Canal + nous promet ce 8 novembre une plongée dans les rues marseillaises, accents à couper au couteau, voyous à surnom inclus.
Chic, un film sur Francis Vanverberghe alias « le Belge ». Un gamin du quartier de la Belle-de-Mai, à Marseille, footeux raté devenu caïd si influent que Bernard Tapie demanda sa libération auprès de deux ministres socialistes. Le parrain marseillais des années 80-90 savait se faire écouter. Une belle gueule au bras de prostituées ou de chanteuses renommées. Une bonne gueule pour organiser trafics de drogue, rackets et machines à sous. Des sales gueules pour nettoyer les clans rivaux dès les années 70. Guérini contre Zampa, Zampa contre Jacky Le Mat, le Belge et le Mat contre Zampa… Et Canal + de nous promettre, le 8 novembre, une plongée dans les rues marseillaises, accents à couper au couteau, voyous à surnom inclus. Dans le sillage de l’excellent documentaire de France 3 les Parrains de la côte (2008) ?
Las. Pas d’Anguille, de Tronche plate ou de Gros Dédé à l’écran. « Francis le Belge approche l’homme qui se cache derrière le personnage médiatique, à travers les yeux de sa fille », clame la chaîne cryptée qui s’est inspirée de Mon père Francis le Belge (éd. JC Lattès, 2005), le livre de la progéniture du bandit, Sylvie Borel. Son papa à elle est un gangster. Et son ministère n’en est que plus amer. Il est absent de sa vie, et pendant longtemps. Elle explique « être restée en prison de 8 à 17 ans », quand le parloir les sépare, lors de la plus longue incarcération du Belge.
Absent, il l’est aussi du film. Malgré la superbe de l’acteur Pio Marmaï, Francis passe comme une ombre. Ténébreuse, menaçante, inconnue. Insaisissable. La minotte n’entrevoit de son parcours que des bribes. Ici un tabassage de prostituée sous les yeux de sa femme (délicieuse Vahina Giocante), là un viol, plus loin une arrestation dans son lit, avec une pute. Ou encore l’exigence que sa fille embrasse sa chaussure. Un fantôme. Le personnage du film demeure la petite fille dont le paternel n’a jamais voulu. Et qu’il n’a jamais vraiment vue. Prison, cavale, départ de la mère avec la marmaille et mort « naturelle » (assassinat à Paris en 2000) n’ont laissé que peu de temps pour faire connaissance. Et la fille, avec le public, de rester sur sa faim.