La plus grosse affaire de faux monnayage jamais jugée en France - 350 millions de dollars - n’a en rien été clarifiée après deux semaines d’audience. Et le président tchadien Idriss Déby peut dormir tranquille.
La plus grosse affaire de faux monnayage jamais jugée en France - 350 millions de dollars en coupures de 20 dinars de Bahrein imprimés en Argentine, livrés au Tchad et au Niger, dont une petite quantité fut changée à Paris en mai 1998- n’a en rien été clarifiée après deux semaines d’audience. Aucune implication du président tchadien Idriss Déby n’a été évoquée, alors que 5 ans de prison ferme ont été requis contre son ex-conseiller spécial Hassan Fadoul.
La 11 ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, dans sa volonté affichée de restreindre le périmètre de l’affaire aux seuls prévenus et aux infractions commises en France, s’est délibérément privée de toute possibilité de comprendre cette affaire aux ramifications internationales - au Tchad, en Arabie Saoudite, au Maroc, en Argentine- pourtant flagrantes.
Cela n’a toutefois pas empêché les deux procureures de requérir de lourdes peines de prison ferme, 7 et 5 ans contre des lampistes. Rien n’a été tenté, avec l’accord manifeste de la partie civile -l’état du Bahrein et son autorité monétaire- pour identifier les véritables instigateurs de cette vaste embrouille. Alors que le tribunal et la partie civile s’accordent à reconnaitre que les prévenus n’avaient à l’évidence ni les moyens ni l’envergure pour se lancer dans une telle opération.
La manière dont Mme Quantin, la présidente de la 11 ème chambre a conduit les débats, laisse peu de place à la compréhension de l’enchainement des faits et donc à la manifestation de la vérité.
Une pièce importante, versée au dossier par Hassan Fadoul, l’ex-conseiller spécial du président tchadien Idriss Déby, lors de sa mise en examen en 2000, a été purement et simplement éliminée. Il s’agit de la photocopie d’un chèque à l’ordre d’Idriss Déby tiré sur une agence de la Barclays bank en Angleterre. (voir ci-dessous) Pour l’écarter Mme Quantin a supposé -à tort- qu’il devait exister en Afrique beaucoup de personnes s’appelant Idriss Deby …
Pourtant ce chèque, comme le précise (voir interview plus bas) Hassan Fadoul, a quasiment provoqué la banqueroute de la Banque de Développement du Tchad (BDT) lorsque le président Déby s’est fait remettre en liquide 1 milliard de Francs CFA en l’endossant . Dés le prélèvement effectué par le président Deby, M. Idriss Othman, le directeur de la BDT, s’est immédiatement envolé pour Londres afin d’encaisser ce chèque, qui s’est avéré sans provision… Ce chèque avait été remis le 22 juin 1998 à Hassan Fadoul par un changeur de Kano (Nigeria), où il s’était rendu sur ordre de son président, à bord de l’avion présidentiel, pour y changer un lot de billets de 20 dinars de Bahrein. (cet épisode figure déjà sur bakchich.info, dans la saga des vrais-faux dinars de Bahrein).
L’absence de curiosité du tribunal a aussi évité d’entendre ce que M. Idriss Othman pourrait dire pour expliquer sa présence à Paris aux côtés de Hassan Fadoul, dans la visite à la fausse banque de France, sise place du palais Bourbon. C’est à la sortie de cet immeuble que 5 des 8 prévenus ont été arrêtés, en train de charger des sacs de dinars dans le coffre de voitures. Les deux tchadiens étaient venus le 13 juin 1998 vérifier que, comme il le leur avait été annoncé à N’Djamena, un service spécialisé de la Banque de France allait se charger de changer les Dinars de Bahrein. Cette fable n’a quand même pas résisté à leur visite sur les lieux.
Du fait qu’une commission rogatoire envoyée en Arabie Saoudite n’est jamais revenue, le tribunal ne s’est pas non plus intéressé au prince Fayçal, présenté par deux prévenus , MM Kimbangala et Chariou comme le propriétaire du stock de Dinars Bahreinis. M. Kimbangala a même affirmé qu’il avait bien visité l’imprimerie Ciccone en Argentine, et qu’il considérait qu’elle servait d’entrepôt pour les dinars de son employeur. Il n’avait jamais imaginé qu’ils aient pu y être imprimés, ce qui est pourtant l’un des rares faits avérés de cette affaire.
