Stéphane Richard, conseiller de Bercy bientôt nommé à la tête d’Orange, accordait une interview ce weekend par le Journal du dimanche.
« J’arrive à Orange avec modestie ». Profil bas : le plan com’ de Stéphane Richard est limpide. Alors que la polémique commence à enfler sur son arrivée à la tête de France Télécom – l’ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde essaie de nous prendre par les sentiments dans une longue interview accordée ce weekend au Journal du dimanche.
Nouvelle affaire Pérol, du nom de l’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée bombardé aux Caisses d’Épargne-Banque populaire après avoir activement œuvré à fusion ? Vous n’y songez pas ! Sa nomination est « l’aboutissement d’un projet dont [il] rêve depuis longtemps. Pour des raisons personnelles et familiales ». Sortez-les mouchoirs. Bien mesquin qui pourrait soupçonner un nouveau mélange des genres puisque tout cela n’est qu’un « rêve », enfin exaucé, de petit garçon. Et puis qu’importe, après tout, s’il est de notoriété publique que ce grand rêveur lorgnait, en réalité, un fauteuil à EDF.
Mis à part ces arguments de poids pour expliquer le contexte de sa nomination, Stéphane Richard, s’emploie laborieusement à déminer le terrain du conflit d’intérêt. Déjà administrateur de France Télécom avant de prendre ses fonctions à Bercy, il assure avec un certain aplomb avoir « mis en place une organisation au sein du cabinet, pour que [il] ne puisse en aucun cas être soupçonné de conflit d’intérêts ». Quelle organisation ? Mystère.
Les interventions du ministère en faveur de France Télécom sur l’iPhone ou sur la question des diffusions sport lui sont, on en est certains, totalement étrangères grâce à sa savante « organisation ».
Enfin, qu’on se rassure, la commission de déontologie qui l’a autorisé mercredi à aller pantoufler tranquille chez Orange a mis en place de solides garde-fous puisqu’elle lui « interdit d’entrer en contact avec les anciens membres de son cabinet ». On ne doute pas que le futur numéro 2 de l’opérateur téléphonique historique sera placé sur écoute pour vérifier qu’il a bien fait le ménage dans son carnet d’adresse. Et puis de toutes façons, croit-il opportun de préciser au risque de faire sombrer son plan com’ dans le ridicule : « La commission de déontologie m’a uniquement interdit d’être en contact professionnel avec mes anciens collaborateurs au cabinet. Je pourrai donc parler à Christine Lagarde et à Luc Chatel. » Ouf.
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