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La fac sans son Toulon d’Achille

Incroyable Toulon / mardi 27 octobre 2009 par Jean-Baptiste Malet
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Depuis la suspension de l’ex-mandarin et deux de ses vice-présidents, une irréductible équipe animée de l’énergie du désespoir s’agite toujours sur le campus toulonnais pour tenter de sauver ce qui peut l’être.

Laroussi Oueslati, président de l’université de Toulon, et Pierre Sanz de Alba, vice-président du conseil d’administration et Yves Lucas, Vice-Président du conseil des études et de la vie universitaire ont été suspendus, lundi 19 octobre, de leurs fonctions électives par la ministre de l’Enseignement supérieur.

Valérie Pécresse a ainsi tiré les conséquences d’un rapport complémentaire de la mission de l’Inspection générale de l’administration de l’Education nationale qu’elle avait requis à la suite de "présomptions de dysfonctionnements consécutifs à la décision de lancement d’une procédure disciplinaire" contre le président de l’université de Toulon dans le cadre d’une enquête sur un éventuel trafic de diplômes dans l’université.

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La riposte

En Ingémédia (Institut d’ingénierie des médias), une Assemblée Générale (AG) a été organisée par des professeurs pour restaurer l’image des suspendus… et lessiver le cerveau des étudiants. «  L’AG ressemblait à de la pure propagande, confie Yoann, inscrit en master. Cela a peut-être fonctionné avec les étudiants qui ne lisent pas la presse, mais pour les autres, c’était grotesque. Des profs dont les cours abordent d’habitude la presse nous ont cette fois parlé de la "désinformation des médias" et de "complot". J’étais déçu de les voir aussi bidons. »

« Il y a des moutons pour signer »

Autre bastion retranché de la garde Oueslatienne, la fac de Droit. Des profs y font signer une curieuse pétition. « Après avoir semé le trouble et la division au sein de l’université, Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur, suspend l’équipe présidentielle et signe la disparition de notre université. Nous, personnel de l’USTV (université du Sud Toulon Var), exigeons la réintégration immédiate de notre président Laroussi Oueslati et de nos deux vice présidents : Pierre Sanz de Alba et Yves Lucas ». Un autre étudiant commente discrètement sur le parvis de la fac « J’ai demandé à mon prof si j’allais avoir une meilleure moyenne une fois la pétition signée, histoire de rigoler, mais ça ne l’a pas fait rire du tout. Ils veulent un maximum de signatures et il y a pas mal de moutons pour signer, parce qu’ils ne veulent pas être mal vus ». Mais selon Claude Chesnaud, syndicaliste UNSA, « cette pétition est le fait d’une minorité et n’aura aucune portée ».

La fac n’aura été orpheline de sa présidence que cinq jours. Vendredi 23 octobre, un homme s’est inscrit en faux contre le fond de cette pétition. À peine nommé par Valérie Pécresse « administrateur provisoire » de l’USTV afin de « rétablir la sérénité à l’université(…) pour lui permettre de fonctionner normalement », Philippe Tchatmitchian a organisé une rencontre réservée à la communauté universitaire. Bakchich y était (voir encadré)

Verbatim

« C’est beaucoup plus grave que d’avoir détourné quelques dizaines de milliers d’euros »

« Il est très important de ne pas sous estimer la gravité des faits relatifs à l’admission d’étudiants étrangers. Parce que ce qui a été fait, quelque soit les responsables, remets en cause la valeur des diplômes et le principe de reconnaissance. Dès l’instant que vous avez des gens qui sont admis en M2, alors qu’ils ont échoué avec une note indécente en L1 ; que leur dossier ne contient pas la moindre attestation du moindre diplôme français ou étranger d’un niveau à peu près équivalent à celui d’un M1 ; et bien vous bafouez la valeur des diplômes. Il y a remise en cause du principe d’égalité du traitement des étudiants. Prenons l’exemple des étudiants qui ont été refusés à l’entrée en M2 de tel ou tel niveau, en ayant suivi la voie normale, et donc en ayant passé une Licence 1, 2, 3, Master 1. Ces étudiants ont présenté un dossier, leur dossier était moins bon que d’autres, et ils ont été recalés. Puis… d’autres arrivent. Qui n’ont absolument pas dans leur dossier les mêmes garanties de nature académique. Et bien dans ce cas là, le moins que le puissent dire est qu’ils ne sont pas traités sur un principe d’égalité. Le principe d’égalité de traitement est bafoué.

