La réforme du système de santé américain voulue par Obama donne la part belle aux assureurs privés.
"Cette loi n’est pas une reforme de la santé, qui reste à faire", a déclaré Howard Dean, médecin et président du Parti démocrate pendant la campagne présidentielle d’Obama, après le vote du Congrès du 21 mars en faveur du projet de loi du président.
Selon l’économiste Robert Reich, ancien ministre du Travail de Clinton, « ne croyez pas celui qui dit que la loi d’Obama sur la santé est la marque d’un retour vers le New Deal » de Franklin D. Roosevelt, car « cette loi est très conservatrice, érigée sur les principes du Parti Republicain, pas ceux du New Deal. »
Et le vétéran chroniqueur politique du Washington Post, E.J. Dionne, sous le titre « Pourquoi les Démocrates se battent pour un plan de santé républicain » souligne que cette « réforme » obamaienne est « basée sur une série de principes que les républicains ont soutenu pendant des années. »
Ils ont raison, car Obama a fait voter, pour la première fois, une loi pour consolider et étendre le monopole des assurances privées et contraindre chaque Américain à y souscrire sous peine d’être frappé d’une forte amende, levée par le fisc fédéral !
Des dizaines de millions de citoyens de la classe moyenne seront obligés d’acheter des assurances qui coûteront jusqu’à 9,5% de leur revenu, mais, en ne couvrant que 70% de leurs dépenses médicales, les rendront vulnérables à la ruine s’ils tombent sérieusement malades. Beaucoup d’entre eux n’auront pas les moyens de payer. Depuis dix ans, les salaires de la plupart des Américains ont stagné ou baissé, tandis que les profits des monopoles d’assurances ont augmenté de 480%. Ce qui n’empêche pas la « réforme » d’Obama de faire un cadeau de 447 milliards de dollars du contribuable à ces monopoles (avec des subsides pour certains pauvres qui se paieront une couverture partielle et de mauvaise qualité).
Qui plus est, la « réforme » n’impose aucune limite aux tarifs des assureurs, qui ne seront même pas concurrencés par une couverture à but non lucratif offerte par le gouvernement. La semaine dernière, le spécialiste santé du New York Times, David Kirkpatrick, a confirmé sur MSNBC qu’il y avait eu un accord secret l’été dernier entre la Maison Blanche et les industriels de la santé sur l’absence d’assurance gouvernementale dans le texte final de la « réforme ». Tandis qu’Obama, en public, faisait semblant d’être pour !
Il y a 45,7 millions d’Américains qui n’ont pas d’assurance santé, mais la « réforme » ne sera étendue qu’à 31 millions, et ses clauses les plus importantes ne prendront effet qu’en 2014, soit deux ans après le prochain -et dernier- rendez-vous d’Obama avec ses électeurs. Les malades doivent attendre et grâce a cette « réforme », la santé restera un privilège, pas un droit.
Les chroniques américaines de Doug Ireland pour Bakchich :