L’homme n’existe plus en dehors de son boulot : son travail, c’est lui. Le voisin d’atelier, celui du bureau est un ennemi auquel il faut écraser la gueule.
Vous pouviez être abonnés à Nazisme et Dialogue, à Stalinisme et Liberté, être fous, aller jusqu’à dépenser des sous dans du Minc ou du Baverez : rien à faire pour piger le capitalisme du XXIe siècle. Alors que pour comprendre, il suffisait de regarder France-3, les 207 minutes de « La mise à mort du travail », un film de Jean-Robert Viallet, diffusé les 26 et 28 octobre.
Tout là-haut, en balade entre Hollywood et Wall Sreet, il y a Henry R. Kravis. Sa fortune est estimée à 6 milliards de dollars. Un mec qui ne rigole pas avec le profit. Avec son fonds de pension, il achète des boîtes en chaîne et à crédit. Pour rembourser, et revendre au plus vite avec un colossal bonus, il faut faire pisser le fric et crever les hommes.
Le moyen, la recette fondatrice du néocapitalisme, est d’engendrer la terreur et d’en faire un système validé par des penseurs. On engage des « experts » qui coupent tout ce qui peut se rogner ; et justifient leur saignée par le bien qu’elle fait à l’homme. Pourquoi faire une pause ? Pourquoi faire trois pas alors que, sanglé à sa machine, l’homme produit bien davantage ? Mais, la succession de ces mortelles combines, et la disposition du travailleur français, l’un des plus productifs au monde, ne suffisent pas. Il faut toujours « travailler plus pour produire plus », sans davantage de fric et jusqu’à l’infarctus ; avec les accidents qui augmentent d’un quart.
Pour que ce nouvel esclavage fonctionne, il faut d’abord casser la solidarité quand elle existe encore, lui substituer l’angoisse de la solitude. Les trusts signent des contrats avec des chacals, toujours des « experts », qui viennent laminer ce qui reste d’humanité dans la firme. Lors des entretiens d’embauche, pratiqués de façon collective, ces tueurs à gages posent des questions idiotes, font faire des jeux idiots. Leur but caché est de provoquer chacun à dénoncer l’autre. Et la signature des CDD est toujours pour les plus pugnaces des délateurs.
Avec l’expansion d’une idéologie mortifère, la « responsabilisation » individuelle, ce n’est plus le « patron » que le travailleur maudit mais à lui-même qu’il en veut. Les docteurs Maousse de la nouvelle économie lui mettent dans la tête que « travailler est un devoir individuel ». Dans lequel il faut se « réaliser », exprimer tout son potentiel, son « soi » profond. L’homme n’existe plus en dehors de son boulot : son travail, c’est lui. Le voisin d’atelier, celui du bureau est un ennemi auquel il faut écraser la gueule. Ah ! L’honneur d’être déclaré « employé du mois ».
Avez-vous remarqué qu’à la télévision, tous ces jeux à la con, que TF1 aime tant, consistent à éliminer un membre du groupe ? Dans le boulot c’est maintenant comme ça. Donc, pour comprendre les suicides de France Télécom il suffit de regarder le film de Viallet, ou Koh-Lanta. La même barbarie du cannibale.
A l’heure où les modèles Fordiens sont exsangues, où le mot travail est vômi par 75% de ceux qui s’y soumettent, il est bon de savoir où les Grandes Entreprises trouvent leurs modèles
Il existe différents types de conseils, comme il existe diférents types de sociétés de conseil. Certaines participent à des actions illicitent en entreprise, comme ces "armées de consultants payés pour effacer les lignes comptables de Clearstream…" Qui mieux que ces gourous américains, bien nommés secte en france, ont pu inspirer ce modèle de délation en entreprise ? Vous avez trouvé ? Sinon la réponse est là :
https://www.rtc.org/reports/form/index.html ?locale=en_US
Faites attention, et écoutez Cantona : « Être français, est-ce que c’est parler français, chanter la Marseillaise et lire la lettre de Guy Môquet ? Non, ça c’est être con. Être français, c’est être révolutionnaire. »