Viol sur mineur et pédophilie étaient cette semaine les deux mamelles de l’audimat.
Dans « Ce soir ou jamais », émission de salut public, la belle intelligente et courageuse Gisèle Halimi stoppe le train fou. Le TGV de la sympathie des artistes exprimée à Polanski. Notre prêtresse nous ramène au dossier : viol, sodomie, drogue, le tout sur une gamine de 13 ans. Il fallait bien que quelqu’un tire le signal. Avant le rappel à la décence de Gisèle, l’unanime tapage fait autour du sort de Polanski était étonnant. Ah ! Quelle grande famille consanguine que ces artistes, jolis oiseaux qui pondent leurs œufs sur le malheur des autres. Viol au-dessus d’un nid de coucous ?
Le plus sidérant est la pétition signée par nos amis de la culture et du divertissement. Pour qualifier l’acte reproché à Polanski, le viol, ils évoquent « une affaire de mœurs »… Mœurs pas drôles. Viol à Los Angeles : Oui. Viol au Darfour : pas bien. L’argumentation est d’ajouter, « la victime ne souhaite plus la poursuite de son agresseur ». Mais qui sait que la jeune femme, contre de l’argent, a signé un papier selon lequel elle abandonne les poursuites ? Polanski a « plaidé coupable », tout en refusant d’assumer le prix du marché : la prison. Et s’est mis en cavale, voilà le scénario.
Sur la chaîne « 13e Rue », Karl Zéro, qui depuis l’affaire des supposées orgies de Toulouse, continue néanmoins de l’ouvrir, s’est embarqué dans l’affaire du Temple Solaire. Le bien nommé Zéro secouait un vieux marronnier pour voir si ne restait pas une vieille bogue sur la branche, du genre relier l’OTS aux assassinats de Henri IV et Kennedy. Interviews de dingos, de graphomanes obsédés, des sottises anciennes bricolées en neuf. Cette remontée de marécages nous a rappelé le sort fait à Michel Tabachnik, ce si doué chef d’orchestre.
Pour le plaisir de tenir un procès spectacle, un juge de Grenoble a naguère décidé que le maestro avait à voir avec les suicides du Temple Solaire. Cette accusation sans fondement va flinguer onze ans de la vie du maestro. Qui, d’une relaxe l’autre, répondant fidèlement aux convocations des tribunaux, va sortir de là rincé, mais debout et innocent. Ici, pas de pétition, pas de solidarité, pas d’indignation du magma artistique. Se réunir avec une cape sur le dos et des bougies allumées pour « méditer »… Voilà le vrai crime.
Le retour au réel est venu, hélas, de la demoiselle Le Pen, dans les « Mots Croisés » de France 2. Une Marine de guerre, pour la cause du FN, flingue un Frédéric Mitterrand qui a tout fait pour. Elle le tue en direct avec ses propres mots, extraits d’un livre de confession où le ministre décrit son plaisir à sauter des éphèbes tarifés en Thaïlande. Voilà Frédéric averti, et un inverti n’en vaut-il pas deux ? Jadis on nous demandait d’avoir tort avec Sartre plutôt que raison avec Aron. Temps bénis. Aujourd’hui il nous faut avoir raison avec une Walkyrie couleur brun. Triste époque