Bayrou et les trotskistes

S’il est une accusation récurrente portée contre François Bayrou qui mérite d’être fortement nuancée c’est celle de « n’avoir rien fait » lors de son passage au Ministère de l’éducation Nationale de 1993 à 1997. Peu et même pas du tout de réformes éducatives certes en quatre ans mais tout de même de précieux contacts noués lors de son séjour rue de Grenelle avec la Gauche socialiste…

Et notamment avec Julien Dray ou encore David Rousset l’un des dirigeants de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France). C’est justement parce qu’il ne veut « pas d’histoires » et préserver son avenir politique que Bayrou s’applique dès lors à cultiver les meilleures relations avec le syndicat étudiant.

Ça tombe bien l’UNEF est en crise. En 1994 c’est donc Dray et ses amis de la Gauche socialiste qui prennent le contrôle de l’UNEF ID (Indépendante et démocratique) et de la très convoitée MNEF.

Problème la nouvelle direction entretient des relations exécrables avec la rue de Solferino. Si sur le plan politique la « gauche socialiste » dénonce déjà la « dérive libérale » du PS et donc l’ouverture au centre, en coulisse, on ne refuse pas les coups de mains apportés par le ministre pour conforter la position ainsi acquise.

Le problème de Bayrou à l’époque c’est moins l’illettrisme qu’une pénurie inquiétante de cadres au sein du CDS, la petite formation centriste dont il a été élu président en décembre 1994 et à laquelle il a fixé mission d’ « unifier l’archipel politique » du centre gauche et centre droit.

C’est dans ce contexte que David Rousset trésorier de l’UNEF (et militant trotskiste) n’hésitera pas à faire le VRP pour le compte du camarade Bayrou, auprès des étudiants étiquetés à droite, pour leur proposer un véritable plan de carrière : en guise d’appât présenté à ce militant proche du RPR : « Une circonscription et en attendant un boulot derrière ». Elle est pas belle la vie ?