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In memoriam, les IUT…

What the fac ! / lundi 2 février 2009 par Anaëlle Verzaux
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Pendant que les enseignants-chercheurs protestent ce lundi pour la défense de leur statut, les IUT, un des derniers outils de promotion sociale, risquent de disparaître dans l’indifférence générale.

Les facs françaises sont atteintes du syndrome de Shanghai. Un classement chinois qui note les universités selon des critères de recherche, et dans lequel la France ne brille guère : en 2008, la première université française ne pointe qu’en 42ème position.

Pourtant, ce classement est très « médiatisé » dans les universités françaises. Car malgré ses mauvais résultats, les critères retenus par la Chine, valorisent nos facultés. Oui oui, à cause des résultats, plus catastrophiques encore, de leur deuxième mission, la formation. En dehors de quelques rares filières, nos facs ne forment en effet plus les élites, la majeure partie des étudiants jugés de qualité – et accessoirement en ayant les moyens financiers –, privilégiant les « grandes écoles ». Très rares sont les universités capables de résister à la concurrence des écoles de commerce par exemple, qui proposent de réels débouchés professionnels à leurs élèves.

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© Oliv’

L’un des responsables de l’ENS de Cachan le constate avec regret. L’université «  n’est plus capable que de former des chercheurs pour l’université, c’est-à-dire des débouchés pour seulement quelques dizaines d’étudiants par an ». « Les mentalités ont mis trop de temps à évoluer, nous avons manqué le coche de la formation professionnelle, celle qui intéresse les bons élèves ». Seules exceptions, les facs de droit, de médecine et de pharmacie.

Loin de rattraper le « retard » des facs sur les écoles, l’application de la Loi sur l’Autonomie des Universités, la fameuse LRU, risque de marginaliser davantage encore la formation. En effet, la plupart des universités ont plus d’intérêts, à court terme en tout cas, à mettre le paquet sur la recherche. Maîtres de conférence et Professeurs qui ne publient pas risquent donc de voir leur temps d’enseignement augmenter, pour que les chercheurs puissent se consacrer à leurs articles. En deux mots, les élèves se retrouveront devant les moins motivés des enseignants.

Quid des IUT ?

Dans ce cadre, les 115 IUT (Instituts Universitaires de Technologie) – départements des universités – sont les vilains petits canards.

Car, et ce sont les professionnels eux-mêmes qui l’affirment, depuis 42 ans, ils n’ont cessé d’être très bons en formation. Entre 80 et 90 % des inscrits à l’IUT en sortent un diplôme en main, pour seulement 20 % des inscrits à la fac. « Depuis 42 ans les IUT sont devenus les filières d’excellence des classes sociales défavorisées », affirme Marcel Gindre, le patron de l’IUT de Cergy-Pontoise.

Sans compter que les responsables des facs, en général, n’apprécient guère les IUT, pour la même raison qu’ils souhaitent la mort des classes préparatoires : l’aspect select et prépa aux grandes écoles. Car ces Instituts sont les classes préparatoires des plus défavorisés, des vecteurs clefs de la promotion sociale. Une valeur plutôt malmenée ces derniers temps… Mais, alors que les IUT sont peu respectés, voire « méprisés » par nombre d’universitaires, ils sont en revanche appréciés, voire plébiscités par les parents et les étudiants – comme le montrent les études IFOP faites chaque année par les IUT.

Mais les vilains canetons ont également leur tendon d’Achille. Ils coûtent chers, car offrent un taux d’encadrement élevé à leurs élèves (6 heures de cours par jour en moyenne par classe, contre 2 à 3 à la faculté). Et surtout, ils n’ont a priori pas d’obligation de recherche, la clé de la légitimité de l’université pour les années à venir.

Du coup, pour préserver les IUT, jusqu’à l’application de la réforme LRU, leur budget était « fléché ». C’est-à-dire que les universités ne pouvaient pas toucher aux enveloppes qui leur étaient destinées. Depuis le 1er janvier 2009, ces enveloppes sont agrégées au budget de l’université, qui peut décider d’en faire ce qu’elle veut. Or, comme les budgets alloués aux universités se réduisent, il est fort à parier que leurs présidents vont croquer dedans. Et casser du même coup l’un des derniers outils de promotion sociale. Le Président de la République, qui a choisi l’Ecole Polytechnique pour faire son discours sur la promotion sociale, donne finalement raison aux Présidents qui s’apprêtent à rogner le budget des IUT. Qui l’eût cru ?

