La droite nationaliste a trouvé une nouvelle cible pour galvaniser l’hystérie anti-immigrée : les « anchor-babies » (bébés d’ancrage). Un mot péjoratif pour les nouveau-nés des sans-papiers.
La Constitution américaine ne peut être plus claire quand elle dit que « toute personne née ou naturalisée aux États-Unis et soumis à sa juridiction est un citoyen. » Il n’y a que deux exceptions : les enfants des diplomates et ceux des armées d’invasion.
Mais, le 28 Juillet, l’influent sénateur républicain Lindsay Graham (de Caroline du Sud) a annoncé qu’il propose un amendement a la Constitution pour interdire l’accord de citoyenneté automatiquement aux enfants des sans-papiers « venus ici simplement pour lâcher un bébé. » Le leader des républicains au Sénat, Mitch McConnell du Kentucky, a aussitôt déclaré son soutien et appelé une séance publique d’une commission sénatoriale pour examiner le projet d’amendement proposé par le sénateur Graham.
Dans l’Arizona, où l’Etat a fait voter le « délit de faciès », tout policier peut interpeller une personne simplement d’après la couleur de sa peau. L’auteur de cette loi raciste en a proposé une nouvelle : refuser d’émettre ou d’accepter un certificat de naissance (qui comporte automatiquement une reconnaissance de citoyenneté) si les parents sont des sans-papiers. Et des projets de loi identiques sont déjà introduits dans les Parlements locaux de Californie, Texas, Oklahoma, et Utah. Tous des Etats avec un fort nombre d’immigrés mexicains. Dans la Virginie, la droite nationaliste demande même une enquête officielle afin de déterminer si les immigrés ont une « breeding season », une saison spécifique de l’année pour faire naître leurs mômes !
Les anti-immigrés prétendent qu’une invasion de mères enceintes, inondant les urgences des hôpitaux et accouchant quelques minutes après avoir franchi la frontière, permettra aux parents des nouveau-nés d’avoir accès à tout un tas de subsides fédéraux très coûteux au contribuable et, aussi, de retarder leur déportation. C’est archi-faux, car une « réforme » draconienne de l’immigration promulguée sous Bill Clinton en 1996 a déjà proscrit presque tout les immigrants, y compris ceux qui sont des résidents permanents légaux et détenteurs de la fameuse « carte verte », de recevoir toute forme d’assistance publique. En même temps, dans le climat de xénophobie actuelle, les mères immigrées sans-papiers ont peur de chercher des soins prénataux dans les hôpitaux par peur de se faire expulser du pays ! Aussi, un citoyen doit être âgé de plus de 21 ans avant de pouvoir sponsoriser un parent pour la « carte verte », alors que les nouveaux-nés n’interrompent pas le processus d’expulsion.
Qu’importe les faits, car la chorographie de ce ballet d’hystérie contre les bambins à la peau basanée n’est qu’un cynique calcul électoral. Depuis qu’un juge fédéral a annulé le 28 juillet la nouvelle loi d’Arizona instaurant le délit de faciès, les Tea Party, le puissant mouvement populiste et nationaliste, proclame que le méchant gouvernement d’Obama à Washington écrase le droit des États et frustre la volonté du peuple. Un puissant thème mobilisateur pour les législatives de novembre. Dans les sondages, 58% des américains sont contre la citoyenneté automatique pour les enfants des sans-papiers nés sur notre sol. D’ailleurs, un des chouchous des Tea Party, Ron Paul, membre du Congrès de Texas, a proclamé qu’il s’agissait d’« un problème de sécurité nationale. » Tandis que la toujours vulgaire Sarah Palin a martelé la semaine dernière à la télévision que le Président Obama n’a pas les « cojones » (le mot espagnole pour « couilles ») pour faire respecter les lois sur l’immigration. Pour la campagne d’automne, le ton est déjà donné…