Alors que BNP Paribas plastronne malgré la crise bancaire, la caisse d’Epargne paye sa folie des grandeurs. Et le petit rongeur doit à présent se limer les dents…
Les Caisses d’Epargne vont supprimer 4.500 postes sur 52.000 d’ici 2012. Savez-vous pourquoi ? A cause de la banalisation du Livret A, c’est-à-dire la distribution par toutes les banques de ce fameux livret présent dans quasiment tous les foyers français. C’est une porte-parole de l’établissement mutualiste qui le dit depuis ce week-end. En fait, faisant preuve de subtilité, elle a indiqué que la banalisation accélérait la mise en oeuvre d’un plan d’économies. L’essentiel est que le grand public et les salariés comprennent que la fin du monopole du Livret A est vraiment un mauvais coup. Mais le patron de l’Ecureuil, Charles Milhaud, ne peut pas aller trop loin dans cette voie car cela risquerait de nuire à ses bonnes relations avec Super Sarko (dont il fut l’un des invités à la soirée du Fouquet’s du 6 mai 2007) et avec l’UMP (il vient d’être élu conseiller de Marseille sur la liste de Jean-Claude Gaudin). Le cher Charles, qui aime bien jouer le rôle du petit provincial face aux affreux inspecteurs des finances qui dirigent les autres grandes banques, ne peut pas compter sur sa faconde pour échapper à ses responsabilités. Car si les Caisses d’Epargne sont mal en point, c’est surtout à cause de lui.
En 2007 : le Groupe Caisse d’Epargne, comme on l’appelle, a subi une baisse de 4,6% de son bénéfice net à 1,37 milliard d’euros. Pas de quoi fouetter un Ecureuil ? En fait, cette baisse modeste s’explique avant tout par une réduction de l’impôt sur les sociétés (290 millions contre 1,095 milliard). Le bénéfice avant impôt est en chute de 32% à 1,75 milliard. Pis, le chiffre d’affaires est également en recul (-3%).
Il faut dire qu’au lieu de gérer tranquillement une banque pépère, Charles Milhaud a voulu devenir un grand banquier. Après avoir viré la Caisse des dépôts de la Caisse nationale des Caisses d’Epargne (CNCE), il a marié sa banque d’investissement Ixis, dévéloppée par la CDC justement, à Natexis, contrôlé par les Banques populaires, pour former Natixis. Avec les résultats que l’on sait. Les comptes de Natixis ont viré au rouge et le cours de bourse est en chute. Cette banque qui devait jouer dans la cour des grands en Europe a perdu la moitié de sa valeur depuis un an.
Pis, la Caisse d’Epargne et les Banques populaires ont dû reprendre une filiale de Natixis (CIFG), qui avait spéculé sur le marché américain du crédit. Une facture de 1,5 milliard d’euros ! La réussite de Charles Milhaud est totale quand on sait que les troupes des Caisses d’Epargne se plaignent que le pouvoir chez Natixis soit uniquement entre les mains des dirigeants des Banques populaires.
Comme il n’est pas question pour Charles Milhaud de reconnaître ses erreurs, il s’est lancé dans une fuite en avant en développant son groupe dans l’immobilier. La CNCE a ainsi pris le contrôle du promoteur immobilier Nexity, dont elle détient près de 40% du capital. Là encore, une grande réussite : le cours de bourse de Nexity est en baisse de 30% sur les six derniers mois. Mais peut-être que les performances financières ne comptent pas. Car Nexity a pour particularité d’avoir été constitué par Alain Dinin, actuel P-DG, et Stéphane Richard, un intime de Super Sarko devenu directeur de cabinet de la ministre de l’Economie et des Finances. Se rendre indispensable à ceux qui ont le pouvoir, Charles Milhaud a toujours su faire. Et tant pis si ce sont les salariés de l’Ecureuil qui en fon les frais.
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Bah, c’est devenu tellement courant dans la finance de s’amuser avec un jouet qui ne vous appartient pas, d’en tirer du plaisir et des revenus colossaux et de n’assumer aucune responsabilité in fine.
Le pire étant que ces gens là, j’en suis persuadé, n’ont même pas conscience des dégats qu’ils provoquent.
Adieu monde égoiste