituler Milosevic…
C’est un triomphe pour Tony Blair, consacré meilleur acteur du moment sur la scène internationale. Obstiné, charmeur, impérial dans la crise…Qu’est-ce qui pourrait casser sa carrière ? Réponse : l’Irak. Là le génie se plante. Blair choisit de coller à Bush, il reprend la fable des armes de destruction massive que posséderait Saddam Hussein. Un témoin de l’époque s’en étonne encore : « Il plaidait la cause de Bush mieux que Bush et que l’administration américaine ». Un membre de son parti s’en désole : « Un premier ministre travailliste main dans la main avec un type comme Bush, on n’avait jamais vu cela ». Tony le va t’en guerre sème la désolation aussi dans l’opinion britannique qui manifeste si fort contre la guerre que Bush et Condoleeza Rice lui proposent une honnête porte de sortie : que la Grande Bretagne soutienne l’intervention politiquement et diplomatiquement mais pas militairement. Après tout, les États-Unis peuvent se passer des soldats britanniques. Mais surprise ! Blair joue les kakous et insiste, contre Bush et Rice, pour envoyer les petits gars installer la démocratie à Bassorah à coups de mitrailleuses.
C’est le début de la fin…La cote de Blair s’effondre. Il s’obstine et se plante. Il doit admettre publiquement que les armes de destruction massive n’ont jamais existé en Irak. Seule solution pour ses amis travaillistes : le virer d’autant plus vite que, sur le plan intérieur, Blair est plus droitier que jamais. Il veut augmenter follement les droits d’inscription en facs. Le Labour n’en peut plus, Gordon Brown lance la manœuvre pour obliger son « copain » à démissionner, ce qui se produit finalement en juin 2007, après dix ans de pouvoir et trois élections gagnées. Sortie piteuse ! Et documentaire finalement frustrant. Car il n’entame pas le mystère Blair. Pourquoi a-t-il pété les plombs à propos de l’Irak ? Il nous manque une explication psychologique. Ami lecteur, si tu la tiens…On peut avancer la mégalomanie du bonhomme : trop sûr de lui après le Kosovo…Mais c’est la piste religieuse qui méritait sûrement d’être évoquée. Car Blair est un calotin. De fraîche date ! Les pires …. La conversion spectaculaire de cet anglican au catholicisme (la religion de sa femme) l’a rapproché de Bush : à sa façon, c’est un « re-born » , il a connu une « renaissance » personnelle. En contact avec Dieu, Tony ne pouvait se tromper. Et il devait donc assistance et fidélité à ce George William, un type pas très malin, foncièrement réac certes mais qui avait comme lui la connexion avec le Très Haut.
Conclusion de cet échec : soit Dieu n’existe pas, soit il fait partie de l’aile gauche du Labour.