Prêts à affronter "Pascal, le Grand frère", l’émission de télé réalité diffusée par TF1 ?
Si vous avez lu les œuvres complètes de Finkielkraut, sans que cela engendre un séjour à l’hôpital, vous êtes blindés. Prêts à affronter sans plus de dommages collatéraux « Pascal, le Grand frère », l’émission de télé réalité diffusée par TF1 [1].
La règle du jeu ?
Allo, monsieur TF1, je m’appelle Édith. C’est rapport à ma fille Marie qui vraiment m’insupporte grave.
On vous envoie le GIGN.
Tant que ça ?
Eh oui, le Groupe d’Intervention sur les Gamins Nerveux.
Pascal débarque chez la gentille Édith. La pauvre est encombrée d’une petite conne de 16 ans nommée Marie. Comme tous les commandos, « Le Grand frère » a sa trousse, un grand sac noir avec dedans tous les outils à réparer les gosses. Ça figure dans le contrat de confiance. En Pascal on décèle le baroudeur habitué aux pires conflits. Dès qu’il est « sur zone », vous vous dites chouette, le Grand frère va coller deux mandales à la petite Marie, qui en a bien besoin, ça va abréger l’émission. On pourra alors regarder un autre documentaire, sur un autre anthropologue : Lévi-Strauss…
Que dalle. Au GIGN Pascal n’est pas membre du service action, mais agent de la section psy. C’est lui qui parlemente avec les forcenés. Il donne de la « Marie couche toi pas là », « Marie tais-toi » de la « Marie nettoie ta chambre ». On voit que notre cow-boy, qui a d’ailleurs les jambes de Lucky Luke, est habitué à parler à l’oreille des ânes. Ça marche. Matée la gamine est mûre pour passer le reste de sa vie, dans une petite maison sans prairie, à pleurer devant « Tournez manège ».
Mais, c’est pas le tout… Voilà que la mère de David appelle le GIGN.
Fini la maisonnette avec poutres et pierres apparentes. Chez David, c’est l’Irak, du lourd, avec plein de jeunes qui trainent, aussi coiffés bizarre que mal embouchés. Sûrement de futurs criminels… « Pascal arrivera t-il à récupérer David ? » hurle un speaker de TF1, qui s’exprime, off et dans un bidet, pour donner un effet de suspense et d’angoisse à sa voix.
Face à l’ampleur du chantier, le Grand frère baisse les bras et sous-traite. Il embarque le gamin et le livre à des bidasses, pourtant adultes, mais qui jouent encore à la guerre. Des militaires, aussi ridiculement coiffés que ses potes d’Irak, accueillent le David, lui collent un treillis de camouflage et des rangers (dans mon enthousiasme j’avais oublié de vous signaler qu’il y a aussi du Bigeard en Pascal habitué aussi à niquer du rebelle).
A David, on donne l’outil rêvé de tout éducateur, un fusil. Après, le grand gamin fait le parcours du combattant, cesse d’être un civil pour devenir un homme, comme aurait bien aimé le constater le regretté adjudant Chanal. Après ça ? Fermez le taliban !
[1] diffusion du 3 novembre 2009