Les Républicains ont laissé un beau cadeau à Obama avant de quitter la Maison Blanche : un immense déficit public. Qu’il va falloir réduire…
Obama a présenté son projet de budget modificatif devant le Congrès des États-Unis. Le moins que l’on puisse dire est que l’enthousiasme ne fut pas au rendez vous. Certes, la fin de l’état de grâce était prévisible mais sur le plan économique, cette fin est venue vite. Alors que vu la situation et compte tenu de la responsabilité des Républicains dans cette situation, l’administration espérait une sorte d’union nationale, les débats ont été houleux et le plan a dû être repris à plusieurs reprises.
En particulier, le président a dû annoncer sa volonté de réduire de moitié le déficit budgétaire d’ici à la fin de son mandat. En privé, il a déclaré à plusieurs de ses interlocuteurs, qui trouvaient cet objectif peu ambitieux, que Bush avait annoncé, en 2005, qu’il laisserait un budget équilibré en quittant la Maison Blanche. Mais le déficit de sa dernière année de plein exercice a été de 450 milliards de dollars et le déficit tendanciel récupéré par les Démocrates s’élevait à 1000 milliards ! On s’oriente maintenant plus vers 1.500 milliards, soit 13% du PIB, et une réduction de moitié constituerait encore un déficit considérable. Le Trésor américain a annoncé qu’il lui faudra emprunter 3000 milliards dans les trois années à venir, somme considérable qui ne pourra en partie que se financer par la création monétaire, c’est-à-dire la bonne vieille planche à billets.
Une des conséquences de cette situation est que les économistes américains anticipent une remontée des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis de 3% aujourd’hui à 5% en fin d’année. Cela va provoquer une baisse de la valeur des obligations et donc mettre de nouveau en difficulté les compagnies d’assurance.
Ce « krach obligataire » sera en quelque sorte la cerise sur le gâteau de la crise : après les banques, on achève le travail avec les compagnies d’assurance ! Aux États-Unis, l’assureur AIG poursuit sa lente agonie, après qu’Obama en ait décidé la liquidation progressive. Face à cette inexorable descente aux enfers des finances américaines, l’administration de Washington radicalise son discours envers les grands patrons. L’annonce d’une hausse d’impôts sur les revenus de plus de 250.000 dollars annuels est supposée non seulement limiter les dégâts sur les finances publiques, mais aussi punir une classe dirigeante qui a failli.
Obama voit cette hausse confortée par une mesure prise en Californie : pour boucler le budget, le gouverneur, l’ineffable Arnold Schwarzeneger, bien que républicain, a augmenté les impôts de 14 milliards de dollars. C’est dans l’État d’où est partie la révolte fiscale en 1978 que l’on se remet à augmenter les impôts…
Ce vent d’Amérique commence à souffler en France. Les services de Bercy ont indiqué, à l’occasion de la préparation du budget rectificatif en cours d’examen au Parlement, qu’il faudrait à terme augmenter les impôts. Ils ont produit des études savantes montrant que les baisses d’impôt sur le revenu pratiquées sous Raffarin n’avaient servi à rien sur le plan économique. Aux yeux de Sarkozy, cela a fait plaisir aux habitants de Neuilly.
En outre, Obama préfère lancer un grand emprunt pour financer le plan de relance. Balladur l’avait pratiqué en son temps et cela fait toujours bien dans le paysage financier de lancer un grand emprunt. À ceux qui font remarquer au Président des États-Unis que les fonds ainsi apportés par les souscripteurs seront perdus pour la consommation, l’intéressé fait mine de ne pas comprendre. Et quand on lui dit que tant qu’à prendre de l’argent aux ménages aisés, il vaut mieux le faire sous forme d’impôts, là, il comprend parfaitement et il n’en est pas question. D’ailleurs Obama est de gauche et reçoit Gordon Brown en grande pompe : ce n’est pas forcément un exemple à suivre… !
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