Il existe plus de 1000 bases militaires américaines disséminées dans 63 pays.
Pendant son voyage-éclair à la gigantesque base militaire américaine de Bagram en Afghanistan la semaine dernière pour saluer les plus de 20.000 boys présents là-bas, Barack Obama n’a pas daigné visiter l’énorme prison qu’il a fait construire sur cette base, elle-même déjà connue comme un site de torture voire de meurtre de prisonniers.
La prison de Bagram, baptisée « Guantanamo sous stéroïdes », comprend 19 bâtiments destinés à loger 1000 détenus venant non seulement d’Afghanistan mais de tous les pays de la région, comme l’a rapporté le Los Angeles Times. L’agrandissement important de Bagram, ordonné par Obama (pour ne pas parler de la base de Kandahar qu’il a développée pour soutenir 30.000 soldats des États-Unis et de l’OTAN) remet en cause son engagement à quitter l’Afghanistan.
Bagram et son site aérien font partie de l’empire de plus de 1000 bases américaines installées dans 63 pays à travers toute la planète et dont la plupart de nos concitoyens ignorent l’existence. Avec leurs 2.300.000 hectares environ, ces bases font du Pentagone un des plus grands propriétaires terriens au monde.
Dans le seul Irak, il existe 300 bases américaines, y compris celle de Balad à 96 kilomètres de Bagdad (40.000 soldats), si grande qu’elle a sa propre ligne d’autobus pour transbahuter les militaires d’une partie a l’autre, et, comme toutes ces mégabases, ses propres fast-food (Burger King, Popeyes, etc.). Quant à la nouvelle ambassade des États-Unis dans la capitale irakienne, c’est la plus chère au monde : 745 millions de dollars pour un immense complexe bâti sur 43 hectares capable d’accueillir plus de 1000 "diplomates".
Mais le prix de l’ambassade à Bagdad sera dépassé par celui du site de la nouvelle ambassade qu’Obama fait construire à Islamabad, la capitale de Pakistan, en même temps que d’autres installations à Lahore et à Peshawar, pour un coût total de plus d’un milliard de dollars. Qui plus est, à Peshawar, les États-Unis négocient actuellement l’achat d’un hôtel cinq étoiles pour y loger leur personnel.
Comme le dit Khurshid Ahmad, un parlementaire venu de Jamaat-e-Islam, un des deux plus grands partis politiques pakistanais, « cette ambassade [à Islamabad] est bien plus grande qu’il ne fallait ; elle est destinée à la gestion à petite et grande échelle du Pakistan, et pour pousser les desseins de l’Amérique sur toute l’Asie Centrale, » une région riche en pétrole.
En Amérique Latine -source de la moitié du pétrole des Etats-Unis-, Washington intensifie massivement sa présence militaire. Les USA ont rétabli en 2008 leur Quatrième Flotte avec ses sous-marins armés de missiles nucléaires, une initiative que beaucoup voient comme une violation du Traité de Tlatelolco de 1967, qui a banni les armes nucléaire de la région.
Aujourd’hui, les États-Unis sont en train de construire sept nouvelles bases navales, aériennes, et militaires en Colombie, y compris la base aérienne gigantesque de Palanquero, dont les hangars sont capables d’accueillir 100 avions, qui pourraient éventuellement servir à transporter armes et personnel en Afrique via la Guyane française et les îles caribéennes d’Ascension (britannique) et d’Aruba (néerlandaise) auquel les Etats-Unis ont accès. Selon le Conseil d’État de la Colombie, un organisme constitutionnel indépendant, les immunités accordées aux soldats américains de ces sept bases et signées par le président colombien sont des violations de la Convention de Genève de 1961. On trouve des bases américaines importantes à Kuwait, au Qatar, au Kirghisztan, en Ouzbékistan, au Philippines, à Okinawa au Japon, et à Djibouti en Somalie…la liste est longue.
Comme le souligne un nouveau et important livre d’essais préparé sous l’égide de l‘Institut Watson des Affaires Étrangères de la prestigieuse Brown Université, « The Bases of Empire : The Global Struggle Against U.S. Military Posts, » les peuples indigènes sont toujours en majorité opposés à la création de ces bases, qui ont pour eux des conséquences néfastes. Mais les États-Unis n’ont jamais signé le traité de l’ONU sur les Droits des Peuples Indigènes, et Obama ne semble pas pressé de le faire.
Jadis, on mesurait l’ampleur d’un empire par le nombre de ses colonies. Aujourd’hui, c’est par le nombre de ses bases qu’on peut évaluer quantitativement le pouvoir impérial d’un pays. Mais la plupart des Américains ignorent que leur pouvoir global est militarisé et maintenu par cet empire de bases, dont bon nombre sont secrètes et n’apparaissent pas sur la liste officielle fournie par la Pentagone. Ainsi, mes concitoyens restent ignorants du renforcement du pouvoir du complexe militaro-industriel par les sommes faramineuses dépensées pour ces bases. Et n’ont donc pas conscience non plus que le Prix Nobel de la Paix Barack Obama, comme son prédécesseur George W. Bush, continue d’accroître ce pouvoir funeste.
Les chroniques américaines de Doug Ireland pour Bakchich :
C’est sûr qu’après une telle description du gigantisme militaro-business américain pour piquer le pétrole partout où il se trouve et tester ses armes à l’occasion, on se demande bien ce que notre talonnettes-boy est venu faire à Washington.
Proposer sans doute au Super Prix Nobel de la Paix, d’envoyer Valérie Damidot et son équipe chez Ben’s Chili Bowl pour changer la déco ! Parce sinon, je ne vois vraiment pas quoi d’autre…