Des milliers d’étudiants angoissent pour l’obtention de leurs diplômes et examens. Qu’ils se rassurent, il existe des moyens de les avoir à coup sûr. Enquête sur les faux-vrais diplômes à l’université, et à l’export.
Révélée il y a quelques semaines par Le Monde, l’affaire des faux diplômes délivrés par l’université de Toulon à des étudiants chinois a jeté un froid dans la communauté universitaire. On apprenait ainsi, selon l’enquête en cours au parquet de Marseille, que moyennant de coquettes sommes d’argent, certains étudiants de l’Empire du milieu obtenaient leurs diplômes parfois sans même parler le Français. Aussitôt, le ministère était monté au créneau pour dénoncer ces éventuelles dérives mais aussi et surtout pour circonscrire l’incendie. « Il n’est pas question qu’il puisse y avoir en France le moindre soupçon sur la valeur de nos diplômes » affirmait ainsi Valérie Pécresse.
Pourtant, comme le rapporte un enseignant d’une petite université du sud de la France : « Toulon, C’est l’arbre qui cache la forêt ».
Certes, le cas de Toulon est sans doute, en partie, exceptionnel en ce qu’il semble relever d’un système d’organisation quasi mafieux mais la pratique consistant à monnayer des diplômes à des étudiants étrangers pour renflouer les caisses des universités voire pour permettre à certains professeurs d’améliorer leur ordinaire par des petits arrangements est lui très répandu selon plusieurs témoignages recueillis par Bakchich. Clermont1, Pau, La Rochelle, Poitiers… Autant de facs où ces combines ont prospéré et sur lesquelles les autorités de tutelles ont pudiquement décidé de fermer les yeux.
Au départ, rien que des bonnes intentions. Pour survivre dans un contexte de concurrence généralisée entre les facs, en France mais aussi à l’international, les petites facs ont multiplié les partenariats avec des universités étrangères. « Avec 270 universités partenaires dans 52 pays du monde, l’Université de Poitiers met en place une politique résolument tournée vers l’international » annonce ainsi fièrement la modeste fac de Poitiers sur son site. De Kiev à Shanghai en passant par Madagascar, ces facs ont déployé une belle énergie à tisser des relations avec les universités du monde entier. Et pas par pur amour des échanges entre les peuples.
« Nous savons bien que ces partenariats ont pour unique but de rapporter de l’argent », tranche une enseignante désabusée de Poitiers. Comment ? « D’abord parce qu’avec la LRU, dite d’autonomie des universités, plus vous avez d’étudiants, plus vous recevez de subventions du ministère », explique-t-elle. « C’est donc un moyen très simple de remplir nos amphis alors que nos effectifs ne cessent de dégringoler » renchérit un collègue de la fac de La Rochelle. « De plus, souligne la prof de Poitiers, ce sont des étudiants qui ne sont pas habitués à payer 300 euros de frais de scolarité pour obtenir un Master mais plutôt 8000 à 10 000 euros ». Il serait donc dommage de ne pas les faire passer à la caisse, par un biais ou par un autre. Et c’est là que le grand n’importe quoi commence.
Officiellement, l’université envoie un collectif d’enseignants sur place pour délivrer des diplômes délocalisés. Ceux-ci doivent avoir la même valeur et donc le même contenu que ceux délivrés sur place. Sauf qu’en pratique, les choses se passent rarement comme cela. « Pour des raisons de coûts, nous dit-on, il ne peut pas y avoir de jury sur place. Un seul enseignant est envoyé et a l’entière main mise sur ce diplôme, indique un enseignant de gestion. Les conventions ne sont, comme par hasard, jamais détaillées. Résultat, on me demande de valider des diplômes sur lesquels j’ai de sérieux doutes et pour des étudiants que je n’ai jamais vu ». Pour se faire rémunérer en échange de ces diplômes très largement octroyés, ces émissaires mettent parfois en place des montages financiers douteux. « On s’appuie sur un réseau d’associations locales pour compléter les frais officiels de scolarité » avoue benoîtement un enseignant du centre de la France. En Asie, un responsable de ces diplômes avait même monté une société bidon où travaillait sa femme, laquelle n’avait à priori aucune compétence en marketing, la matière enseignée.
« Ce système est en train de se généraliser pour la bonne raison qu’il y a un vrai marché de l’éducation et que les diplômes français restent prisés » , s’inquiète un enseignant de La Rochelle qui rapporte, quand même, que dans son université des voix se sont élevées pour moraliser le système. Récemment, l’ordre des experts-comptables s’est également ému auprès du ministère, de la délocalisation des "Masters comptabilité" au Maroc. Il leur avait semblé étonnant que ces comptables, embauchés à bac+5, ne sachent pas écrire une ligne en français. Le ministère qui a déjà présenté l’an dernier une charte de bonne conduite en matière de délocalisation de diplômes, avec le succès que l’on sait, planche actuellement sur un label qualité. On respire : tout est sous contrôle.
« Le problème c’est que ce système arrange tout le monde », explique un enseignant « dans les villes moyennes, les universités font vivre l’économie locale ; les élus n’ont aucun intérêt à ce que ce type d’affaires sorte ». Force est de constater que les rapports des cours des comptes régionales qui pointent depuis quelques années d’étranges dysfonctionnements sont généralement enterrés. La presse locale, embarrassée, fait mine de ne rien voir. « Au ministère, on a l’impression qu’ils se disent : on ferme les yeux et vous acceptez notre réforme ». Pour cet autre enseignant, ce système a trouvé à la fac un terreau favorable parce « l’université est pauvre, que c’est est un milieu très individualiste où les mécanismes de gouvernance et de contrôle des activités de chacun est très faible ».
Lire ou relire sur Bakchich :
Le 22 janvier, devant un parterre d’hommes politiques, de présidents d’universités et de chefs d’entreprise, M. Nicolas Sarkozy s’est longuement exprimé sur le thème de la recherche en France. La vidéo de son discours est disponible en ligne.
Entre (…)
Bonjour Bakchich,
juste un petit mot pour vous signifier que, contrairement à ce que vous écrivez, ce n’est pas Le Monde qui a "sorti" cette affaire mais le quotidien Var-matin, pour lequel je travaille. Vous avez sûrement été trompés par la dépêche de Reuters qui reprenait l’article du Monde… qui ne nous citait pas.
Confraternellement,
Gébé
Nancy, reste toujours une mafia pour ce qui est des diplomes. La fac de Droit est un exemple typique…notation canapée, échanges de bons procédés (enseignants qui sont aussi notaires ou avocats et étudiants), des enseignants qui communiquent les copies avant, qui communiquement les notes avant, qui s’arrangent pour les résultats (seuls 2 étudiants d’un master de 40 n’ont pas leur année ? allez, je les augmente un peu, comme çà j’ai pas besoin de préparer de rattrapage)…
Sinon, pour acheter un diplome, n’importe qui peut le faire : http://www.france163.com/