Barack Obama a nommé Susan Rice ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies. Pas très réjouissant, en 2007, elle avait appelé les Etats-Unis à bombarder le Soudan.
A Khartoum, on fait grise mine. Et pour cause. Susan Rice, sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines durant le second mandat de Bill Clinton (1997-2001) et noire américaine, vient d’être nommée par Barack Obama, ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies. Avec rang de ministre. Alors que Omar Hassan Ahmed Al Bachir, président du Soudan, est menacé par une procédure lancé contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité » au Darfour, cette nomination ne pouvait que très mal tomber.
Car sur les rives des deux Nil, on n’a pas oublié que Susan Rice fait partie de ceux qui, en août 1998, ont poussé Bill Clinton à pulvériser de trois missiles Tomahawk, l’usine pharmaceutique Al Shifa située dans la banlieue de Khartoum, soupçonnée par ses attaquants d’être une fabrique d’armes chimiques de destruction massive. Des bombardements basés sur de fausses informations. Et précurseurs de l’aventure irakienne. Douloureux souvenirs. Mais c’était juste après les attentats de Nairobi et Dar Es Salam, et l’oncle Sam se devait – évidemment ( !) – de cogner.
Khartoum n’a pas oublié non plus la déclaration de guerre de Susan Rice, en 1997 : « le Soudan est le seul Etat d’Afrique subsaharienne qui soit une menace directe pour les Etats-Unis ». Sans compter que la dame est la fille d’un ancien patron de la Reserve Federal Bank (FED) des Etats-Unis, qui fut ensuite conseiller de la Banque centrale du Nigeria.
Jugée « superficielle » par ses anciens collaborateurs de la section des Affaires africaines du Département d’Etat, qui se désolaient qu’elle ne sache « strictement rien du Soudan » et qu’elle n’ait « aucune expérience de terrain » en Afrique, Susan Rice est également connue pour son autoritarisme et son entêtement.
Si d’aucuns affirment que lorsqu’elle travaillait au Conseil national de sécurité (CNS), elle était la protégée de Samuel R. Berger et de Richard Clarke [1], un de ses maîtres à penser était Roger Winter. Homme de l’ombre, Winter est aujourd’hui à la tête du US Committee of Refugees au Sud Soudan. On le sait très proche du président du Rwanda Paul Kagamé, de Yoweri Museveni président de l’Ouganda depuis 1986, et du défunt John Garang, leader historique du Sud Soudan. Winter, dont le rôle dans la chute de Mobutu, ex président du Zaïre (République Démocratique du Congo), ne fait aujourd’hui aucun doute. Et quand Susan Rice se fait l’avocate, en 1997, d’un « new breed » de leaders africains, sorte de promotion d’une nouvelle génération de dirigeants africains, Roger Winter n’est sûrement pas loin. Une « nouvelle race » de dirigeants africains, avec Meles Zenawi, Issayas Afewerki et Museveni, dont le palmarès en matière des droits de l’Homme est aujourd’hui très loin d’être élogieux !
A Khartoum, on se fait donc peu d’illusions. Convaincus que celle qui, le 11 juin 2007, préconisait au Sénat américain « une campagne de bombardements ou un blocus naval » du Soudan, n’a pas changé de politique.
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[1] Respectivement successeur d’Antony Lake comme conseiller national pour la sécurité et coordinateur de l’antiterrorisme