Enfin, l’acte pédagogique lui même est profondément déstabilisé. Imaginez ce que c’est que d’enseigner dans un cours ou vous voyez arriver des étudiants de niveau très hétérogènes, qui arrivent à tout moment de l’année. Imaginez l’effet produit dans une promotion d’étudiants lors qu’ils voient des camarades arriver d’une filière qui échappe aux mêmes critères que ceux auxquels ils ont du se soumettre.

Cet ensemble d’atteinte aux principes touche droit le cœur de notre métier, le cœur de nos missions. C’est en cela que c’est grave. C’est beaucoup plus grave qu’une malversation entre guillemet « banale ». C’est beaucoup plus grave que d’avoir détourné quelques dizaines de milliers d’euros ! Parce que cela touche l’essence de notre mission de formation. Parce que cela touche les principes du service public. »

Le nouveau président a donc fustigé les pratiques de l’ancienne présidence Oueslati, tout en rappelant qu’il n’était « ni juge, ni procureur ». Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, il a été président de l’Université Paul Cézanne d’Aix-Marseille de 2005 à 2008.

« Le président n’est pas là pour soumettre l’établissement dont il a la charge à ses caprices et à ses vues personnelles » a même lancé Tchatmitchian à une personnalité de l’administration, avant d’être applaudi. À la sortie de l’amphi, une phrase revenait sur toutes les lèvres : « L’entendre fait du bien ».

Si le calme semble revenu pour six mois dans la fac de Toulon, une incertitude demeure. Le sort que réservera la commission disciplinaire aux trois suspendus. Une instance délocalisée pour l’occasion dans une autre université, afin de ne pas prolonger les spasmes. Pour Gilles Suchey, prof à l’IUT « Avec ce que vient de dire Tchatmitchian, ce serait incroyable de retrouver dans six mois Oueslati à la même place ». Mais une chose est sûre, Oueslati, lui, croit à l’incroyable. « Vous verrez ! a-t-il lancé vendredi soir en marchant seul dans la nuit du campus. Tout ça n’est qu’une cabale menée contre moi. »

Apparemment, le président suspendu n’aurait pas goûté nos derniers articles consacrés à ses petites manip’ pour éloigner les témoins gênants, dans un aimable message il vient de menacer Bakchich d’un procès pour «  injures ».

A lire ou relire sur Bakchich.info :

Laroussi Oueslati, ex-président de l’Université du Sud Toulon Var et bientôt ex-conseiller régional PRG, rejoindra-t-il les grandes figures magouillardes du panthéon toulonnais ?
Valérie Pécresse a débarqué Laroussi Oueslati, le président de la fac de Toulon mis en cause dans le cadre d’une enquête sur un supposé trafic de diplômes au bénéfice d’étudiants chinois.
Gestion hasardeuse, partenariats suspects en Europe de l’Est, la fac d’Auvergne présentée par Pécresse comme un modèle a quelques cadavres dans ses placards.
Des milliers d’étudiants angoissent pour l’obtention de leurs diplômes et examens. Qu’ils se rassurent, il existe des moyens de les avoir à coup sûr. Enquête sur les faux-vrais diplômes à l’université, et à (…)

Le 22 janvier, devant un parterre d’hommes politiques, de présidents d’universités et de chefs d’entreprise, M. Nicolas Sarkozy s’est longuement exprimé sur le thème de la recherche en France. La vidéo de son discours est disponible en ligne.

Entre (…)


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9 MESSAGES
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Forum

  • La fac sans son Toulon d’Achille
    le vendredi 5 février 2010 à 21:37
    Comment se fait-il que l’on ne se soit pas intéressé à l’Université Paul Cézanne où il y a eu non pas une affaire d’étudiants chinois dans des DU mais plusieurs affaires qui ont été traitées en grande urgence et en catastrophe en décembre dernier par la dissolution d’une UFR et la nomination d’une directrice aux relations internationales, nomination faite en 72h pendant un week-end parution du poste, entretien et nomination tout compris (fin juin 2009). Par exemple, dans l’UFR dissoute spécialisée dans l’enseignement du français langue étrangère….une UFR où il n’y a qu’un seul professeur permanent et aucune recherche !…, des étudiants chinois ont payé jusqu’à 3500€ pour avoir une formation au DU Presse Magazine, formation qu’ils n’ont jamais eues en ce sens qu’elle n’était pas conforme à celle pour lesquelles ils avaient acquittés des droits d’inscription. Aucun jury, aucune épreuve, aucun affichage de résultats…. Autre exemple, que font certains de ces étudiants chinois à Suze la Rousse dans la Drôme à l’Université du vin ?
  • Clermont-Ferrand comme Toulon ?
    le vendredi 1er janvier 2010 à 02:13
    Valérie Pecresse est saisie, par un journaliste auvergnat, d’un "encouragement" à faire inspecter l’IAE de l’Université d’Auvergne ( Clermont Ferrand), et particulièrement les conditions financières d’admission des étudiants chinois en Master 2 - source Le Post
  • La fac sans son Toulon d’Achille
    le samedi 31 octobre 2009 à 19:57, N. a dit :

    Bonjour à tous,

    je tenais juste à donner l’avis d’une personne présente dans la salle lors de la réunion d’Ingémédia (ce qui n’était pas le cas de votre reporter, à ce que j’ai pu voir…), puisqu’on donne uniquement les propos d’un étudiant, sur les 500 que compte l’UFR.