Lire ou relire dans Bakchich :

Avant son discours, jeudi, sur la réforme du statut des enseignants-chercheurs, retour sur une rentrée dense pour une ministre née chiraquienne, épanouie en Sarkozie.
Si la rumeur voulant que les bars pékinois soient fermés aux Noirs et aux Mongols pendant les Jeux olympiques n’a pas pu être confirmée, il n’en demeure pas moins que les professeurs d’anglais issus de pays africains sont bannis des universités (…)
Les petits bizuts grenoblois de la fac de médecine se morfondent depuis que leurs cours en amphi ont été remplacés par des enregistrements. Etat des lieux deux ans après la réforme du futur.
Mauvaises pensées d’un « fonctionnaire » de la pensée : un prof

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  • In memoriam, les IUT…
    le samedi 7 mars 2009 à 00:09, Ahtyah a dit :

    Bonsoir, je remercie Bakchich pour sa synthèse éclairée de la situation..

    Je suis actuellement en IUT à Amiens. Je voudrais réagir en ce qui concerne les différences entre l’IUT et la fac. Chacun à ses défauts et qualités.

    L’IUT permet un meilleurs encadrement, plus de matériel et de pratique en plus petits groupes.Combiné avec beaucoup plus d’heures, cela permet une grande acquisition de connaissance et de savoir faire.

    Neanmoins,la plupart des étudiant restent très passifs. Et quelques uns restent en cours "pour la feuille de présence"

    L’université permet aux élèves de se responsabiliser et de se prendre en main, d’avoir des initiatives.

    On gagnerait beaucoup à faire un mélange de ces deux modèles, un plus grand nombre de cours et de professeurs pour l’université.

    Mais pour cela, il faut des crédits…

  • In memoriam, les IUT…
    le vendredi 27 février 2009 à 04:00, Emmanuel Gilquin a dit :
    Confier les IUT aux Universités traditionnelles, c’est comme confier Cosette aux Thénardiers.Vers les années 1968, les inspecteurs généraux de l’Enseignement technique ont du céder des classes de techniciens supérieurs pour en faire des IUT. En juin 1970, L’IG René Basquin qui dirigeait l’ENS CACHAN me dit : "je vous pardonne Gilquin ; vous allez fonder l’IUT d’Informatique de Villetaneuse, et il n’y a pas de STS d’informatique.Mais vous verrez que l’Université ne supportera pas ce greffon étranger. Ils n’aiment pas les étudiants. C’est pourquoi la Convention, puis Bonaparte ont créé les Grandes Ecoles. C’est pourquoi l’Abbé Grégoire, le défenseur des Juifs et les Noirs, a jugé bon de protéger la formation professionnelle en créant le CNAM". Emmanuel Gilquin, 38 ans à Villetaneuse.
  • In memoriam, les IUT…
    le vendredi 6 février 2009 à 16:09, La directrice des études a dit :

    Les IUT ne vont jms disparaitre. Ca marche bcp trop bien pr qu’on en arrive à ce point ! Et ce n’est pas ds l’intérêt du gouvernement de les supprimer..

    Le problème est ailleurs.

  • In memoriam, les IUT…
    le mardi 3 février 2009 à 11:26, bug43 a dit :
    Vacataire dans un iut gea, je dois témoigner du fait que certains de nos étudiants nous arrivent après des déconvenues à la fac (manque d’encadrement, contenus inappropriés…) et que nous leur offrons une structure qui les encadre, les guide, les aide à voir clair dans leur motivations, leurs éventuelles poursuites d’études, leur avenir professionnel. Des programmes comme les PPP (projets professionnels personnalisés) les aide à se trouver, et oui ils ont moins de 20 ans et leurs parents n’ont pas toutes les réponses à leurs questions professionnelles. Et nous sommes de nombreux professionnels à partager nos expériences avec ces jeunes. Pour ce qui est des bacs généralistes, il est vrai que nous recrutons beaucoup de bacs compta,(gestion des administrations et des entreprises c’est cela gea). Nous sommes un débouché logique pour ces jeunes et un tremplin avant leurs choix définitifs. Tout le monde reconnait la grande qualité de la formation. Sauf ceux qui ont envie de la casser…
  • In memoriam, les IUT…
    le mardi 3 février 2009 à 07:42, tania a dit :
    Les IUT sont aussi une école de la seconde chance, pour les ados comme pour les adultes. A 45 ans j’ai passé mon DAEU (Diplome d’Accès aux Etudes Universitaires) et sans les cours du soir de l’IUT, je n’aurais jamais retrouvé un emploi correspondant à mes attentes et un CDI. Alors restons vigilants.
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