Où l’on apprend que même une bidasse doit savoir lire, que l’on trouve toujours moins heureux que soi et que les chouchous sont souvent des fayots
Le Daily trust, le journal d’Abuja, publie ce 18 janvier un éditorial alarmiste sur l’évolution de la lecture dans le pays. Après les études, au cours desquelles les étudiants se limitent trop souvent à ne lire que les livres qui leur sont imposés par leurs professeurs, les cadres du pays perdent l’habitude de lire. D’après le journal, c’est surtout frappant pour les officiers. Et il n’est pas rare de rencontrer à des niveaux élevés de l’armée des cadres qui n’ont lu aucun livre ni aucun journal au cours de l’année écoulée. Cette étrange paresse a deux conséquences. D’abord, plutôt que de chercher à apprendre dans les manuels comment fonctionnent les matériels qu’on leur confie, ces officiers ont une fâcheuse tendance à découvrir par des expériences plus ou moins heureuses les capacités des nouvelles armes dont ils disposent. Parfois, ces expériences tournent au drame lorsque les coups partent de façon incontrôlée ou que des explosions intempestives viennent rappeler qu’une arme peut avoir une capacité d’action tous azimuts !! Ensuite, les élites du pays , militaires mais aussi civiles, finissent par ignorer ce qui se passe dans le reste du monde. Si les dirigeants nigérians savent que la Côte d’Ivoire est en crise, il est difficile de trouver dans les couloirs des ministères à Abuja quelqu’un capable de décrire avec une certaine précision ce qui se passe en ce moment à Abidjan. Cette forme d’isolationnisme culturel inquiète le journaliste qui conclut son éditorial en écrivant « Reading about experiences elsewhere will be of great help » Isn’t it !!
Le potentiel, le journal de Kinshasa, consacre un long article à la situation dans le delta du Niger. « C’est devenu un territoire à haut risque pour les étrangers travaillant au sein des entreprises multinationales du secteur pétrolier ». Et le journaliste de détailler la série d’enlèvements de cadres de la compagnie Shell. Le Mouvement d’émancipation du Delta du Niger est la principale force à l’origine de ces enlèvements et l’on serait bien en peine de définir l’objectif politique de ce mouvement. Le journal congolais souligne au passage que l’insécurité n’est pas une exclusivité de la République démocratique du Congo et que le Nigeria subit une sorte de malédiction pétrolière : quand les cours s’effondrent, les finances publiques du pays partent à vau l’eau, quand les cours flambent, les mouvements plus ou moins séditieux désireux de récupérer une partie du magot se multiplient. En Afrique comme ailleurs, être riche finit par être dramatique ….
Le dirigeant africain en difficulté de la semaine est le leader guinéen, Lansana Conté. Très affaibli par un diabète qui a tendance à s’aggraver, il est de plus en plus décrié par ses concitoyens. Fraternité Matin, le journal d’Abidjan, rend compte du mouvement de protestation lancé à Conakry par les syndicats depuis le 10 janvier. Les affrontements entre grévistes manifestants et forces de l’ordre ont pris un tour violent et jeudi 18 janvier, si la police tenait fermement le centre de la ville, dans la banlieue, on continuait à se battre de façon sporadique. Le président ne s’est pas départi de son calme même s’il a jugé ces manifestations déplacées. D’après Fraternité matin, « il aurait passé un savon aux leaders syndicaux, leur réaffirmant qu’il demeure solidement à la barre » Puis, il les a menacés de les faire « chicoter ». Promesse tenue depuis.
Si cette détermination empreinte de paternalisme a ébranlé le front syndical, le journaliste conclut que « la question que tous les observateurs se posent est celle de savoir la stratégie qu’adopteront dans les heures qui viennent les syndicats sous le sceau de l’ouverture aux négociations qu’ils prônent ».
La bonne gouvernance vue par les Occidentaux reste une notion floue. C’est ce que souligne Fraternité info le journal de Cotonou. Deux des dix huit pays bénéficiaires des annulations de dettes annoncées par le G8 ce mois-ci donnent une image bien étrange de cette bonne gouvernance. En effet, le Rwanda et l’Ouganda sont au premier rang de ceux dont l’ardoise est effacée et il n’y a pas de doutes que cela confirme leur statut de chouchou des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Mais qui peut parler sérieusement de bonne gouvernance les concernant quand on sait qu’ils ont envahi l’est du Congo où ils se livrent sans vergogne au pillage et au racket à grande échelle.