Autre bizarrerie sur laquelle le tribunal ne s’est pas attardé, le marocain Hicham Mandari (mandaté par qui ?) a changé en mai 1998 sans encombre 10 millions de dollars de ces mêmes dinars dans un bureau de change parisien, qui avait pris soin de faire expertiser ces billets pendant une semaine par le Crédit Suisse à Zurich. Les experts suisses maintiennent que les billets étaient vrais au moment de l’examen. Hicham Mandari a été assassiné sur la Costa del Sol en aout 2004, sans que la justice espagnole déploie de grands efforts pour élucider ce meurtre.
Quant à la partie civile, après avoir détaillé l’immense préjudice subi par l’économie et l’image de Bahrein, qui dût en catastrophe démonétiser ses coupures de 20 dinars, vit la valeur de sa monnaie dévisser de 50%, sachant qu’elle n’a aucune chance d’être indemnisée par les prévenus, qui sont au bord de l’indigence, elle ne souhaite pas non plus connaitre les tenants et aboutissants de cette grave atteinte à sa souveraineté. Elle en en vient à supposer que le prince Fayçal aurait été inventé par les accusés.
Qui a donc financé l’achat du papier filigrané, les frais d’impression des billets, leur transport de Buenos Aires à Nyamey et N’djamena, puis leur acheminement partiel vers l’Europe et le moyen Orient ? La question n’intéressait pas la 11 ème chambre. Le délibéré sera rendu le 17 février 2010
La saga des vrais-faux dinars de Bahreïn
Progressivement, on évolue vers l’épilogue de l’affaire des vrais-faux dinars de Bahreïn avec les réquisitions déclamées à la va vite le 24 novembre dernier, devant le tribunal correctionnel de Paris par le Ministère Public Français qui a mollement demandé quelques peines de prison contre des acteurs périphériques de cette scabreuse affaire.
Mais en attendant que le juge vide le délibéré après les plaidoiries de la défense qui auront lieu ce mercredi 02 décembre, on a compris depuis longtemps que la justice française aura tout fait pour que la vérité n’éclate pas au grand jour, se contentant, au nom du "diplomatiquement correct", à flageller de minables lampistes de l’affaire tandis que les vrais coupables sont ignorés, à la limite protégés. Avec au premier banc Idriss Deby Itno, pourtant l’un des « chefs bandits » de ce mauvais film qui a été tourné entre le Tchad, le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Argentine, la France.-
@ PENELOPE
Bien sûr, le Crédit Suisse de Zürich a expertisé les dinars de Bahrein, qui lui ont été transmis par son correspondant (une filiale ?) le CPR, Comptoir Parisien De Réescompte, chez qui Hicham Mandari avait ses habitudes. Il est évident que cet établissement ne se serait jamais aventuré à procéder au change des Dinars sans une garantie explicite des experts helvètes… D’où l’étonnante contradiction entre les experts suisses qui déclarent les Dinars vrais et les français et britanniques qui les voient faux, mais après qu’une plainte ait été déposée par l’autorité monétaire du Bahrein.
Et si, au sommet de l’état de Bahrein, le fin mot de l’impression des Dinars en Argentine était connu depuis l’été 1998 ?
Supposons qu’une petite bande de copains, membres des familles régnantes à Bahrein, en Arabie saoudite et au Maroc avait décidé d’arrondir ses fins de mois en faisant fabriquer la devise la mieux valorisée du Golfe.
Pour des raisons logistiques, l’implication d’un chef d’état à la fois peu regardant sur la légalité des affaires auquel il participe, et peu compétent en matière juridique et financière s’avère indispensable.
Voilà qui expliquerait le choix du pigeon Idriss Deby (il n’y a pas gagné un centime). Et qui donnerait tout son sens à la scène burlesque dont le héros involontaire fut l’ambassadeur d’Arabie Saoudite en Argentine. Cette excellence, qui représentait aussi le Bahrein, fut sommé, par téléphone, de valider de son sceau la passation de commande à l’imprimeur Ciccone censée émaner de l’autorité monétaire du Bahrein.
Les apprentis sorciers ayant un peu forcé sur la quantité de dinars mis sur le marché (supérieure à la masse monétaire en circulation) il fallut tout arrêter en catastrophe, démonétiser la coupure de 20 dinars, etc.
Dans ce contexte la justice française n’est là que pour sauver l’honneur de la famille régnante au Bahrein, en condamnant quelques comparses et en ne cherchant surtout pas les instigateurs de cette affaire de famille.
Mission accomplie
Qui du Crédit Suisse a certifié la validité des billets et quels billets (Dinars ou US$) ?
le nom du tyran de N’Djamena sur le chèque est mal orthographié !!! ( Idris / Idriss)
Kano est la centrale du Nigéria d’émissions de faux chèques spécialement pour la Barclays.