Les débuts d’années sont l’occasion, pour tout un chacun, de prendre des bonnes résolutions. Et la presse africaine n’est pas en reste
2007 commence avec de bonnes résolutions et surtout des attentes de la population africaine répercutées par les éditorialistes. Pour Fraternité Info, le journal de Cotonou, l’éditorial du 4 janvier rappelle qu’à la chute du mur de Berlin, ce que les Africains attendaient de la fin du socialisme bureaucratique, c’étaient la paix et le pain. Or, s’ils ont eu la démocratie à l’occidentale, c’est à dire des élections qui semblent devoir se multiplier sans cesse, « ils attendent toujours la paix et le pain ». Au Bénin, le nouveau président, élu de 2006, doit à sa profession de banquier la réputation d’être un économiste efficace et pragmatique. Il faut que 2007 soit l’occasion de le prouver. Car, sinon, la paix s’effacera dans une quête de plus en plus désespéré du pain, que le discours sur la démocratie n’arrivera pas à contenir.
A Abuja, où 2007 est une année électorale, on doute. Allant jusqu’à citer « French philosopher, Count Montesquieu », l’éditorial du 3 janvier du Daily trust affirme que si la forme du gouvernement au Nigeria est démocratique, la réalité est tout autre car la séparation des pouvoirs chère à Montesquieu n’existe pas : l’exécutif commande aux décisions du législatif et du judiciaire. Il est établi selon l’article qu’à part dans l’Etat d’Anambra, les élections de 2003 ont été faussées par des fraudes diverses. Le signe le plus inquiétant de la dérive de la nature du pouvoir réel nigérian est la corruption de plus en plus répandue des juges. Ceux-ci ne s’en cachent d’ailleurs pas, et le journal s’interrogent : « are judges especially poorly paid ? ». Probablement, en tous cas, ils en sont convaincus au point de considérer normal de se laisser acheter !!
Le messager de Douala revient sur les réactions de ses lecteurs à un bilan peu enthousiaste sur la réalité camerounaise de l’année 2006 qu’il avait fait fin décembre. Le journaliste réclame pour la presse un droit de « scepticisme légitime ». Il écrit « Le journaliste n’a pas vocation à détenir la science infuse. La crédibilité de ses analyses résulte de la véracité des faits qu’il critique, bien qu’il ne puisse détenir la vérité absolue ». En fait, le grand danger de la démocratie africaine est qu’elle ne devienne qu’ « un mode d’octroi du pouvoir comme un autre, le détenteur du pouvoir pouvant, dès qu’il se l’ait octroyé, en faire l’usage qu’il veut ou qui lui convient ».
L’année 2007 sera au Sénégal celle d’une véritable révolution dans la téléphonie. L’agence de régulation des télécommunications et des postes l’a annoncé , selon le Soleil, le journal de Dakar : avant la fin 2007, les numéros compteront 8 chiffres, car la saturation gagne la numérotation actuelle à 7 chiffres. Le journal le souligne : « Au Sénégal, la progression est de 250 000 nouveaux abonnés au téléphone par mois ».
Autre page qui se tourne : Denis Sassou N’Guesso quitte la présidence du Parti Congolais du Travail. A la tête depuis 1979 du parti qui a conduit le Congo vers le socialisme scientifique, Denis Sassou N’Guesso ne peut selon l’article 72 de la Constitution, être à la fois chef de parti et chef de l’Etat. Les dépêches de Brazzaville qui rendent compte de la démission du président du parti le font dans un article aux longues phrases solennelles, comme animées d’un désir ultime et final de se remettre en mémoire les temps anciens, ceux de la coopération privilégiée avec la défunte Urss, ceux de l’avenir radieux et du pouvoir des prolétaires, temps aujourd’hui bien oubliés, sur les bords de la Volga comme sur ceux du Congo…