Avec « Ce soir ou jamais », France 3 tient sa « Roue de la fortune ». L’an passé, regarder le barnum de Taddeï était s’assurer d’un bon moment. C’est fini. La performance de cette émission noctambule est devenue un coup du sort. Elle est nulle ou par miracle intéressante.
A-t-on rêvé l’an dernier quand on a entendu ici l’incroyable Jean-Didier Vincent, neurobiologiste, répondre à la question : « Mais que faut-il faire de Sarkozy ? » Répondre : « Et bien le flinguer ! » C’était de la bonne télé-réalité. A l’écran, on croisait Alain Badiou, Schlomo Sand, des anars belges, …Même des salopards, qui avaient des choses à dire, et parfois drôlement.
Je soupçonne que l’on applique à Taddeï la recette qui a escamoté Frédéric Fernet de l’émission littéraire de France 5. Pour laisser la place à Busnel, un marchand d’autos de marque satisfaction. Fernet ? On l’a obligé à prendre autour de lui des pom pom girls comme Géraldine Muhlmann. Il en est mort.
Comme s’il était sponsorisé par Justin Bridou, on a l’impression que Taddeï a été contraint de saucissonner son talk show, de le saupoudrer d’interventions de supposés artistes, ou d’un préambule d’images télés qui nous indiffèrent. Une manière de dire pour une manière de voir : « Mon émission est un divertissement et si, à Dieu ne plaise, vous entendez des gros mots contre Sarkozy, n’ayez pas peur c’est pour de rire ». Dans le passé, les invités avaient l’air de sortir du bistrot et continuaient de déconner, librement, puisque nous étions encore en République. Finita la commedia, maintenant les experts se cooptent. Comme pourrait le dire un cire-pompes très aimé de Taddeï, un nommé Maffesoli : « Ce soir ou jamais » n’est plus un forum mais une tribu (c’est ce clown qui a accordé un doctorat de sociologie à Elizabeth Teissier). Taddeï se suicide aussi en invitant systématiquement de bruyants monomaniaques, dont il sait pourtant qu’ils vont saboter son émission. Comme Bernard Debré, un maître-queue, qui radote en boucle : « Jean Sakozy à l’Epad c’est vraiment épatant ». L’unique souci de Taddeï est de ne plus faire sérieux. Cruel de voir un type intelligent et cultivé contraint par ses supérieurs de se tirer une balle dans la tête en direct.
Pour nous quitter sur une notre positive, signalons l’heureux tirage du « Ce soir » du mercredi 21 octobre. Là, le spectateur ébahi a pu constater qu’Allègre, ancien ministre nul et géologue au cœur de pierre, était mille fois plus compétent en matière de « réchauffement de la planète » que le pauvre Arthus-Bertrand. Par charité chrétienne, je vous indique donc une prière qui peut aider à la rédemption de Yann : « Notre Arthus qui êtes au ciel. Restez-y. Et nous resterons sur la terre. Qui est parfois si jolie ».