« L’homme bondit de son tabouret en bambou. Il fouille la poche de sa gandoura beige, retire une carte et brandit en grondant : “C’est moi le commissaire de police Yankeu !” Son vis à vis, “monsieur le maire” qui le menaçait depuis une quinzaine de minutes reste muet un instant. Une clameur traverse le car. De nombreux passagers applaudissent. Par un sursaut d’orgueil, le “maire” se lève aussi et crie : “Comme tu es commissaire, tu ne t’assoies plus à côté de moi.” Les deux hommes, visiblement séniles, s’échangent d’insultes. Tout y passe : “malheureux”, “cafard”, “voleur”, “bandit”, “ordure”, … Rapidement, les passagers se divisent en deux camps : la majorité contre “monsieur le maire” et une minorité contre le “commissaire”. On frôle une bagarre rangée. Déjà vingt minutes passé au carrefour des deux églises à Douala ! »
C’est le début d’un reportage du Messager, le journal de Douala, sur un voyage Douala-Yaoundé. Anecdote symbolique de la situation des bus sur-chargés qui relient les deux principales villes du Cameroun. Chaque année, les accidents se multiplient, la population est de plus en plus exaspérée et les chauffeurs entassent de plus en plus de gens dans leurs bus malades. Les accidents de parcours font 1000 morts par an mais cela n’émeut guère les conducteurs. En vendant un grand nombre de places non déclarées, ils complètent le salaire de 50 000 francs Cfa (75€) que leur octroie généreusement la compagnie de cars.
Conclusion de l’article : « Le responsable du service provincial des Transports pour le Centre n’a pas souhaité se prononcer. Il a plutôt envoyer le reporter requérir l’avis du ministre. Bien triste que l’administration ferme les yeux sur ce danger du trafic interurbain ». Mais non !! Le ministre s’en occupe…
A Abidjan, on veut y croire : cette fois-ci, l’accord signé à Ouagadougou pourrait signifier la fin de la guerre civile larvée qui ravage le pays. Fraternité Matin rapporte les propos de Guillaume Soro, le leader des forces en rébellion contre le gouvernement de Laurent Gbagbo : « Contrairement à certaines négociations menées à pas de courses, et loin des angoisses et des pressions, le dialogue direct de Ouagadougou s’est donné tout le temps utile à son ambition, à savoir la réconciliation nationale ». Les pressions, c’est qui au jute ? Chirac, Villepin, quelqu’un d’autre ? Comprenne qui voudra et que Licorne regagne ses bases !!
Gbagbo est devenu si expert en processus d’apaisement qu’il s’est mis en tête de résoudre la crise guinéenne. Fraternité Matin rapporte son entrevue avec un des leaders de l’opposition de Conakry. « Reçu en audience, hier, par le Président Laurent Gbagbo, M. Mamadou Ba, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), parti d’opposition, et émissaire du Premier ministre Lansana Kouyaté, a plaidé en faveur d’une démarcation nette entre la politique de celui-ci et celle du Président Conté ». A quand Gbagbo en émissaire des Nations-Unies en émissaire pour la paix ? Seul problème : Villepin guigne le poste et il n’est pas sûr qu’ils puissent s’entendre et collaborer !!
« Depuis que nous avons commencé l’opération, l’insécurité, dans l’Etat de Rivers par exemple, a été maîtrisée ». C’est ce que déclare avec fermeté le major nigérian Musa Sagir au correspondant du Potentiel., le journal congolais. Les autorités d’Abuja le proclament martialement : les désordres dans le delta du Niger vont cesser, la paix civile est pour demain !! A 60$ le baril de pétrole, ce serait bien stupide de ne pas donner aux compagnies pétrolières toutes les assurances sur leur possibilité de travailler en toute sécurité. D’autant qu’en deux ans, la production quotidienne de pétrole du Nigeria a baissé de 30%….