En Côte d’Ivoire, l’heure est enfin à l’apaisement et à l’arrêt des hostilités. Le président Gbagbo et le leader des rebelles Guillaume Soro se sont mis d’accord pour essayer d’organiser le retour à une vie normale dans le pays, avec à la clé, un départ de l’armée française. Fraternité Matin, le journal d’Abidjan se réjouit bien évidemment de cette évolution de la situation en souhaitant qu’il ne s’agisse pas d’un nouvel espoir déçu. Le journal rend compte notamment du dernier discours de Charles Blé Goudé, le leader emblématique des « jeunes patriotes », favorables au président Gbagbo. Le journaliste écrit :
« En un mot, un discours qui brise définitivement le mur de méfiance et qui ramène la paix. "Je souhaite que Guillaume Soro parle aux Ivoiriens et non aux colons. Tous les Ivoiriens attendent de lui un pas, un seul pas, le pas qui sauve. Cela lui permettra de se réconcilier avec les Ivoiriens", a indiqué Blé Goudé. Puis, il a demandé avec insistance, à tous les Ivoiriens de donner une chance à l’accord de Ouagadougou. Accord inter-ivoirien signé sans la moindre contrainte. "Je vous invite à sauver la Côte d’Ivoire, en vous appropriant l’accord de Ouagadougou", a conclu le président du COJEP. »
Tout le monde ne peut qu’approuver ces propos du « jeune patriote » qui fut naguère si virulent. La lassitude s’est emparé de tous les partis ivoiriens et il est probable que l’opération Licorne aura beaucoup contribué à amplifier cette lassitude.
Autre lieu où la tension se calme, c’est Abuja. Dans la guerre qui oppose le président nigérian à son vice-président à coups de menaces d’arrestation pour corruption, le vice-président a eu l’intelligence de prendre du champ. Le Daily Trust rapporte en effet que le vice-président s’est tordu le genou. Accident anodin, mais qui a nécessité son transfert à Londres. Une blessure bienvenue pour la politique locale même si cela se termine en blessure d’amour-propre pour la médecine nigériane. Quant aux responsables de la lutte anti-corruption, ils affirment se concentrer désormais sur le cas d’un gouverneur qu’ils ne désignent pas explicitement et qui de toute façon avait déjà été démasqué par ailleurs. Sortie de crise annoncée à la veille des présidentielles.
« Me AbdoulAye Wade, 81 ans, est déclaré vainqueur avec 1.914.403 voix. Soit 55, 90% des suffrages valablement exprimés. Il est élu au premier tour, Président de la République du Sénégal, a indiqué une dépêche de l’Agence de presse sénégalaise (Aps). Le Conseil constitutionnel du Sénégal, présidé par le magistrat, Mme Mireille N’Diaye, a rendu sa décision, hier en fin de matinée, à Dakar, la capitale. Emportant proclamation définitive du scrutin présidentiel du 25 février dernier. Devant 14 autres candidats. Désormais chef de file de l’opposition, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck vient loin derrière son ex-mentor en totalisant 14, 92% des voix. »
Tel est le compte rendu clair et net du résultat des élections au Sénégal fait par Fraternité Matin, le journal ivoirien.
La presse sénégalaise est moins impressionnée. Wal Fadjri, journal de Dakar peu favorable au président sortant et réélu s’inquiète de son attitude envers l’opposition alors que se préparent les élections législatives
Commentant les déclarations brutales du vainqueur, l’éditorialiste du journal écrit :
« L’un des pires ennemis de la démocratie et allié inconditionnel du totalitarisme demeure le mensonge ainsi que les canaux privés et publics utilisés pour le distiller vers des citoyens sans remparts ». Vérité éternelle que Wade le juriste ne peut ignorer et que Wade le démocrate doit garder sans cesse à l’esprit.