Le tribunal correctionnel de Paris a suivi les réquisitions du parquet, condamnant de 7 à 3 ans de prison ferme les prévenus de l’affaire des Vrais-Faux Dinars de Bahrein, la plus grosse affaire de faux monnayage jamais jugée en France.
L’audience, qui s’était tenue du 16 au 25 novembre, avait été marquée par l’absence de deux des principaux prévenus, Hassan Fadoul Kitir, ancien conseiller spécial du président tchadien Idriss Déby, réfugié politique au Togo, qui n’avait pas obtenu de visa français pour comparaître. Et Pedro Lazare, dont le cas a été disjoint par le tribunal.
La présidente de la 11 ème chambre, Mme Quantin, avait soigneusement évité la mise en cause de tous ceux qui, dont le Président tchadien, avaient joué un rôle dans la conception et la mise en oeuvre de cette vaste arnaque ayant consisté à faire imprimer dans une imprimerie de sécurité argentine, sur papier filigrané authentique l’équivalent de 350 millions de dollars en coupures de 20 dinars de Bahrein.
L’ancien conseiller présidentiel a pris in absentia 5 ans de prison ferme, qui n’avait pourtant cessé d’adresser au tribunal fax et lettres recommandées pour manifester sa volonté de comparaitre devant ses juges.
Tous les condamnés présents ce mercredi à la 11 ème chambre du tribunal correctionnel de Paris ont fait savoir leur intention d’interjeter appel. Par téléphone, Hassan Fadoul a fait de même. Reste à savoir, alors qu’il est toujours détenu dans le nord du Togo, comment il pourra matérialiser sa volonté.
Le 29 décembre 2009, Hassan Fadoul est arrêté par la gendarmerie togolaise à son domicile de Lomé et mis au secret dans la ville de Kara (nord du Togo, fief du président Faure Gnassingbé). Arrestation qui avait fait l’objet d’une dépêche AFP, d’un article de Radio-France internationale et de démarches du HCR (Haut commissariat pour les Réfugiés) ainsi que de multiples interrogations sur les sites de l’opposition tchadienne. Le 15 février, Hassan Fadoul est parvenu, 6 semaines après sa disparition, à téléphoner à Bakchich. Selon ses dires, il a été maintenu au secret sans qu’aucun chef d’inculpation ne lui ait été signifié.
L’imminence de la décision de la 11ème chambre signifie-t-elle que sa détention arbitraire pourrait se muer, en cas de condamnation, en une extradition vers la France ? Cela donnerait alors à Hassan Fadoul l’occasion d’interjeter appel, une intention qu’il avait manifestée en apprenant la peine requise contre lui par le tribunal parisien.
Restera aussi de cet épisode judiciaire la volonté à géométrie variable du parquet de connaître la vérité. En effet, C’est aussi à la 11 éme chambre qu’a été jugée l’affaire Clearstream. Dans cette autre configuration, le parquet, représenté par le procureur Marin, avait fait appel, afin que toute la vérité soit connue. Dans le cas des Vrais-faux Dinars de Bahrein, pourtant d’une toute autre ampleur, le parquet se satisfait de la petite pointe émergée de l’iceberg , et de la condamnation des lampistes.
Bakchich, sans savoir qu’elle serait jugée en novembre, avait consacré à cette affaire sa saga de l’été 2009, en s’appuyant notamment sur le témoignage video de Hassan Fadoul, recueilli en 2001, à la suite de sa mise en examen.
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