Dans la nuit de jeudi à vendredi des profs et des étudiants occupaient la Sorbonne pour manifester leur mécontentement face aux réformes menées par Valérie Pécresse. Accompagnés de CRS.
La contestation universitaire a franchi jeudi après-midi un nouveau palier en Sorbonne. « La princesse de Clèves ne rend pas les armes », souligne un étudiant avec le sourire.
Un peu de légèreté, dans des amphis à l’ambiance lourde comme des cars de CRS. 17 camionnettes et deux bus de Police et Gendarmerie mobilisés pour mettre un peu d’animation.
Sur le coup de 19 heures, la Police fait sortir les étudiants mobilisés tout en contrôlant les identités. Un étudiant leur échappe : plusieurs policiers se retrouvent dans les fontaines de la place de la Sorbonne à essayer de l’attraper, l’un d’eux s’étale de tout son long, tous les témoins s’esclaffent, l’honneur de la police en prend un coup. Scène symbolique à l’image d’un mouvement que le gouvernement s’est avéré incapable de gérer.
Vers 20h30 des étudiants balancent depuis des fenêtres un mélange d’eau et de farine sur la police en faction qui passe du bleu au blanc. Enfin un peu d’esprit potache, qui salue une grande première. L’occupation de la fac parisienne par des ses profs…
« Simultanément, à la suite d’une assemblée générale des personnels des universités Paris I, Paris III, Paris IV et de l’EPHE, a été décidée l’occupation de la Sorbonne en réponse au mépris et à la surdité qui caractérisent depuis deux mois l’attitude du gouvernement à l’égard du plus long mouvement qui ait jamais affecté les universités et les laboratoires en France. » apprend-t-on dans le communiqué daté du 26 mars. C’est très neuf. Habituellement peu enclins à ce type d’action, les enseignants de la plus ancienne Université de France innovent. Ils sont sur les dents. « La Sorbonne, c’est notre outil de travail, on fait encore ce qu’on veut chez nous » nous glisse une prof visiblement énervée. Message transmis à Valérie Pécresse.
C’est la guerre des nerfs entre une communauté qui a l’habitude du respect et un gouvernement qui veut passer en force. « Depuis 69 ans, on a jamais vu un tel mépris pour le monde de la connaissance et du savoir de la part d’un gouvernement » déclare le président de l’Université Paris VI, Georges Molinié, en assemblée générale. Nous étions à l’époque en 1940. Une guerre des nerfs qui dure depuis le déclenchement le 2 février d’une grève illimitée dans les Universités françaises contre les réformes du statut des enseignants-chercheurs, de la formation des maîtres et du contrat doctoral, contre les suppressions d’emploi dans l’enseignement supérieur et la recherche, la précarisation des personnels et le démantèlement des organismes de recherche.
« Une réforme [LRU] idéologique et non négociée » nous déclare Maxime Lonlas, vice-président étudiant de Paris VI, « dont nous exigeons l’abandon. Nous défendons l’école de la République, le ministère met en place l’école de Wall Street ». « Ils tablent sur le pourrissement du mouvement, mais nous ne lâcherons rien, le 31 mars doivent être rendues les maquettes de diplômes au ministère. On table sur un rendu national de 5%. Pour notre part, nous organisons devant le ministère une cérémonie de non-rendu des maquettes et le festival « Sorbonne Foraine » en place de Sorbonne, avec différentes actions comme le procès public de Valérie Pécresse ».
Un procès carnavalesque qui ne risque pas d’être du goût de l’UNI (la droite universitaire) qui réclame de son côté que des plaintes soient déposées contre les « nervis d’extrême-gauche ». Il risque d’y avoir d’autres personnes à la flotte la semaine prochaine…
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
Le 22 janvier, devant un parterre d’hommes politiques, de présidents d’universités et de chefs d’entreprise, M. Nicolas Sarkozy s’est longuement exprimé sur le thème de la recherche en France. La vidéo de son discours est disponible en ligne.
Entre (…)
"critériologie"
Je ne savais même pas que ça existait. Quel affreux mot !
J’ai beau avoir lu la Princesse, j’ai mal.
"La Sorbonne, c’est notre outil de travail, on fait encore ce qu’on veut chez nous » nous glisse une prof visiblement énervée."
Je ne suis pas certain que tous les français partagent ce point de vue. C’est un peu le problème des fonctionnaires : ils considèrent que leur statut, leurs conditions de travail .. sont plus importants que la qualité du service public.
Il est vrai que quand on a la sécurité de l’emploi, on peut se permettre d’envoyer ch .. son employeur .. srtout si celui-ci est une masse informe de 60 millions de personnes …
Ben les conditions de travail et la qualité du "service", (on parle quand même d’éducation, c’est à mon sens plus qu’un service) sont directement liées.
Et, oui, si tous les gens se permettaient d’envoyer chier leur employeur, et savaient s’organiser eux-même..
Et je préfère quand même employer ( en tant que "Patron", puisque "payeur de taxe") des universitaires plutôt que des commissions.
Au ratio coup de l’emploi /utilité à la société , la marge de ce dernier est considérable !! ^^
La Ligue des droits de l’homme dénonce une nouvelle atteinte à la liberté de la presse
Depuis le 1er juillet 2008 le site Rue89 diffuse une vidéo du président Sarkozy quelques minutes avant son interview au journal de France 3. Deux de ses journalistes seront convoqués par la police judiciaire le 1er avril prochain. Communiqué de la LDH, 26 mars 2009 Deux journalistes de Rue89 sont convoqués le 1er avril par la police judiciaire. Qu’ont-ils fait ? Le site diffuse depuis le 1er juillet une vidéo du président Sarkozy quelques minutes avant son interview au journal de France 3. On le voit furieux contre un technicien qui ne lui a pas dit bonjour, rappeler à un journaliste qu’il avait protesté contre sa mise au placard, dire que les manifestations en France, ça va changer… Officiellement, l’Elysée n’a fait aucune démarche, mais dès le lendemain, l’avocat de France 3 écrivait à Rue89 en prétendant que la chaîne du service public avait des droits sur cette vidéo en tant que productrice de l’émission et entreprise de communication audiovisuelle. Il demandait la cessation immédiate de la diffusion de la vidéo, et la révélation des sources. Le site d’information n’ayant pas déféré à cette injonction, une plainte a été déposée, et il s’est trouvé un procureur de la République à Paris pour ne pas la classer sans suite. La Ligue des droits de l’Homme, qui a lancé depuis un an une réflexion sur les médias, s’inquiète de cette grave dérive : les attaques incessantes du pouvoir et de l’UMP contre la presse, la multiplication des perquisitions, gardes à vue et autres procédés pour obtenir des journalistes qu’ils livrent leurs sources sont intolérables. A cet égard, le projet de loi sur la protection des sources indique dans son dernier état qu’un journaliste ne peut être obligé de révéler ses sources. Si le président de la République veut faire valoir ses droits, il connaît le chemin des tribunaux. L’instrumentalisation d’un média public contre un média privé, et l’usage de la justice pénale contre la presse, sont inadmissibles. La Ligue des droits de l’Homme rappelle que la France est régulièrement condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme pour ses atteintes à la liberté de la presse.
Référence : http://contreinfo.info/article.php3 ?id_article=2616