    Cette réunion a été organisée pour rassurer des étudiants inquiets sur leur avenir et sur la prise en compte de leurs diplômes. Les enseignants sont revenus sur bien d’autres sujets que simplement faire de la propagande sur la situation du Président (bien que certes il l’ait défendu), mais ont aussi parlé des problèmes de tests de langue, des consignes données par le Ministère…

    Je trouve ce texte quelque peu paritaire, pour utiliser un doux euphémisme, et ne reflétant pas la situation que j’ai pu vivre.

    Je trouve aussi déplorable de s’en prendre à la femme et aux enfants, si on devait s’en prendre à tous les couples de la fac, autant créer une situation d’expulsion pour les conjoints…

    Quand au chapeau de votre texte il est faux, M. Oueslati n’est pas parti pour cause de trafic de faux diplômes, ce n’est du moins pas la formulation judiciaire, or la sémantique me semble important lorsqu’on parle sujet en lien avec du judiciaire…

    La prise de position ne me dérange pas, sinon on vivrait dans un monde mou, si elle est pertinente et objective,

    Cordialement, N.

  • La fac sans son Toulon d’Achille
    le mercredi 28 octobre 2009 à 12:26, PV a dit :

    Bonjour,

    Le nouvel homme fort de l’Université fait souffler un vent d’espoir parmi la majorité des personnels, prémices de tempête pour ceux qui ont construit un système coercitif, étouffant et clientéliste.

    Mais attention aux effets collatéraux : certaines collusions entre l’ex homme fort de l’université et des représentants syndicaux locaux, pourraient déboucher sur des collisions peut être salvatrices.

    Il n’y a pas pire que l’individu qui a profité d’un système opaque, pour sa carrière et celle de ses amis, et qui se convertit à la droiture et à la transparence.

    Cordialement.

  • La fac sans son Toulon d’Achille
    le mercredi 28 octobre 2009 à 09:54, Chesnaud Claude a dit :

    Bonjour,

    M. J.B. Mallet me prête une phrase qui ne correspond pas à ce que j’ai dit. Concernant la pétition qui a été proposée la semaine dernière à des personnels et des étudiants, je ne sais pas qui a signé, je n’en connais pas le nombre et cela ne me regarde pas. De culture rurale, je n’ai pas par habitude de commenter les choix de conscience. De plus, il n’y a pas dans cette université de majorité ou de minorité mais des personnels qui ont une mission de service public. Il ne faut pas opposer les uns aux autres : c’est la triste impression que me donne cette phrase. Aujourd’hui, s’il n’est pas trop tard, nous devons , tous ensemble, reconstruire notre université qui doit être prioritairement au service des varoises et des varois. C’est vers cela que nous avons commencé collectivement à nous engager. Et par volonté permanente de transparence, vous trouverez ci-après le texte intégral que j’ai envoyé aux adhérents SNPTES-UNSA Var de l’U. de Toulon et du Var en réponse à la pétition citée par M. J.B. Mallet.

     > Claude Chesnaud

    "Bonjour,

    Une pétition est en cours de diffusion dans notre université. Voici le texte proposé : " Après avoir semé le trouble et la division au sein de l’université du Sud Toulon-Var, Valérie Pécresse ministre de l’Enseignement supérieur, suspend l’équipe présidentielle et signe la disparition de notre université. Nous, personnels et étudiants de l’Université du Sud Toulon-Var, exigeons la réintégration immédiate de notre président Laroussi Oueslati et de nos 2 vice-présidents : Pierre Sanz de Alba et Yves Lucas."

    Je pense que les initiateurs de cette démarche devraient permettre à chaque individu, avant de participer ou non à cette démarche, de réfléchir en ayant la totalité des éléments d’information. En effet, ils devraient diffuser les rapports des 2 inspections générales, rapports dont ils sont propriétaires.

    Après lecture de ces rapports, en toute bonne intelligence, chaque individu ferait un choix.

    Je ne signerai donc aucune pétition dont je ne maîtrise pas le contenu informatif.

     > Claude"

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