En ces temps d’école en blouse grise, de « Marseillaise » obligatoire et de distribution de médailles, un petit retour à Dolto est une bouffée d’air frais.
La dame n’avait rien d’une gauchiste. Elle vous lessivait la psychanalyse au christianisme, faisait l’examen fenêtre « à la lumière » de l’Evangile et vous terminait l’ouvrage avec un bon coup de fer à repasser lacanien. Elle vous déconseillait, chers parents, de vous montrer tout nus devant vos enfants…Horreur et régression ! Elle adorait jouer aux miracles, du genre « lève-toi et marche ! » face à un gosse cassé, qui, par la seule vertu du Verbe salvateur, se trouvait guéri. Le public adorait ces petites histoires paroissiales, qui prouvait que la grâce n’avait pas déserté notre vallée de larmes.
Mais comment ne pas s’incliner très bas quand on voit et revoit Dolto en conférence et en entretien ? Cette semaine, France 5 et Arte s’y sont mises : un documentaire signé A. de Mezamat pour la première (« Françoise Dolto parle de l’éducation », mardi soir) , un autre réalisé par Emmanuelle Nobécourt et Brigitte Simonetta sur Arte jeudi soir (« les enfants d’abord » avec Richard Berry en guide perspicace). L’enfant ne se plaît pas à l’école ? Il s’ennuie, emmerde tout le monde et joue les « affreux jojos » (sic : on ne disait pas encore « sauvageons ») ? Dolto prenait le parti des gosses et renvoyait l’école à sa rigidité, les maîtres à leurs fantasmes de puissance, les parents à leurs frustrations, l’Etat à sa volonté de formater et de calibrer. Les fameux « repères » ? Pour elle, ils étaient d’abord psychiques et non pas administratifs. De telles positions affirmées et pratiquées aujourd’hui vous classent illico dans la catégorie des « laxistes » (évidemment soixante-huitards) et quasiment de l’ultragauche…Pourtant le message de Dolto n’était pas politique. Appliqué comme des recettes par le troupeau psy, il produit des catastrophes. Il ne tient que par une formidable ouverture d’esprit et aussi ce grain de « folie » qui illuminait la mère de Dolto. « Zinzin …toc toc, je suis » répète-t-elle…C’était la psychanalyse comme on l’aime : baroque, inspirée, pas franchement rationaliste. « Chacun a choisi de naître » était un de ses postulats favoris : philosophiquement aberrant mais cliniquement génial… « Tu as choisi ta famille, tu peux partir si ça ne va pas entre nous » expliquait-elle à ses propres mômes…Elle-même avait ses trucs étonnants. Comment rester assise toute la journée dans son cabinet de psy ? se demandait-elle. Elle raconte avoir fait souvent le tour du pâté de maison à grands pas. Et puis avoir trouvé un truc plus facile : « en scandant des alexandrins à voix haute, surtout Racine, j’étais remise en état ». Essayez, vous verrez si on doit prendre au sérieux cette dame qui parlait aux bébés comme d’autres parlaient aux oiseaux, cette sainte Françoise d’Assise…
Dernier épisode de « Françoise Dolto parle de l’éducation », mardi prochain , France 5.
@ NESAUMUS Votre postdu 22/11 m’intrigue. Je m’explique : à mon humble avis, un seul point "à rapprocher" entre F Dolto, S Royal et Betancourt : leur pratique très personnelle voire atypique de rites religieux, à mon sens qui ne regardent n qu’ellles ; Aurez-vous la force de vpus faire violence à nouveau pour nous livrer "l’analyse que par flemme, vous confiez à N Beau"
Si, comme j’en ai le setiment, vous avez entendu parler de F Dolto, comme d’E Badinter, par ouï-dire, dans un mag de salle d’attente. Si vous aviez lu, par ex "Les droits de l’enfant" par Dolto ou "l’amour en plus" de Badinter ; cela pourrait vous permettre de ne plus "avoir ces personnes en odeur de sainteté" Voyez-vous, il n’est rien de plus consternant que de lire un copieux post alléguant improbablement des dires, comportements etc qui devraient m’amuser si je n’avais autant d’estime pour les 3 personnes finalement que vous dénigrez vous moquant et enfin, trop flemmarde pour faire l’analyse de ces comportements Sachez qu’à la mort de Dolto en 1988, la regrettée Jeanne Lacane s’était fendue d’un papier élogieux ? A vous lire